Ma responsabilité [Pv Octavia B. Cadogan]

Je suis arrivé le : 17/12/2022

Ma responsabilité

Screaming minds all around us
Safe and sound like the rhythm of snow
All young dreams, where have you gone now?
These roads were paved with the golden song
We are coming home, we are coming home

J’avais envie que mon plan fonctionne mais la dernière fois que j’ai monté un plan qui m’incluait avec ma sœur, celui-ci n’a été qu’à moitié concluent et je ne me le suis toujours pas pardonné. Ça fait plus de dix ans que nous avons été séparés, plus de dix ans et il n’y a pas un jour où je ne pense pas à elle. Je n’aurais jamais pu la retrouver, je n’avais aucune idée d’où se trouvait la secte sinon, je serais revenu la chercher beaucoup plus tôt. J’ai conscience que son arrivée à Storybrooke est un hasard étrange. De toutes les villes d’Amérique, notre père a comme de part hasard choisi celle où j’habite. Je devrais me méfier mais tout ce qui m’importe, c’est de parler à ma sœur. Vêtu d’une tenue similaire à celles des gardes qui suivent Octavia partout, j’attends près de la demeure de Bill. Je ne sais pas combien de temps je devrais attendre mais je suis patient.

Les grilles de la demeure finissent par s’ouvrir et je ne peux m’empêcher de sourire discrètement depuis ma cachette en voyant Octavia. Elle n’est suivie que d’un garde, ce qui m’arrange. Je ne suis pas sûr qu’elle soit ravie de me parler, ce n’est pas la première fois que j’essaye en vain. Aujourd’hui, ça doit fonctionner. Je suis ma petite sœur et son garde dans les rues de la ville. Elle a tellement changé que je pourrais presque ne plus la reconnaître. Presque. Elle reste ma sœur et qu’elle le veuille ou non, nous sommes liés par le sang. Elle est ce que j’ai de plus précieux. Les suivant de loin, j’attends le moment opportun. Je profite qu’Octavia soit occupée à observer une vitrine pour attraper son garde dans une ruelle adjacente et l’assommer. Lui retirant sa casquette, je l’enfonce sur mes cheveux bouclés un peu trop typique puis remplace le garde. Je ne pense pas qu’elle fera très attention à moi, elle ne doit pas aimer qu’un garde la suive constamment. Je marche à une distance respectable, gardant la tête baissée. J’attends à nouveau le bon moment et ce n’est que quand elle passe par une rue déserte que je décide de la rattraper en quelques enjambées. Ma main attrape alors la sienne d’un geste vif et mon regard croise brièvement le sien d’en dessous ma casquette.

-Suis-moi.

Je souffle mais ne lui laisse pas vraiment le choix. Qu’elle le veuille ou non, je veux pouvoir lui parler. Je veux pouvoir m’excuser de ne pas avoir pu être là ces 14 dernières années. Tirant sur sa main pour la forcer à marcher derrière moi, je suis déterminé à ne pas la lâcher, je ne ferais pas la même erreur deux fois. C’était ma petite sœur, ma responsabilité et j’ai échoué à la protéger. Je suis plus décidé que jamais à l’arracher des griffes de notre père. J’entre un peu précipitamment chez moi et referme la porte derrière nous. Je préfère être prudent, j’aurais pu lui parler dans la ruelle mais qui sait qui pourrait nous voir. Je ne pense pouvoir faire confiance à personne. Je retire alors ma casquette et ancre mon regard dans celui de ma sœur. J’ai envie de la prendre dans mes bras. 14 ans. Ça m’a semblé être une éternité. Je me retrouve face à elle et tout à coup, je ne sais pas quoi lui dire.

-O’… Je suis désolé d’avoir mis autant de temps à te retrouver.

