Une mélodie d'outre-tombe (Emmaline)

Une mélodie d'outre-tombe

Parmi les rares choses pour lesquelles je nourrissais une véritable affection dans ce monde, la musique faisait certainement partie de mes favorites. J’avais de la peine à concevoir que l’on puisse prendre conscience de toutes les beautés offertes dans le monde sans les voir à travers le prisme de cet art à la fois raffiné et délicat. Elle m’avait accompagné durant toute ma vie. Dès mon plus jeune âge, j’avais suivi une formation digne d’un gentleman anglais de la meilleure espèce. Le piano avait fait partie de mes instruments favoris et il m’arrivait encore aujourd’hui de m’asseoir devant ce dernier pour composer quelques petits airs de mon cru. Il y en avait d’ailleurs un qui tournait en boucle dans ma tête. Je ne savais pas vraiment d’où il sortait où est-ce que j’avais bien pu l’entendre, mais je n’arrivais jamais à m’en défaire. Ce qui faisais que je me retrouvais très souvent à le jouer durant quelques minutes, tentant de perce le mystère de ces origines. En dehors de cela, je goûtais simplement au plaisir de pouvoir réaliser quelque chose de beau et de créatif, tout en sachant que je n’étais pas un artiste de plus doués.

Je préférais donc comme toujours profiter du talent des autres. Grand amateur de musique classique tout aussi bien que de musique country, il était rare que là où je me trouvais la musique ne m’accompagnait pas. Une chance pour moi, elle ne semblait déplacée nulle par où elle avait l’occasion de me suivre. En tant que croque mort, je laissais toujours une musique légère et douce afin de soulager un tant soit peu la douleur des personnes endeuillées que je rencontrais. Le soir, je passais beaucoup de temps dans mon saloon The Sweet Temptation et, fidèle aux plus belles traditions de l’Ouest américain, la musique permettait à tous de se mettre dans de bonnes dispositions pour profiter des délices que la soirée pouvait leur offrir.

J’appréciais beaucoup de pouvoir jouer les imprésarios. Me balader en ville en me rendant d’une représentation musicale à l’autre dans le but de dénicher des talents prometteurs et inconnus du grand public. Storybrooke avait beau être une petite ville, elle ne manquait pas d’artistes doués et c’était un réel bonheur d’en découvrir de nouveaux à chaque fois. D’ailleurs, ce soir-là, je m’étais rendu à la représentation d’une jeune femme que je ne connaissais pas encore. Poussé par curiosité, je profitais d’une soirée de liberté pour me laisser bercer par des mélodies douces qui prêteraient à la rêverie. Je m’assis alors bien sagement dans la salle, attendant l’arrivée de l’artiste qui ne devait plus tarder à présent.

Une mélodie d'outre-tombe

Je regardais la jeune femme qui montais sur scène, jolie blonde qui resplendissait dans sa jolie robe de couleur blanche. Elle semblait nerveuse mais elle était si jeune que je pensais qu’elle ne devait pas avoir l’habitude de ce genre d’exercice et encore moins devant autant de spectateur. Un silence presque religieux s’abattit dans la salle alors qu’elle s’asseyait et prenait ses aises devant l’instrument.

Je la regardais alors fermer les yeux alors que les premières notes de son récital s’élevaient du piano au fur et à mesure qu’elle appuyait ses doigt fins et délicats sur les touches du piano. Dès les premières notes, je pouvais ressentir toute la passion qu’elle mettait dans cet exercice. Les notes étaient claires, précises et relevaient d’une grande mélancolie. Cela n’était d’ailleurs pas très étonnant donné que cet air du grand compositeur Beethoven se nommait « Une mélodie de larmes ». Cela tranchait singulièrement cet éclat de jeunesse qu’elle renvoyait mais j’étais bien placé pour savoir que les apparences sont très souvent trompeuses.

Malgré tout le côté tragique de cette mélodie, je me sentais malgré tout apaisé et détendu. Sans doute cela provenait-il des talents de la jeune pianiste. L’espace d’un instant je songeais à Dorian. J’aurais adoré qu’il puisse assister à ce spectacle. Aucun des mots que j’utiliserais pour décrire cette expérience ne pourrait me permettre de décrire la perfection de l’exécution de ce morceau. Tant pis, peut-être que je me rattraperais pour un prochain concert.

En attendant je fermais à mon tour mes yeux, me montrant sensible à toutes les images qu’elle pouvait éveiller en moi. Je me laissais porté par la musique et c’était une sensation très agréable. Je me sentais bien et lorsqu’elle s’acheva, je ne fus sorti de ma léthargie que par les applaudissements qui se faisaient entendre dans la pièce et auxquels je me joignais bien volontiers. De nouveaux morceaux succédèrent aux premiers toujours aussi magnifiquement exécutés et lorsque le petit concert fut terminé, je ne pus que rejoindre la jeune pianiste pour la féliciter de toutes ses douceurs qu’elle nous avait offertes. Finissant par trouver, je lui adressais un grand sourire et lançais avec sincérité.

« Mademoiselle Watson, laissez-moi vous féliciter pour votre magnifique concert. Ce dernier était rempli d’émotions et les morceaux que vous avez choisis se prêtaient à merveilles à votre talent de pianiste. »

Je lui tendis alors la main, estimant qu’il était de bon ton de me présenter.

« Je suis Jeremiah Ravenswood, mélomane amateur et totalement séduit par votre musique. »