Un autre temps - Feat Jeremiah

Un autre temps

« Monsieur Ravenswood, votre manoir est une véritable merveille. Si seulement je pouvais vivre dans un pareil endroit, je crois que j’y resterais pour l’éternité. »

Je levais un regard circonspect en direction du jeune homme qui se tenait devant moi. Il semblait le dire sur le ton de la plaisanterie bien évidemment, mais ses paroles raisonnaient étrangement à mes oreilles. Il ne savait pas ce que cela pouvait représenter d’être enfermé ici pour l’éternité. Je ne comptais plus le nombre d’années qui s’étaient écoulés depuis le début de la malédiction de l’Oiseau Tonnerre. Enfermé entre quatre murs, ma vie n’était plus rythmée que par les meurtres que je commettais. Le temps, je calculais son écoulement en nombre de victimes qui s’ajoutaient à mon tableau de chasse.

Je n’avais plus goût à rien. Moi qui adorais goûter aux plaisirs de la vie, avais la sombre impression que la nourriture devenait cendre dans ma bouche. Les baisers et les caresses n’étaient plus que de douces tortures accompagnées d’une sombre amertume. Je ne pouvais plus espérer me faire aucun ami, condamné à devoir assassiner toutes les personnes qui passaient le pas de ma porte. J’avais appris à m’endurcir, succombant à cette folie destructrice qui semblait être la seule chose qui me raccrochait encore à la vie. Mais j’étais las et si je n’étais pas tenaillé par cette fierté qui me poussait à vaincre cette malédiction, je me serais certainement pendu après avoir égorgé Mélanie qui souffrait tout autant que moi de cette situation.

Mangeant sans grand appétit le coquelet rôti qui se trouvait dans mon assiette, je regardais en silence le jeune homme qui se trouvait à l’autre bout de la table. Il était réellement magnifique. Ses cheveux blonds retombant en cascade sur ses épaules, ses yeux émeraudes qui possédaient ce magnifique éclat de vie qui ne m’animait désormais plus… si j’avais pu, je l’aurais certainement gardé auprès de moi quelques temps. Mais je le savais, pour avoir déjà tenté l’expérience, qu’il était encore plus difficile de commettre l’irréparable après s’êtes attacher à quelqu’un. Malgré tout, je laissais apparaître un rictus aux coins de mes lèvres.

« Vous pensez réellement ce que vous dites ? »

« Oh oui, la bâtisse est tellement grande et splendide que je m’y plairais à découvrir le moindre recoin. Et j’aurais d’autant plus de plaisir à la découvrir avec vous. »

Il avait lancé cette dernière phrase avec un ton véritablement charmeur. Qui sait, peut-être dans d’autres lieux, dans une autre vie… mais celle-là ne se prêtait à aucune relation humaine. Comme réponse à ses paroles, nous entendions soudains tous deux un son lugubre s’élever autour de nous. Mon invité leva la tête avec appréhension et regardais dans tous les recoins de la pièce pour en trouver l’origine. Cela me donna le temps de glisser sous ma table le couteau avec lequel j’étais en train de manger. Je tentais alors de le rassurer.

« Ne vous inquiétez pas, mon cher ami, il s’agit du vent. La bâtisse à beau être belle, elle n’est plus de première jeunesse. »

En réalité, je savais très bien qu’il ne s’agissait pas du vent. C’était au contraire une de ces âmes désespérées que j’avais condamnée à vivre son purgatoire entre ces murs. Un fantôme qui tentait de mettre en garder mon invité pour qu’il prenne ses jambes à son cou.

« Vous savez, cela pourrait très bien se faire. Vous pourriez être mon invité permanent en ces lieux et réaliser votre projet. Mon manoir possède plusieurs chambres de libres et si vous avez besoin de vous réchauffer… eh bien mon lit aussi à une place de vide. »

Je m’étais alors relevé de ma place et m’étais dirigé vers lui. Puis, une fois derrière sa chaise, j’avais délicatement frôlé sa joue avant de lui sourire. Il me regardait alors avec des yeux pleins d’espoir et tandis qu’il tendait ses lèvres vers mois pour m’embrasser, je glissais la lame de mon couteau sous son cou et finis par l’égorger.

