La prince_S et le Pigeon ft. [Clarence/Ferguson]

Voilà quelques temps que j’étais revenu chez moi, après le bris de la malédiction, et malgré le fait que je puisse me transformer en pigeon à ma guise, je conservais de plus en plus ma forme humaine. Pas parce que c’était plus facile de servir du café en ayant des mains, mais parce si Clarence me cherchait autant que je le cherchais, il avait beaucoup plus de chance de me reconnaitre ainsi que sous ma forme de volatile. Mon dernier client terminait de boire son café alors que je nettoyais la même tasse depuis dix minutes, les yeux dans le vague. Je ne sais pas pourquoi je recherchais autant celui qui avait bouleversé ma vie à Storybrooke, j’étais pratiquement sûr que peu importe son identité, il ne fantasmait pas sur l’idée de côtoyer amoureusement un pigeon.


Moi qui m’étais toujours estimé comme l’oiseau le plus heureux du monde grâce à ce breuvage délectable que je servais depuis que j’étais tout petit, je le trouvais maintenant sans saveur sans la présence de mon musicien itinérant à mes côtés. La porte du Perchoir claqua, me sortant de ma rêverie, mais pas assez vite pour arrêter le flot de parole qui sortit de ma bouche à ce moment-là. « Désolé, c’est fermé ». Oui, pour moi, trois mots c’est un flot. Sauf que c’est après avoir dit ça que je remarque que le nouveau venu est en fait plusieurs et que ce ne sont pas des clients, mais des gardes impériaux. « Vrou? » Roucoulais-je, morne, mais un peu surpris.


Sans qu’on me dise un mot de plus, on m’empoigna par les bras et mon m’entraina hors de ma boutique. Je ne comprenais rien, mais j’étais trop surprit pour parler. Je me suis donc laissé trainer jusqu’au château de la Grande Reine Clara. Mais…pourquoi? Je cligne des yeux lentement lorsqu’on me jeta à ses pieds, mais je n’ai pas eu le courage de lever les yeux vers la reine. Je n’en avais sans doute pas le droit, de toute façon. « Vrou » Répétais-je dans un murmure placide en regardant le sol. « Je vous assure que le lait de pigeon que je vends, c’est du vrai, majesté » Dis-je de ma voix sans intonation, pensant que la Grande Reine s’intéressait peut-être à la contrebande de lait de pigeon qui frappait le pays avant la malédiction.

Est-ce que quelqu’un m’avait accusé de contrebande de lait de pigeon? Il y avait un gros marché noir pour cette denrée rare, mais j’étais un honnête pigeon…enfin, homme…homme-pigeon. Tremblant de peur intérieurement, regardant le sol, je me demandais si la Reine allait accepter de m’écouter. Je fixais mes mains d’un air ennuyé en me demandant si c’était une bonne chose, le bris de cette malédiction. Depuis mon retour dans ce monde, j’avais perdu la seule personne qui tenait à moi et qui avait le pouvoir de me comprendre. Au final, la Grande Reine pouvait bien ordonner ma mise à mort basée sur un mensonge, sans Clarence dans ma vie, le café perdait toute saveur.


Une voix masculine retentit et me fit frissonner jusqu’au plus profond de mon être. J’étais tellement obsédé par l’idée de récupérer Clarence que j’en hallucinais même sa voix. Ou bien, c’était le signe que ma vie achevait? Un peu comme une lumière au bout du tunnel sauf que pour moi, c’était une voix dans le silence? « Vrou? » Murmurais-je cependant, un éclat très subtil d’espoir perçant ma voix. Mais encore, je n’avais pas le courage de lever mon regard vers la Reine qui ordonna à rester seule avec moi. Ce fut le nom qu’utilisa le garde pour lui parler qui me fit lever la tête vers elle…enfin, lui. « Clarence? » Répétais-je de ma voix sans inflexion, ni chaleur alors que mon regard, lui, trahissait mon bonheur et mon espoir.


