Séance de lecture - feat Harold

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Je pense pouvoir dire que je suis sur un petit nuage ces derniers temps. Ma relation avec Daniel m’épanouie complètement, il est si prévenant et si cultivé. J’en suis folle amoureuse je dois bien l’admettre. On peut discuter pendant des heures sans que l’un de nous s’ennuie. On parle évidemment très souvent de littérature puisque cela fait partie de nous. C’est d’ailleurs durant une discussion avec mon cher et tendre que j’avais eu l’idée de proposer deux fois par semaine une lecture à la bibliothèque. Je ne savais pas encore si l’idée serait bien accueillie, mais en tout cas la première était prévue cette après-midi. J’étais un peu stressé, j’avais peur de bafouiller, d’écorcher un mot ou de simplement mal lire. J’ai beaucoup d’expérience en lecture et je pense avoir une certaine fluidité, de toute façon c’était ma première, j’avais bien le droit de stresser un peu non ? Pour cette première lecture j’avais choisi le chef d'œuvre de Saint Exupéry, le petit prince. Je voulais quelque chose d'ouvert à tout public, qui parle à un grand nombre. Je ferais des séances beaucoup plus poussées par la suite. Je venais donc de finir ma pause déjeuner, je retournais à la bibliothèque et fut surprise de voir autant de monde qui attendait. Un gros stress monta en moi, j’avais presque envie de faire demi-tour. J’ouvris les portes et les laissais s’installer, personnellement j’allais dans un coin et appeler Daniel en panique. Je m’attendais à quoi, une dizaine de personnes, au lieu de ça s’était au moins trois fois ça qui m’attendait de l’autre côté. Il me calma rapidement, j'aurais beaucoup aimé qu’il soit là et lui aussi, mais il avait une urgence vétérinaire. Une fois un peu rassuré je retournais à côté et me lança après avoir saluer tout le monde. La lecture se passa plutôt bien dans l’ensemble, personne ne s’était endormi et les gens avaient l’air plutôt contents. Certains partirent juste après et d’autres attrapèrent des bouquins en s’installant un peu partout. Pour ma part j’attrapais une bouteille d’eau et en bus quelques gorgées essayant de faire faire disparaitre mes joues roses doucement. Me retournant j’eus la bonne surprise de voir Harold. “Oh bonjour Harold, tu es venu m’écouter c’est gentil. Ca va je ne me suis pas trop ridiculisé ?” Je souris nerveusement. Harold est aussi un fin connaisseur en littérature, un esprit avec lequel j’aime parler d'œuvre écrite.

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Séance de lecture

Harold et Avalon.

Parcourant avec curiosité les pages de mon journal, je dégustais avec plaisir un bon café. J’avais travaillé toute la matinée et cette boisson énergisante était plus que la bienvenue. Plongé dans le silence de ma cuisine, j’avais été surpris d’entendre des bruits de pas légers et énergiques raisonner dans le vestibule. Tournant ma tête vers l’embrasure de la porte, j’avais vu la jeune Lila se glisser avec assurance dans la pièce. La jeune brunette, âgée tout juste de 18 ans, affichait son plus joli sourire. Sans cérémonie, elle déposa sur la table deux gros ouvrages qu’elle venait d’emprunter à la bibliothèque étant donné les cotes se trouvant sur la tranche de ces derniers.

Lila avait toujours eu une affection particulière pour les livres. C’était d’ailleurs grâce à cela qu’elle était apparue dans ma vie. Étudiante surdouée, elle avait été très touchée par les propos que j’avais tenu dans mon dernier livre « développer votre potentiel. Comment faire de vos rêves une réalité ?». Elle qui rêvait de devenir ingénieur en robotique mais été écrasée par les propos réfractaires de ses proches qui tentaient de la décourager. Elle avait donc trouvé à mes côtés une oreille attentive, prête à tout pour l’aider à réaliser ses rêves. De mon côté, je ne pouvais qu’admirer cette jeune fille toujours de bonne humeur et de bon conseil. Elle était une véritable bouffée d’oxygène à chaque fois qu’elle me rendait visite. Toute fière, elle n’hésita pas à me faire part de ses dernières trouvailles.

