(Ellit) je ne suis qu'une femme sans le sou qui vous aime.

w/      @Chance K. Darcy         

Être revenue à son temps la perturbait. Ella s’était habituée à un certain niveau de confort comme l’eau courante, l’électricité. Elle était désarçonnée de devoir retourner puiser l’eau ou de s’éclairer à la bougie. Mais elle était heureuse de retrouver ses amis et son fournil. Surtout de ne pas être revenue chez sa marâtre. La jeune demoiselle s’en voulait d’avoir déserté ce lieu qui appartenait à sa famille depuis des générations. Elle aurait tellement voulu garder le domaine et le souvenir de sa mère. Mais madame de Tremaine lui avait tout pris. Sa demeure, son père, son nom. Revenue sous Ellie, elle avait eu la désagréable surprise de voir ses grands-parents débarquer. Ses grands-parents maternels. La reine avait les mêmes cheveux d’or que sa fille et sa petite-fille, striées de blancs du à la vieillesse et le père avait le regard avenant que possédait la mère d’Ella. Et pourtant ces étrangers avaient renié leur propre sang car elle avait refusé de faire un mariage selon les convenances. Un mariage arrangé qui la renvoyait à Storybrooke où celle qui avait été sa tante avait voulu la vendre au plus offrant. Comme dans sa vraie vie. Heureusement, elle l’avait eu lui. Kit. Il avait été sa lumière au bout du tunnel alors qu’ici il n’était qu’un étranger rencontré à cheval. La jeune femme s’était faite à l’idée qu’elle ne reverrait jamais puisqu’il était un apprenti qui arpentait la forêt et qu’elle n’y mettait pas un seul soulier.  

Ce martin était un matin ordinaire. Le bal devait avoir lieu dans quelques jours et le temps que lui avait donné ses grands-parents s’amenuisait. Ella était comme à son habitude couverte de farine alors que JackJack était perché sur l’une de ses épaules et Jacqueline sur l’autre. Elle tentait de parfaire un glaçage à la violette, le préféré du roi, à sa demande. Depuis qu’elle avait rencontré le vieil homme dans la rue alors qu’il était perdu, il commandait ses gâteaux auprès d’elle. Elle y ajouta quelques fleurs faites en pâte à sucre, des marguerites avant de se reculer, un sourire satisfait aux lèvres. Il manquait quelque chose. Une pointe de fantaisie. La jeune femme demeura songeuse alors qu’elle se balançait sur ses pieds pour finalement prendre une nuée de paillettes qu’elle lança sur le gâteau, le rendant presque féérique. « Est-ce qu’on ajoute des ailes mes jeunes amis ? » Elle interrogea les souris avant de se mettre à la confession d’ailes en sucre refroidi, les rendant friables pour les décorer avec un pinceau. La demoiselle espérait que cette décoration enchantée plairait au roi.

Elle retira son tablier et essaya de se défaire de son éternelle farine sur le visage avant d’emballer précautionneusement le gâteau et de se rendre au palais. Sa cape fourrée sur le dos cachait son visage et elle dut descendre sa lourde capuche pour montrer son joli minois au garde qui lui sourit. Elle fouilla dans son sac pour lui tendre un petit cupcake souris, sa marque de fabrique avant de traverser la cour et de se rendre aux cuisines. Ella aurait pu choisir de travailler ici. Il faisait chaud et les lieux étaient chaleureux. Mais la tenancière de cette cuisine ne l’appréciait pas, ni ses fantaisies. Donc elle restait à l’arrière de la boulangerie. Alors qu’elle posa le gâteau sur la table avant de le découvrir. « Pourquoi une fée ? » Pourquoi pas ? Sa marraine en était une et elle serait une mendiante dans la rue si elle ne l’avait pas connue. Elle allait s’en aller mais on lui parla de son paiement, distraite, elle allait oublier.