C’était lui, merveilleux et à la crinière brillante, agenouillé face à moi. « Ah » Dis-je alors que mon regard caressait son visage, ses lèvres et son corps avidement. « Pardon…majesté » Dis-je en comprenant, sans trop savoir comment c’était possible, que la Reine Clara était en réalité Clarence. C’était pour ça que je ne l’avais jamais trouvé, malgré mes recherches; il était un monarque…il devait s’être détesté d’avoir côtoyé un vulgaire barista à Storybrooke. « Tu vas bien ? » Demandais-je lentement, me forçant à sortir une phrase complète de mes lèvres. Le flot d’émotions contradictoires faisait s’exploser les pensées dans ma tête. Comment était-ce possible d’être heureux et si désespéré en même temps? Une reine n’avait rien à faire avec un pigeon, c’était évident.

Mon regard dévore le visage de Clarence. Ce visage m’avait tant manqué et m’avait tant hanté. Même si mon visage et ma posture ne témoigne pas de mon bonheur intense de le retrouver, je sais que dans mes yeux, il voit tout ce qu’il représente pour moi. Il est le seul à être capable de lire quelque chose dans l’océan placide de mes orbes sombres. Je n’arrive pas à croire que cet homme bouleversé soit un monarque. Une monarque…je ne comprends plus. Comment est-ce possible que Clarence et la reine Clara soient la même et unique personne? Je caresse doucement sa joue et je viens sécher la larme qui perle au coin de son œil alors qu’il me fait part du fait que je lui avais manqué. Torture. Impossible. Clarence avait toujours eu cette aisance avec les mots que je n’avais clairement pas. « Je suis là » Le rassurais-je de ma voix monotone en espérant le consoler avec ce constat.


Oui, j’étais là…même si je n’avais sans doute pas le droit d’être ici. Clarence était reine et moi, j’étais un volatile qui avait apprit à agir comme un homme, lors d’une vie dans un autre monde. J’étais sur le point de rajouter une phrase concernant le fait qu’il m’avait également manqué, mais il se saisit du col de ma veste et m’embrasse avec une passion dévorante qui lui était très caractéristique. Je viens perdre ma main dans sa chevelure pailletée et je réponds au baiser avec la même ferveur que je mettais dans la confection de mon café (c’est-à-dire beaucoup de ferveur), retrouvant cet homme que j’avais tant aimé à Storybrooke. Son baiser goûte le soleil et la chaleur. Si la lumière ou les étoiles avaient une saveur, ça serait celle de ses lèvres, j’en était sûr.


Je sens son front se poser contre le mien lorsque le baiser prit fin et je l’entends me dire qu’il ne veut plus être loin de moi. Oups. Voilà qui venait compliquer la chose. Moi aussi je nourrissais cet espoir fou de vivre notre amour au plein jour…mais il était une reine. « Clarence, je suis un pigeon » Répondis-je. Parce que pour moi, ces cinq mots voulaient tout dire. Je savais que mon amant devinerait par-là, l’explication logique comme quoi un pigeon ne pouvait pas prétendre au cœur d’un Reine.

Je ne comprends pas comment c’est possible que Clarence, le musicien si doux à mon cœur à Storybrooke, et la Reine Clara soit la même personne, mais je m’en fiche un peu. Le plus important pour moi c’est de savoir qu’il va bien et qu’il est heureux, même si cette nouvelle identité fait que nous ne pourrons plus jamais être ensemble. Ce constat me brise le cœur, même si quelqu’un extérieur à notre conversation ne pourrait percevoir cette émotion sur mon visage. Après tout, je n’étais qu’un pigeon et jamais un pigeon ne pourrait être à la hauteur d’une Reine, quelle soit homme ou femme.


Je me redresse lorsqu’il me demande de le suivre et je m’exécute silencieusement, sans lâcher sa main. C’était peut-être nos derniers moments ensemble, il était hors de question que mes doigts ne quittent son épiderme. Il m’entraine jusqu’au sommet d’une tour, là où un vertige s’éprend de mon esprit alors que nous gagnâmes le balcon. Oui, je sais, c’est étrange; un pigeon qui a le vertige, mais quand je suis sous forme humaine j’ai peur des hauteurs contrairement à ma forme animale.


