Correspondance épistolaire - Frederick

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Bonjour Fred,
Je ne t’ai pas envoyé de lettre depuis longtemps, je dois dire que les dernières semaines ont été un peu difficiles. J’ai du quitter le regiment dans lequel je m’etais installée, a priori etre une femme n’et pas une bonne chose quand on peut proteger son pays. Je dois admettre être plutôt attristé de la situation, je m’attendais à être un peu mieux accueillie dans ce pays mais j’ai un peu l’impression que les femmes ne sont les bienvenues nulle part. Je ne sais pas trop quoi faire de ma vie maintenant, je n’avais jamais imaginé faire autre chose. Je m’installe dans une nouvelle ville en attendant de voir où cela me mènera.

Sinon, te concernant, comment vas-tu ? Notre correspondant s’est arrêté il y a déjà plusieurs mois donc il a dû se passer des choses intéressantes dans ce lapse de temps non ? Raconte moi tout, en espérant que ta vie soit faite de moins d'échec que la mienne.

Malheureusement je n’ai pas grand chose a te raconter aujourd’hui, j’ai eu espoir qu’en arrivant dans ce pays le fait d’etre une femme soit mieux accueillie, malheureusement ce ne fut pas le cas. Peut être aurais je dû rester en cuisine et élever des enfants, comme le droit que l’on réserve aux femmes chez moi… Je n’avais pas le droit d'être moi même dans mon pays et ici je suis moquée pour qui je suis. Il m’arrive parfois de me demander qui je suis réellement… Suis-je cette personne que les gens moquent, cette petite fille frêle ? Ou suis-je le combattant que j’ai toujours voulu faire croire au monde.. J’ai bien du mal à me retrouver en ce moment pour être honnête avec toi. Qu’importe, je ne vais pas t’ennuyer avec cela. Cette lettre aurait dû se vouloir joyeuse, je voulais avoir de tes nouvelles après ces longs mois et pourtant je ne semble que me plaindre.

En esperant que cette lettre te parviendra et que tu continuera de correspondre avec moi, j’ai l’impression de me sentir comprise avec toi meme si c’est sand oute idiot au travers d’un vieux papier et de quelques traces d’encres.

Bien à toi mon cher Fred, en te souhaitant le meilleur.
Aileen

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Aileen,

Je me finissais par me demander si tu étais encore vivante. J’ai été ravi de recevoir cette lettre de ta part même si les nouvelles que tu me donnes ne sont pas particulièrement bonnes. Je suis désolé que les choses ne se soient pas passées comme tu le souhaitais dans le régiment. Je suis surpris d’apprendre que même aux États-Unis, les femmes soient encore si peu considérées. Ils ne te méritaient pas mais j’espère que tu finiras tout de même par trouver ta place. Où t’es-tu installée ? Peut-être que nous vivons plus proches l’un de l’autre désormais (je ne perds pas l’espoir que nous arrivions à nous voir un jour).

De mon côté, j’ai enfin ouvert mon Comedy Club avec mon jumeau et pour le moment, tout va plutôt bien. George s’est également marié, ce qui est assez étrange puisqu’il a du coup emménagé avec sa femme. Je passe nettement moins de temps avec lui mais je pense qu’il a trouvé son bonheur et c’est tout ce qui compte. Ma famille espère que je trouve à mon tour une femme mais je n’ai jamais été très réceptif à la pression sociale. Enfin… À part ça, je pense être plutôt épanoui et je te souhaite la même chose.

J’imagine que ça doit être difficile pour toi mais ta place n’est pas du tout en cuisine comme ton pays pourrait te le faire croire. Si l’armée n’a pas voulu de toi, ça ne veut pas dire que tu n’es pas forte. Ne perds pas confiance en toi. Je sais que la société aimerait que tu rentres dans une case mais j’ai toujours pensé qu’il valait mieux se créer sa propre case. Ne laisse pas les autres décider de ce que tu peux faire et ne peux pas faire. Nous ne nous sommes peut-être jamais vus mais je sais que tu es loin d’être une petite fille frêle.

Malgré ces nouvelles moins joyeuses, je suis heureux d’avoir eu de tes nouvelles et j’espère en avoir à nouveau bientôt.

Porte-toi bien et ne te décourage pas.
J’ai confiance, tu trouveras ta place.

Fred.

Correspondance épistolaire

Â

Mouette / Icon : tumblr / Citation : Marylin Monroe