Somebody shine a light [Pv Austin]

Tenue - J'adore Kotori et je ne la remercierais jamais assez de me créer autant de tenues pour s'assurer que je suis toujours bien habillée même si je ne vois plus. Je ne sais pas si je suis devenue une jolie fille et j'en doute puisque je n'attire des hommes que moqueries et maltraitances. Malgré tout, pour moi, il est important que j'ai du style. On peut partir du principe que vu que je suis presqu'aveugle, je ne sois plus capable d'associer les vêtements et la triste vérité est que c'est le cas. Je n'aime pas l'idée d'être assistée à cause de mon handicap mais quand mon aînée et amie m'a proposé de me confectionner des tenues, je n'ai pas pu refuser. N'empêche, il faudra que je lui dise qu'elle pourrait confectionner des tenues plus appropriées à de basses températures. Je sors de mon bâtiment scolaire et frissonne en plaçant un écouteur dans mon oreille gauche. Une fois le gadget connecté automatiquement à mon téléphone, je prends celui-ci et active la commande vocale qui m'indique l'heure. Une petite grimace passe sur mes traits japonais. Il est tard et la nuit doit déjà être tombée. Aucun bruit n'est percevable dans la cour, m'indiquant que je suis toute seule. Le club de musique me prend énormément de temps et je suis soulagée de n'avoir aucun cours ce soir en plus. J'ai beaucoup de retard dans mes études et je tiens à avoir de bons points. Décevoir mes parents alors qu'ils sont à l'étranger risquerait de les faire revenir plus vite et c'est hors de question ! Je lance ma playlist résonnant contre l’un de mes tympans. Je ne peux pas me permettre le luxe d’écouter ma musique avec deux écouteurs, ce ne serait pas prudent vu mon handicap. Rangeant mon téléphone après avoir également lancé mon GPS, je sors un petit bâton en métal de ma poche et active un mécanisme qui le déplie quand j’appuie sur un petit bouton. M’aidant de ma canne d’aveugle pour avancer, je quitte l’enceinte de mon lycée. Je ne marche pas très vite, je me sais très maladroite et ce ne serait pas la première fois que je m’étale sur le trottoir. Autant éviter de me ridiculiser. Chantonnant distraitement l’air de « Shatter me » qui passe dans mon écouteur, je suis les indications orales de mon GPS même si à force, je connais le chemin. Je ne remarque pas tout de suite les rires dans mon dos mais me fige malgré moi quand je reconnais les voix de garçons de ma classe. Mon sang ne fait qu’un tour et je ferme les yeux comme si ça pouvait me faire disparaître. Un de mes camarades me bouscule et je sens qu’un autre retire mon couvre-chef. Ils sont autour de moi mais je ne sais pas dire exactement combien ils sont. Je n’ai pas envie de perdre la face mais déjà, ils me confisquent ma canne et me bousculent à nouveau. Je suis désorientée alors que je ne perçois que vaguement leurs ombres. C’est facile pour eux de s’en prendre à moi, je leur semble faible parce que je ne sais pas me défendre. J’aurais dû faire des sports de combat au lieu de faire du patinage artistique… Je sens qu’un garçon se colle à mon dos et je m’éloigne brusquement mais me cogne maladroitement contre un autre de la bande. Ils ricanent et je ravale mon angoisse pour ne pas perdre contenance. Je ne sais pas ce qu’ils me veulent mais je n’ai aucune idée de comment me sortir de là.

Tenue - Il m’a fallu du temps pour apprendre à me protéger, à cacher ma faiblesse derrière une fierté et une confiance me servant de bouclier. Je pensais que ça suffirait à éviter les moqueries, à m’en protéger mais ce n’est pas pour autant que ça me protège des agressions. Je ne comprends pas pourquoi ils m’entourent de cette façon. Je ne leur ai jamais rien fait de mal, je ne saurais même pas dire comment ils s’appellent. Je sens que mes mains se mettent à trembler, je me sens en danger. Pire, je me sens faible. Ils pourraient me faire ce qu’ils veulent que je ne serais même pas capable de me défendre. Mes battements de cœur s’accélèrent alors que les ombres qui m’entourent sont encore plus inquiétantes que des visages. Je tente de réfléchir à toute vitesse à ce que je pourrais dire ou faire pour m’en sortir quand quelqu’un s’interpose devant moi. Je ne m’attendais pas à ce que ma porte de sortie soit un autre garçon. Je sens dans sa voix qu’il sourit alors qu’il s’adresse à mes agresseurs, il a l’air si sûr de lui et j’ai peur que ça se retourne contre lui. Malgré ça, je ne bouge pas d’un centimètre, plutôt rassurée à l’idée de rester derrière l’inconnu. Un long silence suit ses paroles jusqu’à ce qu’un bruit sourd me fasse sursauter. Mon regard fixe le garçon qui a pris ma défense et sa posture me fait comprendre qu’il vient de se faire frapper. Je regarde autour de nous, tentant de comprendre ce qu’il se passe quand je vois les ombres qui me menaçaient s’éloigner. Mon cœur s’apaise un peu et je pousse un petit soupire de soulagement.

-Je… Ça va, je crois. Tu es arrivé avant qu’il ne m’arrive quoi que ce soit. Merci.

Je lève timidement ma main pour l’approcher de ce que je devine être son visage sans pour autant le toucher. Je ne veux pas le mettre mal à l’aise mais je n’ai aucun moyen de voir s’il est blessé ou pas.

-Ils t’ont frappé ? Je suis désolée si tu as été blessé par ma faute alors qu’on ne se connaît même pas.

Je m’incline avec beaucoup de politesse pour le remercier comme le font les Japonais. Mes lèvres se pincent alors que je chipote distraitement avec mes doigts. J’aimerais pouvoir croiser son regard mais je ne perçois que les contours flous de son visage. Je préférerais qu’il ne comprenne pas que je suis malvoyante. Que ce soit en amitié ou en amour, j’ai l’impression de repousser tout le monde au moment où ils comprennent. Ça ne fait rien, autant en finir tout de suite. Je me rends compte que je n’ai pas entendu de bruit métallique qui pourrait s’apparenter au bruit de ma canne qu’ils auraient lâché.

-Est-ce qu’ils ont laissé ma canne derrière eux ? Je ne saurais pas rentrer chez moi sans…