Je baisse mes yeux, le cœur brisé, lorsque Clarence me dit que je ne peux pas prétendre à son cœur. Il a raison, mais ce constat fait mal quand même. Par contre, je relève la tête quand il mentionne que lui, il peut prétendre au cœur de tout le monde. « Quoi? » Croassais-je d’une voix monotone, sans trop comprendre. Il voulait m’annoncer qu’il était promis à quelqu’un de mieux qu’un pigeon? C’était un peu cruel, mais en même temps très respectueux pour notre histoire dans l’autre monde.


Sauf qu’il continue de parler et me dit quelque chose que je n’imaginais pas. Il veut m’épouser moi? Il veut que je devienne roi? « Moi? » Répétais-je lentement sans comprendre. Mon cœur battait vite, ciel que je l’aimais cet homme, mais…ça me semblait être trop beau pour être vrai. À tous les coups, j’étais sous l’emprise d’hallucinations dû à une consommation excessive de caféine. « Un mariage? » Demandais-je comme pour faire sûr qu’il n’avait pas confondu un mot avec celui-là. « Oui. Je veux être à toi » Dis-je finalement en sortant l’un de mes plus longs monologues. Je rêve ou je venais de me fiancer?

Je sers ses doigts doucement alors que je dévore son visage du regard. Il m’avait tant manqué et maintenant qu’il était devant moi, j’avais l’impression d’être redevenu entier. Pourtant, une voix en moi me susurrait que je n’avais pas le droit de prétendre à son cœur, malgré ses paroles. Je le regarde alors qu’il énumère ce qui lui a manqué chez moi et je sens mes joues rougirent légèrement. Son visage était si proche du miens que je pouvais en scruter le moindre détail de cette perfection. Son souffle m’avait tant manqué. « Tu m’as manqué aussi » Dis-je en serrant ses doigts un peu plus, sous le coup de l’émotion.


J’écarquille les yeux en sentant sa cuisse appuyer sur mon entrejambe et déjà, une certaine gêne commence à gonfler contre ses vêtements. « Mon… » Commençais-je à dire, un peu perdu en clignant des yeux. «…lait? Mais…je n’en ai pas… » Dis-je lentement en tentant de réfléchir. Est-ce que j’avais déjà parlé à Clarence du lait de pigeon autre qu’aujourd’hui? Il me semblait que non puisqu’à Storybrooke je ne savais pas que j’étais un pigeon.


« Ton…roi? » Je lève mon regard vers lui et nos lèvres sont si proche que les miennes caresses les siennes lorsque je parle, déclenchant un déferlement de frisson délicieux dans tout mon corps. « Tu veux m’épouser? » Demandais-je en regrettant de ne pas avoir d'alliance à lui offrir avant d’être interrompu par un baiser délicieux. Mes mains trouvèrent instinctivement le chemin de ses hanches alors que ma langue partait avidement à la recherche de la sienne. Un léger râle sortit de ma gorge alors que je le rapproche de moi. « Je t’aime » Lui soufflais-je avec une légère intonation de douceur dans la voix. Seul lui avait le pouvoir d’éveiller autant d’émotion en moi.

Je ne comprends plus rien. Que se passe-t-il? Pourquoi il parle de lait de pigeon? Est-ce que…est-ce que j’en produit sans même m’en rendre compte? Je baisse mes yeux vers mon corps, mais il m’embrasse à nouveau. « Mmmmh » Gémis-je doucement contre ses lèvres en passant mes mains autour de son cou. Sauf que ses mains viennent se refermer autour de mon membre viril, me faisant couiner par la même occasion. « Oh… » Dis-je lentement en frissonnant d’extase. Clarence et ses phrases à double sens me faisait toujours halluciner. Il était si spirituel.


« J’ai…envie de toi… » Murmurais-je dans un gémissement d’extase en sentant ses dents contre mon lobe d’oreille. Mes mains s’empressèrent de lui retirer son haut et glissèrent sur chacun des muscles de son torse. Sa peau était si chaude et douce sous mes paumes. Je reviens l’embrasser avec douceur pendant que je me colle contre lui. « On…on a le droit avant le mariage? » Demandais-je avec une certaine timidité à l’idée de me marier avec une reine. Je ne voulais pas manquer au protocole par mon envie de retrouver Clarence corps et âme.