J’étais nerveux, je ne dormais plus et je ne mangeais pratiquement plus. Voilà plusieurs jours que j’avais envoyé mes sentinelles parcourir les mondes afin de trouver Cole et pourtant, je n’avais encore aucune nouvelle. Est-ce possible que je me sois trompé et qu’il ne vienne pas de ce monde-ci? Pourtant, Cole était un être exceptionnel et si décalé des autres humains que j’étais pratiquement sûr qu’il n’appartenait pas au monde de Storybrooke. Il était exceptionnellement extraordinaire, il devait impérativement être ici. Le simple fait d’imaginer ne pas le retrouver me tétanisait et me plongeait dans un profond désespoir.

Ursula était partie je ne sais où, m’abandonnant dans sa caverne sombre et glacial. La chaleur de Cole me manquait terriblement, donc l’endroit me semblait encore plus isolé et froid. J’étais plongé dans mes pensées de plus en plus désespéré lorsque j’entendis quelques petites bulles éclatées près de moi. Je papillonne des yeux lentement et je cherche l’origine de ce dérangement tout en espérant que ce ne soit pas Flotsam et Jetsam qui m’espionnent, mais plutôt que de croiser les regards perfides des murènes de compagnie de ma mère, je me retrouve à fixer un petit hippocampe argenté. Une sentinelle.


Mon cœur commence à battre plus vite. Si cet être est là, c’est qu’il a retrouvé Cole, sinon il aurait disparu dans quelques jours sans revenir me voir. Je ne maniais pas assez ma magie pour rendre mes sentinelles éternelles alors c’était une bonne nouvelle. « Les États-Unis? » Répétais-je d’une voix abasourdie en traduisant le flot de petites bulles qui se dégageait de la trompe du petit être argenté. Il était encore à Storybrooke? Mais ma magie n’était pas assez puissante pour se rendre jusqu’à une autre dimension. J’étais de plus en plus incertain alors que la sentinelle me projeta l’image d’un terrain doté d’une maison sombre et étrange et d’un immense marais.


« Cole… » Murmurais-je en voyant l’ombre d’une silhouette que je reconnaissais même si elle était légèrement différente. Je pourrais le reconnaitre dans une foule. Maintenant que je savais où il était, je pouvais tenter de l’interpeller. Ivre de bonheur, je décide de profiter de l’absence de ma mère pour tenter une première approche. Je me concentre et j’envoie mon esprit parcourir la distance qui me sépare de mon aimé. Par chance, l’eau est partout, je vais pouvoir faire apparaitre mon image sans grande difficulté.


Sauf que….je ne m’étais pas imaginé que mon aimé serait dans sa douche lorsque je tenterais d’entrer en contact avec lui. « Cole » Dis-je tendrement en apparaissant d’une façon holographique devant lui. « Je t’ai enfin retrouvé » Rajoutais-je doucement en tentant de lui caresser le visage, même si je n’étais qu’une illusion.

Je sursaute violement en voyant Demetrius apparaître dans ma douche... même si, je dois avouer, c'est le meilleur endroit pour apparaitre !

- Demetrius...

J'essaie aussi de le toucher, mais je me rend compte qu'il n'est qu'une illusion. J'ai mon cœur qui bat plus vite que jamais et même qu'une petit larme s'échape du coin de mon oeil.

- Cole n'existe pas ici... Il appartient a une fausse vie... Puberté... Je m'appelle Puberté Addams...

Je le regarde dans les yeux, laissant placer un long silence.

- Je ne suis pas très libre... J'aimerais tant te rejoindre, mais ma situation est compliqué... Pourquoi tu m'envoies un illusion... C'est toi que je veux, pas une image de toi

Je ne sais pas trop si je serai en mesure de maintenir mon sort longtemps, c’est la première fois que je l’utilise, mais le fait de me retrouver face à Cole m’emplie tant de bonheur que je préfère me concentrer sur lui plutôt que sur ma force vitale. Je le dévore du regard et bien qu’il soit un peu différent de mon souvenir, je sens au profond de moi qu’il est le même. « Oui c’est moi…enfin, plus ou moins » Confirmais-je doucement, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet de ma queue de poisson. Parce que lui, il avait véritablement deux jambes, je les voyais bien.


Mon cœur se brise un peu lorsque je le vois tenter de me toucher et comprendre que je ne suis pas véritablement devant lui. Ce n’était pas l’envie d’être avec lui qui me manquait, mais il m’avait fallu le chercher et le trouver pour y parvenir. Je devais également savoir s’il souhaitait me revoir. L’éventualité contraire me terrifiait. « Pu..Puberté? » Répétais-je lentement en tentant de comprendre. C’était un prénom ça?


Je vois bien qu’il est désœuvré et ça me brise le cœur. J’esquisse un sourire doux en l’entendant me réclamer et je tente de lui caresser le visage, mais il ne doit rien sentir. « Je ne pouvais pas venir sans savoir où tu étais et si tu souhaitais encore me voir » Expliquais-je doucement. « En plus…je devais vérifier s’il y avait de l’eau près de l’endroit où tu te trouves, je ne peux pas vivre sans eau » Rajoutais-je maladroitement en baissant le regard. Comment expliquer à l’homme qu’on aime qu’on n’est pas humain?