by delirium

Je suis arrivé le : 31/01/2023

Ma responsabilité
ft. Bellamy Cadogan

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

Vivre en ville. Quelle étrange sensation. Toute son enfance, toute sa vie, Octavia avait grandi derrière les murs de la cité factice au coeur de laquelle son père s'était érigé comme seul et ultime maître. Depuis toujours petit pion au sein d'une entreprise qui la dépassait, la brunette s'était laissée portée par ce monde mauvais. Après tout que valait la vie ? Cette vie qui lui avait tout pris : sa liberté avant même qu'elle n'existe, une mère dès le jour de sa naissance, un frère dans l'enfance, son innocence et sa pureté à l'adolescence... Vide, creuse, voilà comment elle se sentait désormais. Derrière ces beaux vêtements et ses bijoux en or, Octavia Cadogan n'était qu'une personne rongée par les abus et les abandons. Au fond d'elle brûlait un désir de vengeance, une lumière d'espoir d'un monde meilleur. Mais cette flamme vivotait au fond de son coeur, entourée par de grands murs semblant infranchissables. Comment s'en sortir ? Et à quoi bon, elle qui ne connaissait que cela depuis toujours... Ne trouverait-elle pas de meilleure solution à rester ? A prendre la tête avec son père de toute cette folie ? Elle le sentait bien, ce n'était pas ce qu'elle souhaitait réellement. Mais avait-elle un jour eu ce qu'elle souhaitait ? Non. La vie ce n'était pas faire ce que l'on voulait. La vie c'était jour après jour obéir à des lois bien indiquées. La jeune femme ne se leurrait pas. En dehors de la secte de son père les règles sociétales étaient probablement tout aussi strictes, voire plus difficile à subir car on les voyait moins, on les anticipait moins... Mais de loin, comparé à ce qu'elle connaissait déjà, elles lui paraissaient toutes dérisoires.

Alors lorsqu'on lui avait dit, tu peux sortir mais uniquement avec un garde du corps. Cela n'avait pas paru comme une entrave à sa liberté aux yeux d'Octavia. Au contraire, elle avait le droit de sortir. Bill lui faisait suffisamment confiance, croyait qu'elle était suffisamment dévouée à sa cause, pour la laisser sortir en sachant qu'elle rentrerait le soir. Et si c'était pour le moment vrai, elle n'avait pas prévu de rester là éternellement. La demoiselle était tiraillée en son for intérieur. D'un côté son cœur lui hurlait de s'enfuir, de tout quitter, de partir vivre une vie nouvelle, libre et sans contrainte, comme l'avait fait son frère en l'abandonnant des années auparavant. Ce désir, ce besoin sourd grondait en elle. Et en même temps, le revers de cette liberté si délicieuse à son esprit : abandonner derrière elle toutes les jeunes filles qu'elle avait pris sous son aile. Comment pouvait-elle faire subir à ces filles, presque des enfants encore, ce qu'elle n'avait jamais réussi à digérer, et qu'elle ne pardonnerait probablement jamais, cette douleur si vive dans tout son être : l'abandon par la seule personne qu'elle aimait. Elle s'y refusait toujours. Et c'était car elle n'avait pas encore trouvé le moyen de les sauver toutes, qu'elle retournait le soir auprès du Berger, tel un mouton rentre au bercail après avoir goûté les verts pâturages.