Une fois mort, je fis mon devoir et alla enterrer son corps angélique dans mon cimetière. Je l’enfermais alors dans la fausse commune avec tous les autres cadavres et squelette. Je laissais alors échapper avec ironie et une certaine mélancolie.

« 543. »

Puis je retournais dans mon salon. Avant de rejoindre Mélanie, je m’assis au salon devant un bon feu de cheminée qui ne me réchaufferais qu’à moitié. Je me versais un verre et je me perdais dans mes pensées. C’est alors que j’entendis un bruit de pas derrière moi. Je ne mis pas beaucoup de temps à deviner quelle était la personne derrière moi. Elle me visitait depuis déjà un certain temps et était ce qui se rapprochait le plus d’une amie pour moi. Je souris alors tristement en entendant ses paroles et relevais un doigt vers le mur qui me faisais front.

« Ne distingues-tu donc pas ces yeux lumineux se détachant de la tapisserie ? Il me semble que tout ici passe son temps à juger mes actes… il a beau être mort, mon manoir semble aujourd’hui plus vivant que jamais. »

Je tournais alors mes yeux vers elle et me relevais de mon fauteuil. Je ne prêtais même pas attention à ma chemise tachée de sang et de terre tant cela me semblait naturel.

« Il y a bien longtemps que je ne t’ai plus vue, où étais-tu donc passée ? »

J’avais prononcé cette phrase non sans un certain reproche dans la voix. Elle était la seule à me donner cette impression d’être normal. Me priver de sa compagnie étant comme une nouvelle mort à chaque fois. J’avais du à m’en priver.

Un autre temps

J’appréciais chacune des visites de Castiel au sein de mon manoir. J’ignorais pour quelle raison mais elle avait le pouvoir d’apaiser mon esprit et mes craintes. Pourtant, notre rencontre n’avait pas été des plus simples. Lorsqu’elle avait franchi le pas du manoir Ravenswood la première fois, j’imaginais qu’elle subirait le sort de tous ces pauvres malheureux qui avaient eu le malheur de s’aventurer ici. Pourtant, j’avais très vite remarque chez elle une singularité qui me plaisait. A force de partage, j’avais fini par comprendre qu’elle n’était pas humaine. Cela pourrait sembler étrange mais malgré mon cauchemar permanant, ma foi elle était restée encrée profondément à l’intérieur de moi. A croire qu’on ne pouvait jamais réellement se débarrasser des valeurs inculquées lors de notre enfance. Je ne pouvais et ne voulais pas prendre le risque de salir mes mains du sang d’un être céleste. J’avais donc décidé d’en faire une amie et une alliée moi qui m’enfermait dans une solitude qui contribuait grandement à ma folie. Je l’écoutais avec attention, tâchais de me montrer avec elle aussi généreux et avenant que possible. Ce n’étais pas une tâche aisée mais il faut croire que j’y parvenais suffisamment bien pour lui donner envie de me revoir. Un sourire malicieux apparut sur mes lèvres en l’entendant prononcer ces paroles emplies de compassion. Qui d’autre aurait-il pu penser la même chose en une pareille occasion ? Personne, tous auraient pris leurs jambes à leur cou devant le monstre que j’étais. Je ne pouvais pas leur en vouloir. Je lui répondis alors de manière détachée.

« 75 je crois depuis ta dernière visite et leur nombre ne cesse de s’accroître. Mais tu as tort… ce n’est pas uniquement pour moi que je le fais. »

Comme pour appuyer mes dires, j’entendis des petits pas de souris s’avancer dans le grand escalier menant au hall. J’entendais alors les lamentations de Mélanie s’élever à nouveau dans le manoir en une douce et inquiétante mélopée. Si Castiel l’avait vue à ce moment-là, elle l’aurait sans doute vêtue de sa robe de mariée.

« Je devrais sans doute me réjouir à l’idée de savoir qu’aucun homme ne pourra désormais plus l’éloigner de moi. Mais j’ai de la peine à voir ainsi. Mélanie était tellement pleine de vie à l’époque. Je crains bien que son esprit n’ait déjà rejoint ceux des fantômes qui peuplent ces lieux… tout comme le mien. »

Mon ange gardien me fit alors remarquer que je ne pouvais pas me permettre de lui faire des reproches. Je ne pouvais que me montrer reconnaissant à l’idée qu’elle puisse encore souhaiter me revoir. Elle avait raison et je me radoucis alors quelque peu.