Ella souleva donc son jupon avant de se rendre dans les couloirs pour aller se faire payer par l’intendant lorsqu’elle rentra dans quelqu’un sans faire attention. Jacqueline faillit tomber de son épaule et elle la rattrapa de justesse avant qu’elle ne heurte le sol. « Faites attention, monsieur. Vous avez failli blesser mon ami. » Son regard se leva et elle eut toutes les peines du monde à en croire ses yeux. Kit. Kit Darcy, celui qui avait son patron dans l’autre vie était devant elle. Celui pour qui son cœur avait battu si fort. Et d’ailleurs ce dernier commençait à la trahir alors qu’elle reposa la petite souris sur son épaule qui partit se cacher sous sa cape. « Bonjour Kit. » Elle ne savait pas si elle devait utiliser le tutoiement ou le vouvoiement dans pareilles situations. Plus rien n’était similaire ici. « Après avoir failli s’en prendre à mon ami, le cerf. Maintenant c’est à ma souris. Auriez-vous un souci avec les animaux, très cher ? » Elle lui fit un sourire. Un sourire candide et radieux. Celui de le retrouver bien qu’elle n’osait esquisser un geste. Alors que son cœur aurait aimé.

w/      @Chance K. Darcy         

Ella était revenue à sa vie morne et sans douceur. Bien qu’ayant quitté la demeure de sa belle-mère, ne la supportant plus, elle ne pouvait se résoudre à aller retrouver Kit. A Storybrooke, ils étaient fiancés, de la même classe sociale. Alors qu’ici, elle n’est que Cendrillon. Une jeune femme sans le sou avec un cœur pur et profondément bienveillante. Cependant, le soir-même devait avoir lieu un bal et la jeune pâtissière fut mise à l’ouvrage pour faire le gâteau. Le délai donné par ses grands-parents arrivait à son terme. Elle devrait se trouver un époux lors du bal, un époux princier de préférence. Mais son cœur allait vers Kit. Il irait toujours vers Kit. Le grand amour ne frappe à la porte qu’une seule fois. Sa mère avait profondément aimé son père, au point de refuser ses titres. Ella pourrait-elle en faire de même pour Kit ?

Drapée dans sa lourde cape, une de ses souris sur l’épaule, elle se rend au château pour y déposer son gâteau. Le roi lui en commandait souvent et elle se devait d’en faire un magnifique pour le bal donné en l’honneur du prince. Celui-ci devant également trouvé une épouse. Elle craignait qu’on ne la fiance de force à cet homme. La blondinette aurait pu fuir mais elle avait un métier qu’elle aimait, des amis, une famille. Une vraie famille. Donc, la voilà qui voit Jacqueline voler dans les airs et se faire attraper de justesse par l’homme qui l’a percuté.

Lui.

Son cœur bat à tout rompre dans sa cage thoracique alors que ses lèvres s’étirent dans un ravissant sourire. Tout son être s’illumine à son contact. « Oui, Jacqueline est mon amie. » Elle lève la tête haute comme elle l’avait fait durant leur rencontre dans les bois. Et doucement, elle le laisse la prendre dans ses bras. Son visage vient se nicher dans le creux de son cou. Son odeur est la même. Il n’a pas changé. Son Kit. Son myocarde bat dangereusement dans sa cage thoracique à mesure qu’elle se sent fébrile dans ses bras. Tandis qu’elle se tient dans les cuisines d’un palais qui ne lui appartient pas. Redressant le nez, elle plonge dans son beau regard bleuté. Sa main vient doucement caresser sa joue. « Et où aurais-je fui alors que tu habites ici ? » Sa voix n’est qu’une caresse à son encontre, profondément mélodieuse. « Mais il est vrai que j’ai quelques petites choses à te raconter. Tu as du temps à m’accorder pour qu’on puisse… rattraper le temps perdu ? » Elle incline la tête sur le côté alors qu’elle ose. Doucement, Ella approche son visage de celui de l’apprenti pour poser ses lèvres à la commissure de celles de son ancien fiancé. Et son cœur menace d’exploser. Elle n’a aucune envie de le lâcher. Mais elle devait le mettre au courant de sa situation. Du fait qu’ici les rôles étaient inversés. Pour le moment, elle n’avait pas le sou mais le soir venu, tout serait différent. Et si sa famille la contraignait à épouser le prince, elle ne saurait comment échapper à cette union.