Ce jour-là elle sortit donc seule (enfin seule, façon de parler puisqu'elle était constamment flanquée d'une garde du corps). Habillée assez légèrement, elle était parée de nombreux bijoux qu'elle affectionnait particulièrement. Octavia ne comprenait pas trop si on lui avait foutu ce garde du corps pour sa propre sécurité ou pour éviter qu'elle s'enfuie, mais elle se fichait pas mal de sa présence. Il marchait souvent suffisamment derrière elle pour qu'elle ne fasse pas attention à lui. Et d'ailleurs lorsqu'il s'approchait trop, elle le lui faisait comprendre d'un regard incendiaire ou d'une parole sèche. La jeune femme errait dans Storybrooke, les yeux grands ouverts sur le monde, s'émerveillant de chaque petit détail de la vie quotidienne des autres. Voir les enfants courir dans la rue, les gens faire la queue pour acheter un smoothie, d'autres discuter sur un banc avec un livre en main. Tout ceci la fascinait, car ce n'était que des choses interdites : pas de consommation inutile, pas d'enfants sans surveillance constante, pas de livres sauf ceux autorisés par le Berger. Elle était tellement absorbée par une devanture de librairie, qu'elle ne vit pas ce qui se passait non loin d'elle. Sachant qu'elle ne pouvait pas entrer dans le magasin, en tous cas pas pour l'instant (car elle connaissait ce garde et celui-ci n'était pas particulièrement enclin à la laisser se soustraire à quelques règles comme d'autres avaient appris à la laisser faire) elle continua son chemin sans plus de cérémonie.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle sentit que quelqu'un l'attrapait vivement par la main. Octavia tressaillit. Elle détestait qu'on la touche. Et pour cause, tous les abus qu'elle avait vécus enfant avaient terminé de la rendre tout sauf tactile. Voulant se dégager violement, elle croisa un regard connu sous la casquette de son "garde du corps". Cela ne dura qu'un instant, mais Octavia fut sous le choc. Elle reconnaissait ce regard, qui n'était pas celui de son garde. Ce dernier n'était plus là, et elle du cligner pour être sure d'elle même. C'était bien son frère, qui avait remplacé l'autre homme. Comment ? Telle n'était pas la question. Pourquoi Bellamy était-il ici à vouloir l'embarquer elle ne savait trop où ? Vivement tirée par son grand-frère entre deux ruelles, il la poussa finalement à l'intérieur d'un bâtiment. Manifestement, il avait tout prévu. Lorsque la porte fut close, il retira la casquette qui dévoila le visage d'un homme qu'elle avait tant aimé, le retour qu'elle avait tant espéré. Oui mais voilà, il était trop tard. Il parla. Trop tard. Il était là. 14 ans trop tard. Reculant pour mettre une distance suffisante entre elle et lui, peu à l'aise avec la situation, elle regardait cet homme qui avait tant grandi, et qui n'était pour elle plus qu'un inconnu. Et pourtant, dans ces yeux qu'elle connaissait si bien, toujours ce même regard, celui d'un frère qui voulait tout faire pour elle. « Laisse-moi tranquille. » Furent les seuls mots qui dépassèrent ses lèvres. Ah il avait mis du temps à la retrouver ? Il ne se souvenait pas d'où il s'était enfui ? Il n'aurait pas pu faire le chemin inverse ? Trop facile de se cacher derrière cela. Il l'avait abandonnée, il avait refait sa vie, et c'était tout. La douleur déchirait encore chaque jour le cœur d'Octavia, mais elle avait appris à vivre avec. Elle n'avait plus de frère, et c'était tout. Alors cela ne servait à rien de vouloir l'apitoyer, elle ne voulait rien avoir à faire avec Bellamy. Et puis... Ce qu'il ne savait pas, c'était que Bill Cadogan avait choisi de venir ici pour récupérer Bellamy. Il en avait parlé à sa fille, lui avait dit quel grand désir il maintenait de récupérer son fils et qu'ils soient tous les trois à la tête de cette "communauté". Le voir ici le mettait tout autant en danger qu'elle. Si le garde les retrouvait, il récupèrerait les deux enfants Cadogan, et Bellamy serait de nouveau prisonnier. Et même si elle entretenait une rancœur amère envers son frère, la jeune femme ne lui souhaitait pour rien au monde de revenir, et elle savait que sa liberté valait mieux que son retour. Il était bien plus important pour elle que son frère vive heureux et libre loin d'elle, plutôt qu'il ne la retrouve et se mette en danger. Et puis, elle se ferait sûrement battre pour avoir semé son garde. Il fallait qu'elle rentre : maintenant. « Je ne peux pas rester ici. Laisse-moi partir. » Ses yeux se promenant partout dans la pièce, elle ne cherchait même pas à comprendre où elle était. Octavia avait la voix sèche, froide, distante. Elle ne voulait pas repeindre de sentiments ce mur qu'elle avait construit autour de son cœur meurtri par l'abandon et la solitude. Et une teinte de peur l'habitait. Elle ne pouvait pas rester, elle devait repartir. Bellamy avait été égoïste. Il avait voulu la voir pour lui-même, mais il ne se rendait pas compte de tout ce qui planait sur la tête de sa petite sœur pour avoir disparu ainsi. Elle ne pourrait probablement plus sortir pendant des semaines. Tout ça à cause de lui. Serrant les dents tout autant que les poings, elle chercha la porte de sortie pour s'en aller.