« Tombée de ton paradis pour atterrir en enfer, je peux comprendre que cette perspective ne m’enchante guère… Ah le paradis ! C’est un mot qui me semble dénué de tout fondement ici. Il faudra un jour que tu m’en parles. Je veux connaître cet autre monde même si je ne pourrais jamais l’atteindre. »

Je ris alors lorsqu’elle évoqua le rouge sur ma chemise. C’était un ricanement machiavélique et presque diabolique, comme si la perspective du meurtre éveillait le Phantom dans mon esprit malade.

« Si c’est le cas, tu aurais adoré me voir la semaine dernière. J’ai assassiné toute une famille en un seul soir, jetant peu après un magnifique costume beige auquel je tenais infiniment. Si tu m’avais fait cette remarque plus tôt, je l’aurais sans doute conservé. Dommage. »

Elle parla alors du temps qui passait inexorablement et des visiteurs qui se faisaient de plus en plus rares.

« Je sais que le temps a passé depuis que notre malédiction a débutée. Je le vois dans les tenues que portent mes visiteurs et les conversations qu’ils me tiennent. Je n’ose cependant leur demander l’année dans laquelle on se trouve, de peur d’en frémir d’horreur. Eh oui le temps passe et je me désespère à l’idée que jamais je ne pourrais rassembler les âmes que je lui dois. Nous pourrions être bloqués ici pour l’éternité. »

C’était là ma plus grande peur et en prononçant ses paroles je sentis un frisson d’horreur envahir tout mon être.

Un autre temps

Un sourire triste et assez ironique passa sur mes lèvres au moment ou Castiel admit que je n’avais pas perdu mon temps. Je passais une main sur ma tête visiblement fatiguée avant d’admettre mon désespoir à demi-mot.

« Mais cela ne suffit pas… cela ne suffira jamais. Imagines-tu le nombre de personnes que je devrais encore tuer avant de pouvoir enfin m’échapper d’ici ? »

Le décompte, je le faisais bien évidemment dans ma tête. Je savais qu’il faudrait beaucoup de temps avant d’atteindre enfin mon chiffre d’or. Cette ordure d’Oiseau-Tonnerre n’avait pas fait les choses à moitié. Je payais aujourd’hui pour ma cupidité et mon envie de m’enrichir toujours plus au mépris des croyances et des traditions des amérindiens locaux. Un seul mort contre 999. N’était-ce pas trop cher payé ? Peut-être aurait-il fallu que j’accepte de voir Mélanie s’éloigner de moi ? Peut-être aurais-je dû tout simplement laisser mon égo de côté et accepter de voir les choses changer. Désormais, elles resteraient figées pour l’éternité. J’aurais sans doute dû être plus prudent sur les vœux que je pouvais formuler.

J’entendais mon ange gardien m’avouer que d’après elle l’esprit de Mélanie serait à jamais brisé. Elle ne serait plus jamais la même enfant rieuse et enjouée qui faisait ma ferté de parent. Elle me demanda alors pour quelle raison je continuais à vouloir me battre. Cela me semblait évident et pour la première fois, je redevins l’homme ambitieux et déterminé que j’avais toujours été.

« Je refuse d’abandonner. Je ne veux pas donner raison à ce démon. J’y arriverais et Mélanie sera libre. Nous laisserons tout ce que nous avons connus ici et nous pourrons nous reconstruire une vie meilleure ailleurs. Il faut que je garde espoir… c’est la seule chose qu’il me reste. »

Je l’entendais parler de l’enfer, de ce qu’elle savait sur ce dernier. Bien évidemment, c’était effrayant et je savais que c’était la seule chose qui m’attendrait lorsque sera enfin venu pour moi l’heure de quitter ce monde. A moins que je ne reste ici, simple revenant perdu parmi mes victimes, assistant sans cesse au bal du mariage de ma fille comme si la vie c’était arrêtée ce jour-là pour nous. Mais cela ce n’était pas une supposition, c’était une certitude ! En revanche, je ne l’autoriserais jamais à prétendre ce que je vivais entre ces murs était moins pire que l’Enfer. D’un bon, je finis par me relever de mon fauteuil en m’approchant d’elle. Fort heureusement, je l’appréciais suffisamment pour ne pas tenter de lever la main sur elle. Si elle avait été une simple mortelle, je n’aurais certainement pas hésité à lui faire ravaler sa fierté.