« Regardez docteur Jackman, j’ai trouvé des livres fascinants à la bibliothèque. Pour vous « Biographie du docteur Jean-Martin Charcot, petit traité de la neurologie à l’aube du 19ème siècle » et pour moi « L’intelligence artificielle au service de tous ». Je vais enfin pouvoir apporter la touche finale à la création de Cookie. Ce serait formidable, non ? »

Cookie était un labrador sur lequel nous travaillons ensemble depuis plusieurs mois déjà. Le rêve de Lila était de pouvoir créer un robot chien capable d’accompagner des personnes malvoyantes dans leur quotidien. Un magnifique projet auquel j’étais heureux de participer.
Alors que Lila était occupée à ranger dans mes armoires les achats qu’elle avait effectué pour moi, je saisis dans ma main l’ouvrage. Je vis alors un billet en tomber. Il s’agissait d’un prospectus sur une toute nouvelle activité organisée par Belle. Elle souhaitait organiser des séances de lecture et invitait toute personne volontaire à aller l’écouter.

« J’ai pensé que cela pourrait être intéressant. Vous ne pensez pas ? »

Je relevais alors la tête vers Lila qui perdit un instant son air candide pour laisser apparaître une lueur de malice dans ses yeux.

« Vous l’appréciez je crois et je pense qu’une sortie ne vous fera que le plus grand bien. »

Il est vrai que j’avais plutôt tendance à me tenir loin des habitants dans cette ville. Je craignais de m’attacher à eux sachant d’un vrai psychopathe vivait à l’intérieur de mon esprit. Je ne pouvais prendre le risque qu’il arrive à qui que se soit ce qui était arrivé à ma femme ou à mon meilleur ami dans le monde des contes. Pourtant Lila semblait véritablement insister. Ce n’était pas très dur à deviner pourquoi. Elle connaissait Avalon et songeait qu’une personne comme elle aurait le don de faire ressortir le meilleur de moi-même. J’en doutais fortement mais je compris bien vite qu’il était inutile d’insister.

C’est pourquoi je finis par accepter cette invitation. L’après-midi même je me rendis pour assister à cette lecture et j’appréciais beaucoup de voir Avalon lire. Elle hésitait parfois mais dans l’ensemble sa lecture était très bonne. Je ne me privais d’ailleurs pas de le lui faire savoir. Affichant un large sourire, je lui fis part de ma première impression.

« Au contraire. Je trouve que tu te débrouilles très bien. Ce n’est jamais évident de se lancer devant un public pour la première fois. Et crois-moi j’en sais quelque chose. »

Je ne pouvais alors m’empêcher de pousser un petit rire amusé. Je partageais très vite le fond de ma pensée avant qu’elle ne se vexe.

« Bon sang, tu aurais dû me voir la première fois que je me suis produit sur scène dans une pièce de théâtre. J’étais loin d’être aussi confiant que toi. »

Je détournais alors mon regard vers la jolie affiche qui trônait fièrement dans la pièce.

« C’est un choix intéressant Le petite prince. Qu’est-ce qui t’en a donné l’idée ? »

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J’avais du faire preuve de beaucoup de concentration pour ne pas faire d’erreur de lecture, j’essayais avant tout d’en prendre du plaisir parce que lire comme un robot ça n’apporterait rien à personne. Je me laissais prendre au jeu en me décontractant lignes après lignes. Je suis plutôt douée pour faire passer les émotions. Ce qui m’importait surtout c’est qu’à la fin de la séance les gens étaient plutôt satisfaits et aucun ne s’était endormi ce qui était un bon signe non ? J’allais pouvoir avoir quelques premières impressions grâce à mon ami Harold qui était venu m’écouter. « Au contraire. Je trouve que tu te débrouilles très bien. Ce n’est jamais évident de se lancer devant un public pour la première fois. Et crois-moi j’en sais quelque chose. » Il avait effectivement raison, je savais que j’avais des progrès à faire de toute façon. « Bon sang, tu aurais dû me voir la première fois que je me suis produit sur scène dans une pièce de théâtre. J’étais loin d’être aussi confiant que toi. » Je ris doucement. Disons que j’étais très sociable en tant que bibliothécaire il valait mieux alors parler avec des gens c’était plutôt facile, c’est la lecture en elle même qui m’avait beaucoup stressé. “Je te remercie c’est gentil. Je ne savais pas que tu avais fait du théâtre, j’en ai fait aussi quand j’étais petite, bon rien d'exceptionnel je t’avoue.” Les minis pièces de théâtre du collège quoi. J’avais souvent le rôle avec le plus de réplique parce que j’avais une très bonne mémoire pour le texte. Je souris quand je le vis regarder le poster à côté de nous. « C’est un choix intéressant Le petite prince. Qu’est-ce qui t’en a donné l’idée ? » C’était une très bonne question et j’étais content qu’il la pose en réalité. “C’est une de mes œuvres préférées. Je me suis dit que c’est avec elle que je serais la plus à l’aise et puis j’aime l’idée de retrouver l'enfant en soi, car toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent. Quand je lis le petit prince, c'est la petite fille en moi qui se réveille. J’avais envie de transmettre ça aux autres. ” Je hausse doucement les épaules en souriant, je ne savais pas si mon explication était claire, mais dans ma tête oui. J’aime partager mon goût de la lecture avec les autres et d’ailleurs j’étais plutôt fière de voir qu’une dizaine de personnes étaient restées pour lire un peu. “Je vais peut-être réussir à redonner le goût de la lecture à certains, c’est en tout cas ce que j’espère.” Je trouve ça tellement dommage que les livres disparaissent petit à petit, remplacés par des tablettes par exemple.