©️crack in time

Je suis arrivé le : 17/12/2022

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@Octavia B. Cadogan

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All young dreams, where have you gone now?
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We are coming home, we are coming home

Pendant 14 ans, j’ai porté le poids d’une culpabilité constante. Ma sœur est la seule famille que j’ai jamais eue, j’aurais dû prendre soin d’elle, rester à ses côtés et la voir grandir. Il y a 14 ans, j’ai foiré et il n’y a pas un jour où je ne le regrette pas. Elle aurait dû avoir la vie que je voulais lui offrir en m’échappant avec elle. Je n’avais que 18 ans, je pensais prendre les bonnes décisions pour la protéger mais je ne me suis jamais autant trompé. Je ne sais pas si je pourrais me rattraper, je ne sais même pas si elle éprouve encore le moindre amour pour moi. Peut-être pense-t-elle que je l’ai abandonnée, que je n’ai jamais cherché à la retrouver en vain. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle a vécu mais je peux me douter de l’enfer que ça a été de faire semblant depuis tout ce temps. Au diable le ressentiment qu’elle peut me porter, je vais tout faire pour la libérer maintenant que je sais où elle est. C’est ce que je veux lui dire alors que je l’emmène chez moi et nous enferme pour être à l’abri des regards indiscrets. L’envie de la prendre dans mes bras ne manque pas mais quand elle recule, quand elle s’éloigne de moi, je devine que ce sera loin d’être aussi simple. Mon cœur se serre, je suis blessé par cette réaction mais je ne peux que comprendre. Je redécouvre le visage de ma sœur de sept ans ma cadette. Elle n’est plus une enfant, elle a 25 ans et elle n’a sûrement plus besoin de moi. Ses mots sont glaciaux et son regard n’est pas du tout avenant. Elle n’est pas un temps soit peu heureuse de me revoir. Je ne comprends pas son comportement. Même si elle me détestait, pourquoi ne semble-t-elle pas vouloir profiter d’un peu de liberté. Ma mâchoire se serre et je me plante devant la porte d’entrée que, de toute évidence, elle semblait chercher. Je remonte la manche de la tenue de garde que je me suis procuré juste pour la revoir et jette un coup d’œil à l’heure.

-J’ai observé tes sorties, tu as droit à quelques heures plusieurs fois par semaine. Ils ne s’inquièteront pas de ton absence avant le coucher du soleil, ça nous laisse du temps.

Je la regarde avec une pointe de désespoir dans les yeux. Je ne veux pas qu’elle me fuie, pas tout de suite.

-S’il-te-plaît, tu me détestes peut-être mais je ne t’abandonnerais pas deux fois. Je veux t’aider à sortir définitivement de son emprise et si c’est ce que tu veux, tu n’entendras plus parler de moi une fois que tu seras libre.

Je cherche son regard mais mon attention tombe plutôt sur ses poings serrés et je passe une main dans mes cheveux bouclés dans une grimace transmettant la douleur de ne pas pouvoir me faire pardonner. Elle n’a pas idée de ce que je serais prêt à faire pour elle.

-J’ai essayé de te retrouver mais quand je suis revenu après un an dans l’armée, tu n’étais plus là et… ça faisait un an, Octavia, je n’avais aucune idée de l’endroit où se trouvait la communauté. J’aurais tout fait pour te faire sortir de là et c’est toujours le cas aujourd’hui. Laisse-moi t’aider, je suis toujours ton frère. Je veux te protéger.

by delirium

Je suis arrivé le : 31/01/2023

Ma responsabilité
ft. Bellamy Cadogan

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

La pièce n'avait rien d'hostile, et pourtant Octavia se sentait oppressée, en cage. De sa prison habituelle elle connaissait tous les recoins, avait découvert de salvatrices cachettes, avait appris à en aimer les murailles qu'elle était désormais autorisée à franchir pour quelques heures. Ici ce n'était qu'une pièce inconnue, chez quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, et son frère, lui aussi un inconnu à ses yeux, l'empêchait d'accéder à la seule porte qui pouvait la mener à l'extérieur. Que cherchait-il au juste dans cette rencontre malheureuse ? L'amour d'une sœur perdue ? Des retrouvailles émouvantes ? Ne comprenait-il pas que ce n'était pas possible ? Octavia avait son regard plongé dans celui de Bellamy, s'il se faisait toujours appeler ainsi, et ses traits tendus, sa mâchoire serrée, ne laissait rien présager du lien qui les avait un jour unis. Ils n'étaient rien l'un envers l'autre désormais, ils ne partageaient rien, n'avaient rien en commun sinon un sang abimé, résultat plus de la supériorité masculine que de l'amour. Bellamy retroussa ses manches, vision qui fit froncer les sourcils de sa sœur. Faudrait-il se battre pour sortir d'ici ? Elle le ferait sans hésiter. Elle suivit son regard qui passa un instant sur une horloge au mur, et leurs yeux se rencontrèrent à nouveau. Elle n'avait pas quitté cette expression dure qui tirait ses traits.