« Qu’est-ce que tu en sais d’abord ? Est-ce que tu as une idée de l’Enfer que je vis entre ces lieux ? Toi qui ne viens qu’en tant que visiteuse peux-tu ne serait-ce qu’imaginer ce que c’est que de vivre en permanence au manoir Ravenswood ? Tous les jours et toutes les nuits j’entends mes victimes crier au secours, supplier pour qu’on vienne les délivrer qu’importe le sort qui pourrait leur être réservés. Je vis avec leur sang sur les mains et les seules pensées qui envahissent mon esprit ce sont leurs cris d’agonies et leur supplication. Quant à l’Oiseau-Tonnerre, il vient toutes les semaines prendre des nouvelles de fabuleux projet. Et tu penses bien qu’il ne se prive pas de me rappeler ma pauvre condition, ne me torturant que d’avantage. Alors je crois moi avoir une assez bonne idée de ce que doit être l’Enfer. »

Je m’écartais alors, me calmant un peu. Je me dirigeais vers mon mini-bar pour me servir un verre de whiskey que j’avalais d’une traite. Après un moment, je me tournais vers mon invitée, indiquant mon bar d’une main. S’il y avait encore une chose que je savais faire, c’était d’être un hôte d’exception.

« Est-ce que tu… enfin tu voudrais que je te serve quelque chose ? »

Tout en attendant ses instructions, je poussais un large soupir pour terminer de retrouver mes esprits. Je tournais alors un regard sincère dans sa direction.

« Je suis désolé, pardonne-moi. Je… je n’arrive plus à conserver mon calme dans ce genre de situations. En réalité, je m’interroge sur l’au-delà mais je ne vois pas pourquoi tu me décrirais un paradis qui me sera à jamais inaccessible. Jamais je ne pourrais obtenir la moindre rédemption. Je le sais bien. Je suis déjà condamné à brûler dans les flammes de l’Enfer. »

Je souris au moment où elle évoqua le fait que beaucoup de monde espérerait obtenir l’Immortalité et qu’en un sens j’avais beaucoup de chance. Comme quoi, tout dépendait du point de vue où l’on se plaçait.

« Oh je ne doute pas que pour les personnes ayant accès au monde, cela doit être quelque chose de formidable. Moi-même si j’avais la chance de ne pas mourir, je goûterais sans mesure à tous les plaisirs de la vie. Mais ici, enfermé dans mon manoir, comment pourrais-je en profiter ? »

Je me dirigeais alors vers mon secrétaire, là où reposait encore la lettre pour Dorian Gray qui méritait d’être encore finalisée avant d’être expédiée. Je la regardais avec envie, songeant avec une certaine mélancolie au bonheur sans cesse renouveler qu’était la lecture de ses lettres. A chaque fois que j’en recevais, je sentais mon cœur battre plus fort. Il était tout comme Castiel un des derniers remparts qui m’empêchais de sombrer encore dans la folie. Je finis alors par sourire et avouais à demi-mot ce que j’avais sur le cœur.

« Tu sais ce que je ferais si j’avais la chance de vivre dehors. Je voyagerais avec Mélanie et je me rendrais à Londres. »

Je me tournais vers mon amie avec un air tout gêné. Je rougissais comme un collégien qui vivait ses tous premiers élans amoureux. Ce qui dans le fond était sans doute le cas.

« J’ai rencontré quelqu’un… je sais ça paraît fou étant donné les circonstances mais c’est le cas. Nous correspondons par lettre depuis… je ne sais plus vraiment quand nous avons commencé. Mais je crois, enfin je me sens bien et en sécurité lorsque je me plonge dans nos lettres et j’aimerais beaucoup pouvoir le rencontrer un jour. »

Un autre temps

Je laissais un petit rire moqueur s’échapper de mes lèvres lorsque mon amie évoqua ma situation, me demandant si en réalité le goût du sang n’était pas ma réelle motivation. Il est vrai que je n’étais pas réellement un enfant de cœur. Je lui souris alors sûr de moi, adoptant une mimique plus proche de celle du prédateur que de la victime.