« Je…je suis un triton, je dois avoir un étendus d’eau près de l’endroit où je vais être en tant qu’humain. Je peux avoir des jambes…mais pas 24 heures sur 24…enfin, si tu le souhaite…je sais que vivre avec un poisson, c’est pas la joie pour un humain… » Bafouillais-je en ne sachant pas où me mettre.

Je fus bien sûr très surpris d'entendre la véritable nature de mon Demetrius, car je ne m'y attendais pas, mais bon... Je venais d'aller nourrir et jouer avec un portail de fer, en compagnie d'une main autonome. Niveau bizarre, j'avais mon lot. C'est pas une queue de poisson qui allait me répugner, bien au contraire.

- Il y a un marais sur la propriété. Un très large marais, lui même relié à une rivière qui se jete dans la mer. Le Manoir familial n'est pas loin d'ailleurs

Je réfléchit un peu, regrettant amèrement que cette main soit incapable de se poser sur mon visage, et que ma peau ne puisse rien ressentir. Je lui donne le nom de la rivière en question. Ce n'était pas une énorme rivière non plus, il retrouverait vite.

- Mais je dois t'avertir d'une chose... Les Addams et leur domaine n'ont rien à voir avec des humains normaux. Fait attention à toi. Le temps de me sécher et m'habiller, je te rejoins au marais... du moins, si tu peux accepter que je m'appelle Puberté...

Je le regarde dans les yeux, laissant placer un long silence.

J’étais nerveux de me retrouver presque face à face à Cole. Mon Cole. Enfin…Puberté. Je dois avouer que je risque d’avoir de la difficulté à l’appeler ainsi. Moi, je n’avais pas changé de prénom pourquoi lui oui? D’un autre côté, dans un monde où la normalité était la loi suprême, je suppose qu’un nom comme le sien pouvait être un peu trop exotique. La mention d’un grand marais près de chez lui me fit un peu grimacer, mais mon sourire revint à la mention de la rivière et de la mer. « C’est super, je pourrais réellement venir te rendre visite! » M’enthousiasmais-je.


Sans eau, ça m’aurait été impossible. J’étais un bon sorcier, mais j’étais tout de même incapable de modifier ma génétique à ce point. Concentré sur le nom de la rivière qu’il me donna, j’ai commencé à visualiser le trajet qu’il me faudrait parcourir afin de le rejoindre. Sauf que mon regard fixe revint sur Puberté face à ses indications nébuleuses concernant sa famille et son prénom. « Attend…tu crois que je ne veux plus de toi parce que tu t’appelle Puberté et que ta famille est un peu étrange? » M’étonnais-je en sentant mon cœur se serrer.


Était-ce sa façon de me dire que pour lui, mon changement d’apparence faisait une différence dans ses sentiments? Ou bien…était-il déjà engagé avec quelqu’un d’autre dans ce monde? « Tu sais, ma mère a des tentacules à la place des pieds et est une sorcière redoutable., rien ne peut être plus bizarre » Dis-je en tentant de paraitre naturel bien que mon cœur se serrait de plus en plus. « Tu veux vraiment me revoir ou tu m’as dit tout ça pour être poli? » Demandais-je finalement, bien qu’il m’ait dit que je pouvais venir le rejoindre. J’étais partagé entre l’idée de me précipité pour le rejoindre et la peur de le voir me rejeter.

- Je ne dis pas ça pour être poli. Je m'habille et je vais au marais t'y attendre... Même si tu décides de ne pas venir finalement, je vais t'attendre... jusqu'à la fin de mes jours s'il le faut...

Je vins déposer un baiser sur sa joue, même s'il s'agit d'une illusion et que ni l'un ni l'autre ne ressentons quoi que se soit. J'éteins ensuite l'eau, rompant ainsi l'illusion qu'il avait créé. Je me sèche, m'habille rapidement et file au marais.

Je m'asseois au bord de l'eau et j'attends. Je respire l'odeur forte du marais et m'imprègne de l'atmosphère lugubre de l'endroit. Le sol marron foncé presque noir, les arbres sans feuille et les bruits inquiétants... c'était sans nul doute le meilleur endroit pour une rencontre,,, C'est tellement romantique !

Bien entendu, je guette la surface de l'eau au moindre signe de la présence de mon aimé. Jamais de ma vie je n'avais été aussi impatient de revoir quelqu'un. Il créait des émotions en moi... que je ne comprendrai surement jamais.

Je ne sais pas trop s'il se sentira bien avec moi. Ma famille est très anormale, dans le sens qu'elle est très loin de la normalité. Psychopathe, démons, monstres et infects, tel est mon héritage et ma raison d'être. C'Est pour cela que les membres de notre famille ont tant de mal a être en couple. Oh nous sommes heureux et fier de qui nous sommes, mais les gens extérieurs à notre famille ont beaucoup moins ce sentiment...

Ça me rassure un peu de savoir que sa mère a des tentacules et est une sorcière. Toutes les femmes de la famille sont sorcières... c'est un point de départ.

Je t'attends mon infect amour... pourquoi est-ce si long... que fais-tu ?