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Séance de lecture

Harold et Avalon.

J’étais finalement heureux que Lila m’ait poussé à participer à cette séance de lecture. Hormis le fait que venir encourager une amie était toujours très satisfaisant, cela me faisait beaucoup de bien de me laisser aller à la rêverie de ces beaux mondes imaginaires. Ce fut donc avec plaisir que je rencontrais la jeune femme après la séance pour partager nos impressions. Moi qui avais toujours aimé les échanges intellectuels, j’étais plus que comblé en parlant avec elle. C’était d’ailleurs sans doute ce qui nous avait permis de nous rapprocher au détour d’une étagère de bibliothèque. Elle s’étonna alors du fait que j’avais pu fréquenter les planches de théâtre, ce qui ne manqua pas de m’amuser.

« Eh bien oui. J’ai toujours beaucoup apprécié le théâtre. Pouvoir raconter une histoire tout en stimulant l’imagination des spectateurs et leur transmettre des émotions est une expérience que je trouve très grisante. Et j’aime pouvoir me glisser le temps de quelques heures dans la peau d’une autre personne. »

Cette dernière déclaration avec un goût un peu amer. Il faut dire que j’appréciais l’expérience d’oublier que Hyde avait jamais existé. Mais je ne voulais pas que notre conversation prenne une mauvaise tournure, je secouais alors la tête pour chasser ses idées moroses et revenir à des pensées plus joyeuses.

« J’en fais d’ailleurs toujours actuellement. Si tu en as envie, je pourrais t’inviter à l’une de nos représentations. Sait-on jamais, cela te donnera peut-être envie de nous rejoindre ? »

J’écoutais alors son opinion sur l’œuvre qu’elle venait de nous faire partager. Je souris en saisissant toute la passion qu’elle avait pour ce livre et son auteur. Il faut dire qu’elle avait raison. Antoine de St-Exupéry avait un talent certain pour nous emporter vers des univers dont nous ne pouvions que rêver.

« Tu as raison. Il est parfois bon de nous rappeler l’enfant que nous avons pu être. Après tout, c’est le fondement même de notre personnalité. C’est une véritable invitation au rêve et à la fantaisie auquel ce livre nous invite. Certainement, une magnifique invitation à poursuivre l’aventure à tes côtés. Il rassemble en plus plusieurs générations autour d’un même ouvrage. On le comprend différemment selon l’âge auquel on le parcourt. »

Je réfléchis encore un instant, mon désir étant de lui démontrer que j’avais parfaitement bien su l’écouter tout en tirant les leçons nécessaires à sa compréhension. Ce qui était le but de toutes les histoires.

« Personnellement, j’ai toujours beaucoup apprécié les échanges entre le petit prince et le renard. On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. C’est le temps que tu as perdu pour ta rose, qui fait ta rose si importante… c’est une magnifique leçon sur la tolérance, l’amitié et l’importance de la fidélité. A une époque où toutes ses belles valeurs ont tendance à se perdre, c’est beau de savoir que la littérature sait les perpétuer. »

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