Soudain il parla, et tandis qu'il s'exprimait elle scrutait ses émotions, son visage, celui qu'il était désormais. Évidemment il avait vieilli : c'était comme si son visage avait pris en maturité. Son corps lui aussi était transformé : ce n'était plus celui d'un jeune adolescent, mais d'un homme façonné par la vie, et sa musculature saillait sous les vêtements qui n'étaient pas les siens. Ainsi il s'était renforcé, il n'avait pas mené une vie de bureau, de cela Octavia était certaine.

« Oh tu as surveillé mon emploi du temps hein ? J'espère que tu n'as pas qu'assommé mon garde du corps parce que je peux te dire que dès qu'il sera debout il va prévenir Bill et je serai gravement punie. Tu ne sais pas ce que ça signifie évidemment. Puisque tu es parti. C'est ça que tu veux pour moi ? M'enlever ces petites heures de liberté que j'ai si difficilement gagnées au cours des années ? »

La brune avait comme craché ces dernières phrases. L'abandon lui tenaillait le ventre et lui brûlait les lèvres. Tout son être souffrait encore physiquement de ce départ, de ce jour où il l'avait quitté sans se retourner. 14 ans de solitude, d'errement, d'espoir, de peur aussi, de croire qu'il était mort. Tout ça pour quoi ? Voir qu'il vivait une vie tranquille. Elle aurait préféré qu'il soit mort, ça aurait été la seule explication possible à ce qu'il ne la cherche pas. Sa voix avait tremblé lorsqu'elle avait parlé de la punition. Car véritablement son esprit tout autant que son corps se souvenait des atrocités qu'elle avait subies. Violentes, déchirantes, elles marqueraient son être pour toujours. La jeune femme était terrifiée de ce que son géniteur pouvait lui faire endurer. Elle ne faisait jamais rien pour le courroucer, du moins pas directement, pour éviter de subir les remontrances ignobles auxquelles il aimait s'adonner. Elle avait tant sacrifié, tant travailler, tant menti pour plaire au Berger afin d'avoir le droit de sortir, elle ne voulait pas qu'on lui retire ce droit. Pour y parvenir elle s'était reniée elle-même, avait dû se soumettre à cette secte comme si elle l'acceptait de son plein gré... Qui était Bellamy pour détruire ce pour quoi elle avait tout donné ?

Il lui parla de l'aider à s'en sortir. Mais elle s'en sortait très bien toute seule. Elle n'avait pas besoin de lui, pas besoin qu'il vienne jouer au preux chevalier après l'avoir laissée seule pendant les pires années de sa vie. Désormais elle était assez grande pour se sauver elle-même, elle n'avait plus besoin, comme l'enfant qu'elle était alors, de ce grand frère pour la guider et la protéger de tout. Et il lui raconta qu'il était revenu un an plus tard, comme promis. Oh oui il était revenu là où il l'avait laissée, mais elle n'y était plus ! Bill l'avait retrouvé et il ne l'avait pas cherché. Ils avaient fui ensemble, il n'aurait eu qu'à faire le chemin inverse, il était certainement plus facile de rentrer dans la secte, d'en entendre parler, que d'essayer d'en sortir. Ce qu'Octavia savait c'était qu'il n'avait pas cherché. Elle qui aurait tout donné, jusqu'à sa vie, pour le retrouver s'il avait disparu... Elle ne comprenait pas ce manque de recherches. C'était pour elle un aveu d'abandon encore plus poignant qu'elle ne l'aurait imaginé.

« La communauté n'avait pas bougé Bellamy. Tu aurais pu me chercher ! Tu aurais dû me chercher ! Tu m'as laissée seule affronter les pires horreurs ! Et maintenant que j'arrive dans ta ville tu veux m'aider ? Fais comme si nous n'étions jamais arrivé, cela rendra service à tout le monde. »

Octavia criait désormais. Ses yeux s'embuèrent de larmes qu'elle tentait du mieux possible de refouler. La colère était montée en elle comme elle ne l'aurait jamais imaginé possible. Elle voulait le taper, le rouer de coups pour passer sur lui toute cette souffrance qu'elle avait emmagasiné depuis des années. Poser ses yeux sur son frère ne faisait qu'alimenter cette haine viscérale qu'elle portait réellement à un autre, mais qu'il était si facile de déplacer sur lui. Continuant ses cris, elle se laissa aller à tout ce qu'elle avait toujours tu et qu'elle n'aurait jamais imaginé dire à voix haute.

