Nouveau spectacle nocturne - Feat Alexan

Le lendemain, Alexan allait encore tout oublier de cette histoire, il le savait très bien ! Enfin non, il l’ignorait mais en même temps, il le savait puisque les matins où il se réveillait sans souvenir de la veille se faisaient de plus en plus nombreux. Plus que de raison, il ouvrait les yeux en cellule et trouvait le regard désapprobateur d’un certain membre des forces de l’ordre qui tentait – et échouait – à le convaincre de mettre tout ça de côté et accepter l’aide qu’on lui offrait. Perché sur son … truc qui s’escalade – il ne savait plus le nom. Une bite ? Non. Non clairement pas. Un chaudpadaire ? Non. UNE LICORNE ! Hum. Non. Il ne savait plus, et ça n’avait aucune importance en réalité ! Perché sur son machin chose bidule, Alexan vit la voiture de police se garer et la silhouette familière qui en descendait. Le chef Jones arrivait et lui demandait de descendre. Bien entendu, Alexan se redressa donc maladroitement sur son perchoir et fit de grands signes.

— COUCOU CACAPITAINE ! bah quoi ? Il était dans la police, donc c’était bien un capitaine, pas vrai ?

Bon par contre, l’avantage d’être aussi pété, c’est qu’il se fichait totalement du fait que le service trois pièces soit en train de jouer un remake de jingle bells entre ses guiboles, et du fait que le policier n’avait sans doute pas envie de voir ça.

— Pas gentil comment ? Tu vas me mettre une grosse fessée ?

En disant cela, Alex riait et manqua de se casser la figure, ce qui le fit ressembler à un imbécile jusqu’à ce qu’il retrouve son équilibre et décide de descendre très gauchement, jusqu’à finir face contre terre en grognant. Il détestait ça. Mais l’avantage des mecs dans son état, c’est qu’ils se remettaient vite sur pieds et il parvint – on ne sait comment – à se remettre debout pour avancer vers Killian en lui tendant les bras.

— Je t’aime toi ! Tu veux un câlin ? J’aime bien les câlins moi ! Enfin non, Alexan il aime pas les câlins. Mais Alexan-Amusant il adore les câlins ! Tu préfères qui toi, Alexan ou moi ? Mais faut pas lui dire que tu me vois tout nu hein, il va être colère si il sait. Et pi… et pi il va pleurer si tu parles des cicatrices. Il aime pas qu’on les voit chuuuuuuut.

Donc oui en gros, il y avait clairement une distinction entre sa version sobre et la version bourrée.

Si on lui demandait pourquoi il était toujours aussi CONTENT de voir Killian, Alexan ne saurait pas le dire exactement. Peut-être qu’il lui rappelait quelqu’un qu’il aimait bien ? Une personne de ce passé qu’il tentait d’oublier avec l’alcool ? Sauf que là, vu qu’il y pensait un peu, quelques images se bousculèrent dans son esprit et le jeune homme dû secouer la tête pour les chasser et pour étouffer la vague d’angoisse qui menaça de l’envahir. Hélas – ou pas, si, sans doute – l’idée même des menottes juste après cet épisode discret le fit légèrement pâlir. Il ne voulait pas être attaché et moisir dans une cellule. Il allait entendre les cris des autres prisonniers. De ceux que l’on torturait pour obtenir des réponses qui ne venaient jamais. Il allait les entendre et pourtant remercier le ciel que ce ne soit pas lui sous les griffes des tortionnaires. C’est à cause de tout ces débats internes qu’il mit un peu de temps à se relever. Également pour cela qu’il tremblait, même si de l’extérieur, on pouvait mettre cela sur le dos du froid ou de l’alcool. Le Alexan « normal » se collerait sans doute des baffes pour ce que son lui ivre dit au policier. C’était un peu comme si… comme s’il demandait à ce qu’on lui pose des questions. Pour qu’il puisse dire la vérité, tout ce qui lui pesait sur le cœur et qu’il retenait en temps normal. Sans trop broncher – il avait froid, son petit soldat n’était pas jouasse face à cette température – Alexan passa la couverture autour de lui et hocha la tête comme un gosse.

— Oui ! J’veux bien te suivre ! Mais seulement si tu m’enfermes pas. Je ne veux pas être enfermé ! Les autres prisonniers font du bruit et ça fait peur ! Pi tu m’attaches pas, sinon ça veut dire que tu travailles pour eux. Les ennemis. Et j’te dirais pas mes secrets !

Pour le coup, Alexan-Amusant venait clairement de devenir celui qui parlait trop. Lui-même le réalisait avant de se murer dans une sorte de silence plutôt gênant. Il en avait trop dit, ou pas assez, tout dépendait du point de vue que l’on choisissait dans cette situation. Se connaissant en plus, il risquait de se souvenir de tout ce qu’il avait dit une fois relativement sobre… ce qui voulait dire qu’il risquait de fuir ce flic pendant les prochaines semaines ensuite. Le comportement pas du tout suspect, pas vrai ?

— J’ai encore perdu mes habits… j’sais pas comment ça se fait… j’ferme les yeux et POUF disparus !

S’il possédait de la vraie magie – pas celle qui fait partir ses habits – Alexan savait ce qu’il ferait : s’effacer la mémoire sans l’ombre d’une hésitation. Sans ses mauvais souvenirs, il arriverait peut-être à reprendre une vie normale. Il serait comme une page blanche dans un carnet. Pas de passé, mais tout un avenir à coucher sur le papier. Enfin… la magie n’existait pas, alors le jeune homme se renfrognait et il gloussait de rire en entendant parler de ses bonbons et du fait qu’il soit dans l’obligation de les donner à l’agent Jones.

— J’suis tout nu ! Tu veux que je les mettent où ? J’met pas n’importe quoi dans mes fesses ! Juste des beaux mecs !|/b] et vous pouviez rajouter ceci à la longue liste des choses que Killian ne voulait sans doute pas savoir concernant la vie décousue de Alexan. Un peu comme lui aimait ignorer avec grand plaisir ce qui était légal ou pas. [b]Bah c’est naze que ce soit pas légal… on voit des trucs vachement cool avec ! Genre comme dans les trous de vers dans l’espace, mais t’es sur Terre !

Au poste, une fois que des habits lui sont tendus, le jeune brun se change et soupir de soulagement. Il a quand même bien plus chaud comme ça ! Et le café, une fois prêt, l’aide également à ne plus trembler à cause du froid.

— T’as mis un truc dedans en plus ? Ma tête elle a l’air moins fifoute que tout à l’heure… mais pas assez pour que j’dise pas fifoute et tout ! C’est pas plus mal je crois ! Sinon, il allait se refermer et autant dire que la mission de Jones à lui tirer les vers du nez allait devenir plus complexe s’il n’était pas encore rond comme une barrique. Dit, pourquoi t’es gentil avec moi toi ?