« Il est vrai que je n’ai jamais répugné à la violence. Ecarter toute menace, même au prix du sang, a toujours été une solution extrême mais donc j’ai fait bon usage. Cependant, les personnes que je tuais je choisissais de le faire. Jamais je ne m’étais retrouvé dans une position qui me donne l’impression d’être l’esclave d’un autre. »

L’amertume profonde que je ressentais pour l’Oiseau-Tonnerre se faisait entendre dans les derniers mots que j’avais prononcés. J’avais toujours pris mes propres décision, guidée par mon ambition démesurée et ma volonté de dépasser sans cesse toutes les limites. Cependant, ce n’était pas ainsi qu’aurais souhaité que les choses se passent. D’ailleurs, Castiel me le fit parfaitement comprendre lorsqu’elle évoqua mon impossibilité de redevenir un jour humain. Elle n’avait sans doute pas tort sur ce sujet. Je finis cependant par m’emporter. La vie que je menais était un cauchemar qui ne semblait jamais avoir de fin. Un enfer c’était comme ça que je le décrivais et je doutais que le brasier de l’autre monde puisse être aussi douloureux que ce que je vivais entre ses murs. Mais ma colère ne fut rien en comparaison de ce que je ressentais au moment où elle évoqua Mélanie et mon indifférence fasse à son malheur.

« Ne parle pas de ma fille de cette manière. Jamais un sort ne me préoccupera plus que le sien. J’espère au moins que dans ma longue et terrible existence on me reconnaisse au moins ceci… j’ai toujours pris tous les engagements pour qu’elle soit heureuse. »

Pourtant, c’était bien le meurtre que mon futur beau-fils qui nous avait conduit dans cette position des plus délicates et douloureuse. Si je n’avais pas demandé de l’aide pour accomplir ce crime jamais nous n’aurions été touchés par cette malédiction. Mais j’étais beaucoup trop fier pour l’admettre.

Je finis par sourire au moment où elle évoqua les ouvrages qui se trouvaient dans ma bibliothèque et qu’elle mettait toujours un point d’honneur à me fournir. Heureusement qu’elle était présente, se tenant fidèlement à mes côtés alors que tout autre homme m’avait laissé derrière eux… enfin ce n’était pas entièrement vrai. Il y avait toujours Dorian. Mais il ne connaissait ce moi que ce que j’avais bien voulu lui révéler. J’étais certain qu’il s’éloignerait lui aussi si jamais je venais à lui dresser une liste de mes victimes. C’est en pensant à lui que je répondis à Castiel.

« Penses-tu que tu pourrais m’apporter certains ouvrages relatifs à l’art de Florence ou des livres sur la ville de Londres. Je veux pouvoir voyager là-bas par l’esprit. M’imaginer présent dans cette ville à visiter les plus beaux musées et les galeries d’art. »

Je ne l’ajoutais pas bien naturellement mais je pensais très sincèrement à la possibilité de le faire entre les bras de cet homme dont l’esprit et la beauté de ses lettres avaient totalement conquis. Je frémis cependant d’horreur lorsqu’elle évoqua la possibilité de l’amener ici. Je réagis alors du tac au tac et lança sur un ton impératif.

« Non, ne le fais surtout pas. Je t’en prie. Si jamais tu venais à l’amener alors l’Oiseau-Tonnerre m’obligerait également à lui faire du mal. Je ne peux me résoudre à le faire souffrir. Il est le seul espoir qui m’attend là-dehors. Et je ne sais même pas si je pourrais le rencontrer un jour. »

Je me demandais depuis combien de temps durait notre conversation. Cela devait probablement durer des mois voir des années. Peut-être même depuis les débuts où je m’étais retrouvé enfermé ici. Je repris alors avec la plus sévère des gravités.

« Est-ce que tu crois qu’il est possible d’atteindre l’immortalité pour un être humain ? »