« Tu m'as abandonnée Bellamy ! J'ai été battue, frappée, violée, et malgré ça je t'aimais toujours, j'attendais ton retour ! Mais j'ai grandi je n'attends plus qu'on vienne me sauver. Tu crois que débarquer dans ma vie va m'aider mais non ! Tu n'es plus mon frère ! »

Secouée par ses larmes entre deux vociférations, Octavia hurlait toute la douleur d'une vie esclave. Les mots dépassaient largement sa pensée. Elle n'avait jamais exprimé à voix haute les violences sexuelles dont elle avait été la victime, et se les entendre dire l'avait presque ramenée à la réalité. Crier à Bellamy qu'il n'était plus son frère, au fond, elle ne le pensait pas. Mais ce n'était plus Octavia qui avait les rennes de cette conversation, c'était bien sa peine et sa souffrance qui s'exprimaient. Apeurée, les larmes roulant sur ses joues rouges, chauffées par cet excès de sentiments, Octavia se tenait la tête dans les mains, fuyant désormais le seul regard qui lui avait un jour apporté du réconfort.

©️crack in time

Je suis arrivé le : 17/12/2022

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Revoir ma sœur me rend heureux mais je vois bien que ce n’est pas réciproque et mon humeur s’assombrit très rapidement. À quoi est-ce que je m’attendais ? Pas à ce qu’elle me saute dans les bras, je ne pouvais pas en attendre autant mais je reste son frère. Quand elle me regarde -ou me fixe, plutôt- j’ai l’impression d’être devenu un inconnu à ses yeux. Peut-être qu’elle me déteste mais ça ne fait rien, je finirais par me faire pardonner, je suis plutôt déterminé. Je reste planté devant la porte, j’aimerais pouvoir discuter un peu plus longtemps avec elle mais si elle tient tant à partir, qui suis-je pour la retenir prisonnière ? Ce n’est pas ce que je veux, je ne suis pas comme mon père. Ce que je veux lui offrir, c’est la liberté. Je ne peux pas croire qu’elle n’en rêve pas, pas avoir passé autant de temps dans un groupe aussi horrible que la secte de notre père. Je n’ai pas été à la hauteur quand j’aurais dû l’être, il y a 14 ans. Je suis désormais prêt à tout pour la faire sortir de l’enfer qu’elle doit vivre. À chaque fois qu’elle reprend la parole, ses mots sont détachés et lourds d’une rancœur que je ne peux que comprendre.

-Je ne veux pas que tu te contentes de quelques heures de liberté. Je sais que j’arrive trop tard, je ne peux pas imaginer ce que tu as vécu ces dernières années mais je veux t’aider à t’échapper pour de bon. Ne me dis pas que tu veux passer le restant de tes jours avec lui ?

Une crainte me prend l’estomac. Pendant 14 ans, je ne peux pas savoir ce qu’elle a vécu dans cette secte. Je ne m’étais pas dit une seconde qu’elle pourrait finir par rejoindre sérieusement les rangs de notre père. Je chasse rapidement cette idée, elle s’est toujours montrée plus maligne que les adultes qui buvaient sans réfléchir les paroles du Berger. Je sais que c’est risqué mais elle ne se rend pas encore compte de ce que je serais prêt à faire pour la faire sortir de là, quitte à me sacrifier à sa place. Je lui devrais au moins ça. Les reproches qu’elle me fait sont justifiés. Aurais-je pu la retrouver si j’avais consacré ma vie à trouver cette secte ? Je n’en ai aucune idée. Chacune de ses paroles sont difficiles à entendre mais je les encaisse. Je fixe cette sœur que j’ai laissé souffrir si longtemps. Mes traits se décomposent quand elle met des mots sur ce qu’elle a vécu. Battue, frappée, violée. Ma sœur. Une rage fait alors vibrer tout mon être. Comment Bill a-t-il pu en arriver là ? Laisser sa propre fille endurer des horreurs pareilles ? Je n’aurais jamais pu me douter que ça aurait été jusque-là. Elle me hurle dessus et je regarde ses larmes couler en me sentant plus impuissant que jamais. Je vais le tuer.

