(Ethan) I missed you

w/  @Ethan J. Hargrove    

Il venait de la poser sur le socle et elle le fixait sans pouvoir bouger. Rien dire. Alors qu’il la quittait de nouveau. Puis les flammes apparurent. Elle ne sut pas combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle avait retrouvé sa place. Mais elles vinrent lécher son unique vêtement. Un haut à paillettes. Et puis tout devint noir.

Et un hurlement résonna dans la pièce.
Le sien.

Dolores s’éveilla en sursaut, trempée de sueur comme chaque matin depuis qu’elle était revenue à Londres. Passant une main tremblante sur son visage, elle avait la même réflexion tous les matins. Elle aurait dû mourir. Rester comme elle était. Était-elle une véritable personne ? Et ce qu’elle avait vécu avec Lui, était-ce réel ? Pendant tout le temps qu’elle avait passé à Storybrooke, la jeune femme s’était rapproché d’Ethan. Cinq, se fustigea-t-elle mentalement. Au point où elle était retombée amoureuse de lui pour la seconde fois. Mais les trente dernières années, avaient-elles comptées sachant qu’elle n’était qu’un mannequin de supermarché ? Supermarché dans lequel elle bossait depuis son retour. Après tout, elle n’avait rien connu d’autre dans cette vie.

Et tous les matins, elle faisait la même chose.

La rouquine sortait de son lit, se coiffait, s’habillait pendant que son thé passait. Qu’elle transvasait dans son thermos avant de quitter son appartement où la seule vie qui y résidait à part la sienne était celle d’un chat. Son chat. Monsieur Moustache. Second du nom, évidemment. Et tous les jours, c’était la même rengaine. Elle montait dans un bus pour aller jusqu’au supermarché où elle bossait. Un immense complexe, trop souvent désert. The Gimbel brothers. On l’avait affecté au rayon vêtements. Et ainsi, tous les jours, elle enfilait cet affreux gilet de couleur jaune qui ne lui allait pas au teint pour faire les mêmes tâches. La jeune femme ne savait pas pourquoi elle s’évertuait à rester ici. Il était évident que son petit-ami -et elle ne disait pas ça seulement car il avait maintenant 17 ans en apparence- ne viendrait pas la voir de nouveau.

Après tout, avait-elle seulement compté ?
Dolorès ou Ruby ?

Les deux femmes n’étaient qu’une seule et même personne. Ayant supportée ce génie accro à la caféine pendant trente-deux ans et une semaine. Trente ans d’apocalypse en tant que Dolores, le mannequin inanimé qui le suivait partout. Et deux années supplémentaires en tant que Ruby, slovène expatriée, incapable de communiquer sans bégayer comme un disque rayé. Aux jambes trop longues. Et gestes trop maladroits. Maintenant, si on prenait en compte le fait qu’elle n’était qu’une poupée en plastique, on lui pardonnerait volontiers sa maladresse. Mannequin chinois, ayant transité dans toute la Grande-Bretagne avant d’atterrir ici. Dans ce lieu précis. Pour être avec lui. Et il fallait maintenant qu’elle apprenne à vivre pour elle. Dolores avait commencé à le faire à Storybrooke. Bien qu’elle soit tombée sur Ethan, amoureuse de lui, elle avait ses propres centres d’intérêt. Comme la couture, la lecture et la musique rétro.

Aujourd’hui serait son dernier jour au magasin.
Elle en était certaine.
Elle en avait assez d’attendre.

Donc elle entra d’un pas décidé, ses trop longs cheveux roux, tombant dans son dos. Son visage de poupée qui furetait à droite et à gauche comme si elle le cherchait. Pour voir les lieux déserts. Portant son mug à ses lèvres, elle manqua de recracher le liquide brûlant avant d’aller se changer dans les vestiaires. Et tous les jours, elle se rendait au rayon vêtements où elle faisait équipe avec le même crétin. Qui soit lui racontait sa vie, soit la harcelait pour qu’elle accepte de sortir avec lui. Qu’est-ce que ça serait aujourd’hui ?