Je m’approche d’elle et c’est plus fort que moi, je la prends dans mes bras. Elle va peut-être me repousser mais qu’importe. Elle me déteste mais je sais qu’elle déteste surtout notre père. Je le détestais aussi, maintenant, je le hais. Elle peut dire c’est qu’elle veut, je reste son frère. Quoi qu’il arrive.

-O’, je suis vraiment désolé… Je sais que je ne pourrais jamais me faire pardonner, que tu es assez grande pour te débrouiller sans moi mais laisse-moi te sortir de là. Tu n’as plus besoin de souffrir autant.

Je m’écarte et la regarde avec toutes l’inquiétude qu’un frère pourrait ressentir pour sa sœur après avoir appris tout ce qu’elle a dû traverser. Je suis encore plus déterminé à la sortir de là au plus vite et j’ai du mal à imaginer qu’elle puisse refuser.

-Reste ici. Tu peux y être chez toi si tu veux. Je vais retourner chez le Berger à ta place, je sais que Bill te laissera tranquille s’il m’a. Je ne les laisserais pas te toucher à nouveau.

by delirium

Je suis arrivé le : 31/01/2023

Ma responsabilité
ft. Bellamy Cadogan

I’m not doing this because I want to beat someone, because I hate someone, or because I want to blame someone. I do what I do because it’s right! Oh wait... actually... I do what I do because it is mean and I hate everyone.

La servitude volontaire. Voilà l'état dans lequel vivait Octavia depuis des années. Un asservissement accepté duquel elle se consolait avec l'intime conviction qu'elle limitait la souffrance d'autrui. L'âme de la jeune femme était entourée de nuages, mais elle était restée blanche, pure, avec un besoin dévorant de sauver les autres. Et c'était cette petite âme qui brûlait au fond d'elle qui lui permettait de tenir. Sans ses jeunes filles qui étaient pour elles comme des sœurs, sans ce but de les sauver, elle aurait certainement sombré depuis bien longtemps dans une forme de folie, dans une léthargie profonde où le corps et l'esprit ne font plus jamais un, et où ce que subit le premier est inconnu du second. Car pour que l'esprit survive aux horreurs il devait parfois se dissocier de son enveloppe corporelle. Elle y arrivait bien à mettre de côté ce corps détruit pour préserver la santé de son esprit innocent, mais tous ne pouvaient pas s'y résoudre. Et cela lui avait demandé une force qu'elle ne se soupçonnait pas avoir. Le mélange d'alcool et de drogue qu'on lui avait fait prendre plus d'une fois aidait aussi... Son corps, pauvre vaisseau à la dérive sans capitaine, se laissait aller sans résistance dans les courants de violence, lorsque les méfaits de ces boissons lui grignotaient la conscience. Octavia était tantôt corps et esprit, tantôt seulement l'un. Et lorsqu'elle laissait partir son conscient pour protéger son âme, elle n'était qu'une poupée de chiffon avec laquelle on joue mais qui ne ressent plus ce qu'on lui fait subir. Voilà l'état de son être après tant d'années.

Alors ces heures de libertés où elle était elle-même, tout son être en un seul morceau, et que Bellamy piétinait de ses mots, comme si elles n'étaient pas assez bien pour elles, étaient tout pour la brune. Comment osait-il marcher sur les instants de bonheur qui constituaient le trésor de son quotidien ? Il bafouait les efforts d'une vie, minimisait les sacrifices de ses jours, détruisait la sacralisation de ses sorties. Pire encore, il lui volait ce temps précieux pour se l'accaparer, le faire sien, et balancer à son visage la promesse d'une vie libre. Mais cette promesse n'existait pas. Elle n'existait plus. Les mots résonnaient creux, elle était morte lorsqu'il l'avait abandonnée. La liberté est relative à la vie que nous menons, et celle d'Octavia résidait dans une promenade en centre-ville. C'était sa liberté, il fallait la respecter. Ses yeux étaient désormais capables, entre deux larmes, de soutenir le regard de Bellamy. Emplis de colère et de souffrance, ils exprimaient bien plus qu'elle n'aurait pu le dire. Il la regardait et lui demandait d'agir comme s'il avait toujours été là. Quel homme pouvait attendre cela de sa petite sœur après l'avoir laissé seule tout le jour durant ? Il était là, à lui proposer de l'aider à s'enfuir.