« Tu vas aller habiller les mannequins aujourd’hui, Dodo. » Forcément, en ayant été un dans son autre vie, elle était toute qualifiée pour le job. Pour cause que Dolorès savait que les mannequins étaient dotées de sentiments. On pourrait la prendre pour une folle à discuter avec eux comme si elles étaient vivantes. Passant aux côtés de Gary, ce dernier posa sa main sur son bras et elle se dégagea vivement. Bien que son traumatisme ne soit qu’artificiel, il était toujours présent. Personne ne la touchait en dehors d’Ethan. Cinq. Dardant sur son collègue un regard ennuyé, elle s’avança pour faire sa besogne. « Bon c’est quand que tu sors avec moi ? » Donc ça serait le harcèlement. Va pour le harcèlement. « Je te l’ai dit. J’ai un copain. » Il la fixa avec son éternel sourire narquois. « Tu sais que je ne suis pas jaloux, jolie poupée. » Manquerait plus que ça. Il est déjà con. Faudrait en plus ajouter de la jalousie à l’équation. « Et puis, il est où ton copain ? Si j’étais lui, je laisserai pas une aussi jolie fille toute seule dans un taudis pareil. » La question était légitime. Car elle savait où il était. A la Umbrella. Elle s’y était même rendue mais avait rebroussé chemin. Car Ethan -Cinq- l’avait quitté dans ce monde-ci. Et le bonus de Storybrooke ne devait pas compter pour lui.
 

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Depuis son retour, Dolorès oscillait entre deux états. Savoir si elle était réelle ou si dans le fond, elle vivait dans une sorte de rêve que son cerveau de mannequin aurait pu lui dicter ? Elle était réapparue dans le centre commercial où elle avait trouvé la mort deux années auparavant. La mannequin n’ayant plus aucun but dans la vie avait décidé de laisser les flammes s’en prendre à elle. Et l’éradiquer. Elle ne comprenait pas encore pourquoi elle n’était pas revenue à son état de plastique mais avait dû se débrouiller pour survivre. Donc elle avait fait ce que toute grande personne aurait fait, elle a pris un travail, un appartement. Une identité. Celle de Dolorès. Le prénom qu’il lui avait choisi alors qu’elle n’était qu’un objet inanimé. Mais quel lien les unissait donc tous les deux ? Est-ce qu’il l’aimait vraiment en tant que Dolorès ? En tant que Ruby ? Ou alors était-ce juste leur destiné d’être réunis peu importe les univers ou les sorts ? Elle ne saurait le dire alors que trop de questions se posaient dans son crâne de poupée.

Elle n’aimait pas son travail.
Un trait qui n’avait pas changé, elle n’aimait toujours pas les gens. Mais devait se résoudre à travailler pour gagner sa vie. On ne saura dire ce qui la maintenait attachée à Londres alors qu’elle pourrait parcourir le monde. Elle allait le faire. Lorsqu’elle était Ruby, elle avait confié à Ethan qu’elle rêvait de parcourir le monde avec ses créations. Elle se laissait donc une dernière journée avant de quitter la ville pour de bon. Et de le laisser derrière elle. Ne lui avait-il pas dit qu’ils étaient un couple très mal assorti ? La jeune femme ne saurait le dire. Car lorsqu’il était Ethan, il avait toujours son foutu tempérament irascible, accro à la caféine mais il avait su manifester un peu de douceur. Elle avait pu le toucher. Et pouvait encore sentir la texture soyeuse de ses cheveux sous la pulpe de ses doigts si elle fermait les yeux.

Dans ce supermarché, elle passait une main sur son visage avant de commencer son travail. C’était sans compter sur son collègue qui la trouvait à son goût. Après tout, Dolorès était une belle femme. Un nez fin, de longs cheveux roux et des jambes interminables. Donc, oui, elle était jolie. Elle ressemblait trait pour trait à celle qu’elle avait été lorsqu’elle était inanimée. La jeune femme fixa son collègue car dans le fond, Ruby était timide et apeurée alors que Dolorès avait plus de tempérament. Elle s’apprêtait à lui répondre lorsqu’un flash bleu l’aveugla presque. Et que Cinq se tenait entre eux. Proférant des menaces à l’encontre de son partenaire. La jeune femme voulut tendre la main pour apaiser son compagnon mais il se tournait déjà vers elle. Il devait être ici pour retrouver Dolorès. Pour la retrouver. Et son cœur se mit à battre dans sa cage thoracique alors qu’elle écarquilla les yeux avant d’humecter ses lèvres. « Je… » Elle cherchait ses mots. Elle devait lui dire. Alors elle prit une profonde inspiration, résolue alors que son regard s’ancra dans le sien. Dans celui de l’homme de sa vie. « Tu as toujours ton fichu caractère, Cinq. » Dolorès tendit alors les mains pour s’approcher doucement. Ses doigts frôlèrent la joue de sa moitié alors qu’elle lui faisait face. « Je crois qu’en 32 ans, je ne t’ai jamais vu porter un costume aussi beau. » Elle lui fit un petit sourire avant de tapoter le badge à sa poitrine. Celui où étincelait le nom de Dolorès en lettres capitales. Elle laissa ses doigts passer dans les cheveux de Cinq avant d’incliner la tête sur le côté. Elle était perdue. Ses grands yeux bleus lui posaient des questions. Et la plus importante : qu’est-ce qu’ils étaient ?