« On ne peut pas partir bordel ! Tu n'as aucune idée de ce que nous vivons là-bas ! Tu n'as pas le droit de me kidnapper en pleine rue, tu ne sais pas tout ceux que tu mets en danger ! Mais encore une fois tu ne penses qu'à toi. Tu n'as toujours pensé qu'à toi Bellamy... »

Sa voix était toujours aussi sèche et dure tandis que les larmes roulaient toujours plus nombreuses sur ses joues, obstruant sa vue et brouillant ses sens. Il n'y avait plus dans ces mots le cœur tendre d'une sœur, mais celui noir et dur d'une femme blessée. Une fois de plus il était égoïste. En pensant sauver Octavia voulait-il l'aider pour elle ? Ou pour apaiser sa propre conscience ? Ne comprenait-il pas que si elle partait Octavia ne pourrait jamais se le pardonner ? Que contrairement à lui elle ne pouvait pas abandonner celles dont elle avait la charge, celles qu'elle s'était jurée de protéger ? Rien n'aurait pu la retenir dans cette secte infernale si ce n'est l'amour qu'elle leur portait. Et contrairement à tout ce qu'elle avait connu dans sa vie, la jeune femme était fidèle. Fidèle à l'amour, fidèle à la fraternité, fidèle à ceux qui souffraient et qui attendaient d'elle, sinon de se sauver, au moins de rendre leur enfermement plus supportable.

L'abandon. De toutes certainement la plus grande souffrance émotionnelle qu'elle avait vécu, car elle venait de la part de quelqu'un qu'elle aimait et admirait. Cette plaie encore béante dans son coeur n'était pas prête de se refermer. Et elle se demanda si un jour cela serait possible de pardonner à cet homme qui se tenait désormais face à elle, en parfaite santé, ignorant de toutes les horreurs de cette secte et pourtant les devinant toutes sans avoir levé le petit doigt pour les empêcher. Etait-il tout autant bourreau que leur père ? En un sens oui. Alors lorsqu'il avança pour l'enserrer dans ses bras, Octavia le repoussa violemment. Elle détestait le contact. Depuis les abus sexuels qu'elle avait subi, la brune ne supportait même pas qu'on lui effleure le bras dans la rue, qu'on la touche à travers un tissu ou même qu'on lui pose une main sur l'épaule pour lui parler. Elle se refusait à toutes les effusions physiques, particulièrement celles des hommes. Chaque contact était pour elle un rappel brûlant des corps déchirants qui avaient détruit le sien. Les bras de son frère n'eurent pas le temps de se refermer sur elle qu'elle posait ses mains sur son torse pour le repousser fermement loin d'elle en criant : « Ne me touche pas ! » Le cri était sorti d'elle comme un automatisme. La distance, voilà la seule protection qu'elle pouvait encore avoir pour son petit corps abîmé. Aucun homme ne l'avait jamais touchée, ne lui avait jamais témoigné de la tendresse, parce qu'il l'aimait. Tous les contacts physiques de sa vie avaient été des abus, et il n'était pas question qu'un autre homme se permette de poser sa main sur elle. Car même s'il pensait la réconforter, il ne faisait que renforcer le traumatisme de son corps.

« Qu'est-ce que tu ne comprends pas Bellamy ? Je ne veux pas de ton aide. Je veux que tu me laisses tranquille, et que tu rentres chez toi, dans ta petite vie. Car nous ne partageons rien sinon notre sang. »

Elle s'était calmée, ou du moins en apparence, car sa voix reprenait une attitude plus posée. Elle se contrôlait comme elle pouvait, mettant loin d'elle son esprit, détachant son corps et les souvenirs douloureux qui y étaient attachés pour les envoyer loin de cette conversation. Elle savait que Le Berger voulait retrouver Bellamy, mais il ne laisserait jamais sa fille s'en aller même s'il obtenait le précieux retour du fils prodigue. Ce n'était pas ainsi que Bill voyait les choses, et si Bellamy pensait pouvoir le doubler dans ses plans, il se trompait plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Restant à une bonne distance de celui qui n'était plus qu'un inconnu avec une voix familière, Octavia toisa Bellamy avec toute la méchanceté qu'elle pouvait mettre dans son regard. Ne pas l'aimer. Surtout ne pas l'aimer. Elle avait enterré Bellamy au fond de son cœur. Il était mort dans cet orphelinat. Il ne fallait pas l'aimer. Il serait une faiblesse. Surtout ne pas l'aimer.

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