 

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Elle était loin d’avoir réponse à tout. Il lui arrivait de rester devant son miroir et de regarder son bras. Tantôt un bras fait de chair humaine, chaud et qu’on pouvait briser. Ensuite, un en plastique. Plus froid et moins maniable. Elle avait peur. Peur de redevenir un mannequin, peur que tout n’ait été que chimérique. Car elle avait vécu une relation avec Ethan. Une vraie relation. Qui s’était tissée au fil du temps. Certes, elle avait été platonique car ce n’était qu’un adolescent et qu’elle était respectueuse. Mais elle avait appris à la dompter, à l’approcher alors qu’il ne supportait pas le contact. Pour voir que c’était Cinq. Cinq avec qui elle avait vécu l’apocalypse pendant trente ans. qui ne parvenait pas à la lâcher justement. C’était à ne rien y comprendre. Comme l’adolescent revêche, intouchable était en réalité un sexagénaire en devenir avec des pouvoirs temporels. Mais après tout, il était fasciné par ça donc tout était lié. Comme le fait qu’elle, en tant que mannequin muet, ait des difficultés à s’exprimer sans bégayer, qu’elle ne tienne pas sur ses jambes et soit attirée par la mode. Ruby, si elle avait eu plus d’assurance, aurait pu être mannequin. Dolorès est condamnée à les habiller. Et subir un harcèlement pour sortir avec un goujat qui était aussi subtil qu’un cachalot dans un magasin de porcelaine.

Elle allait l’envoyer bouler quand Cinq se matérialisa entre eux. Et fit dégager son collègue à coups de menace bien sanglantes. Après tout, il l’avait retrouvé ici. Poursuivi par la commission qui avait tiré sur Dolorès. Un vent de panique passa sur son visage à mesure qu’elle regarda à droite et à gauche. « Est-ce que… » Elle avait toutes les difficultés à terminer ses phrases quand les deux billes émeraudes de Cinq braquées sur elle. « Je t’appelle toujours Ethan dans ma tête, confie-t-elle en passant la main dans ses cheveux. » Alors qu’il lui avait posé une question alors qu’elle baissa les yeux. « Je sais beaucoup… beaucoup… » Elle ferma les yeux alors qu’elle peinait à parler. Parce que ce trait-là de Ruby ne s’était pas effacé. Il fallut un petit temps pour qu’elle lui fasse comprendre qui elle était. Alors que ses doigts passèrent avec délicatesse dans ses cheveux. Elle hocha la tête à sa question. « T’aurais pu… » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que Cinq s’approcha et l’embrassa. Son cœur cogna dangereusement dans sa cage thoracique à mesure qu’elle noua ses bras autour de la nuque du garçon alors qu’il se recula. « Tu m’as manquée. » Elle décida de le garder contre elle, posant son front contre celui de sa moitié. « Comment un sexagénaire se retrouve dans le corps d’un adolescent de 17 ans ? » Dolorès se recula doucement avant de constater qu’il avait changé de look. « La magie. Je pense… » Elle se mâchouilla nerveusement la lèvre inférieure avant de soupirer. « Comme Dolorès était réelle pour toi, tu as donné vie à Ruby. » Elle leva le nez pour regarder un plafond avec un fin sourire sur ses lèvres. « Et nous sommes retombés amoureux. » Elle regarda les alentours avant de se rappeler pù ils sont. « On s’en va ? Parce que j’ai pas de très bons souvenirs ici… » On oscille entre le fait qu’elle se soit fait tirée dessus, larguée par l’amour de sa vie ou encore tuée par une apocalypse. Dolorès lui tendit alors la main avec un petit sourire timide sur les lèvres, attendant qu’il l’emmène dans le lieu de son choix.

 

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Elle avait toutes les difficultés du monde à comprendre ce qu’elle était, qui elle était. Depuis qu’elle était revenue, que sa véritable identité lui a été rendu, Dolorès ne comprend pas trop. Certes, elle se lève, elle marche, elle va travailler et fait les choses banales que font les êtres humains. Mais dans le fond, elle n’en était pas un. Était-elle seulement réelle ? La jeune femme avait été une poupée pendant presque soixante-dix ans. Elle était inanimée, ne pouvait parler, ne faisait qu’écouter. Elle en avait retenue des choses, appris des langues. C’était sans doute pour cette raison que Ruby était aussi érudite. Car en soixante-dix ans d’existence, Dodo avait appris pas mal de choses. Elle ne comptait pas la malédiction, ni l’apocalypse dans son compteur, car les choses ne sont pas encore arrivées. Du moins pour l’apocalypse. Et pourtant, elle s’éveillait en sursaut, revivant le cauchemar de l’apocalypse qui s’abattait sur elle et sa propre mort. Elle était morte.

Jamais la rouquine ne devrait se retrouver là. Dans ce supermarché avec cette veste horrible en face d’un collègue qui essayait de la séduire. Mais son cœur lui appartenait, à lui. Un flash bleu ne présageait rien de bien tandis qu’Ethan vint se présenter devant eux en menaçant son collègue. L’empathique poupée grimaça alors que le garçon prit les jambes à son cou, les laissant seuls. La jeune femme, toujours aussi timide, baissa un instant le nez avant de commencer à parler. Elle avait toujours des difficultés à se mouvoir, à parler librement parce qu’elle n’était qu’une poupée dans le fond. Cinq lui rappela son identité et pour toute réponse, elle hocha la tête. Cinq, donc. Il était toujours aussi caractériel. Déjà à Storybrooke, elle avait eu toutes les peines du monde à l’apprivoiser. Si en plus, elle devait recommencer ici.

Elle fut surprise lorsqu’il s’avança pour venir poser ses lèvres sur les siennes. Après trente-deux-ans. Son cœur se mit à battre plus rapidement à mesure qu’elle posa sa main si délicate sur la joue de l’adolescent. D’un point de vue extérieur, la scène devait être risible. Un ado qui embrasse une grande perche comme elle. Posant son front contre le sien, elle peine à calmer les élans de son myocarde. Dolorès le fixe de ses grands yeux bleus avant de battre des paupières, rougissant aux paroles de Cinq. Ses doigts effleurèrent sa peau et elle sentit comme un frisson avant de déglutir pour s’écarter à regret. « ça me va, lui dit-elle d’une voix douce, on pourra de nouveau vieillir ensemble. Même si je reste plus vieille que toi. » Elle lui fit un petit sourire timide. « J’ai presque soixante-dix ans. » La rouquine dodelina un peu de la tête avant de rire. Tant elle était heureuse de le retrouver.

« ça doit te faire bizarre. » Après tout, elle n’avait été qu’une poupée. Et Ruby était réelle. Seulement, voilà les deux se confondaient et n’étaient dans le fond que la même personne. « C’est pour ça que je n’arrivai pas à m’exprimer sans bé… bé… » Bégayer. On ne se refera pas. « Et que je tombais tout le temps ou me brisait si facilement. » Elle lui montra son bras, dépourvue d’attelle. La jeune femme se rappelait sa chute qui lui avait couté son bras. Une banale chute. Même si Nick l’avait poussé. « Cependant j’aime assez d’avoir des jambes donc évite qu’on me tire dessus à nouveau. » Elle arque un sourcil avant de plisser le regard pour le fixer. La demoiselle glissa doucement sa main dans celle du tempétueux garçon avant de quitter l’endroit où elle travaillait. « je comptais partir. Demain. » Elle regarda l’endroit où elle avait passé une bonne partie de sa vie avant de le suivre jusqu’au parc.

Une fois assise sur le banc, Dolorès constata que Cinq ne la quittait pas des yeux. « J’ai quelque chose sur le nez ? » Elle porta sa main à son visage avant de sourire. « Et on ne tue personne, amour. » La jeune femme posa sa tête sur l’épaule de sa charmante moitié avant de caresser sa main du bout de ses doigts, réfléchissant à sa question. « Je ne sais plus… Je ne sais plus trop qui je suis. » Elle vint enfouir sa tête dans le cou de son âme sœur, cachant son visage. La demoiselle y déposa un chaste baiser. « Mon dernier souvenir en tant que Dolorès, c’est l’apocalypse. J’en fais des cauchemars toutes les nuits. Et mon dernier souvenir en tant que Ruby, c’est le nuage. » Elle se redressa, gardant sa main dans la sienne. « Je… ma mère n’était même pas réelle. Je ne suis pas slovène. Juste un morceau de plastique. » De sa main vacante, elle fit un moulinet pour la faire redevenir plastique. « Je n’existe que pour toi. Et je n’arrive même pas à savoir si Storybrooke était réel ou non. » Elle prit une profonde inspiration, regardant au loin. « Mais j’ai un nouveau chat, dit-elle avec un faux sourire enjoué, je suis certaine que vous allez vous entendre à merveille. » Après tout, monsieur Moustache avait le même caractère que l’ancien. « Tu… tu veux que je te montre où je vis ? » Après tout, lui vivait à l’académie, elle en était certaine alors qu’elle partageait un petit appartement avec sa boule de poils. Puis le lieu serait plus intime pour eux.