Une erreur - ft Regina

Comme un feu brûlant qui s'était emparé de mon corps, l'embrasant sans que je ne puisse rien faire. Cela avait été si puissant, une impulsion si forte que je ne regrettais absolument pas;  de toute façon, ce ne serait qu'une remarque de plus sur un dossier poussiéreux qu'au final, ne reflèterait jamais qui j'étais. Et après tout, n'y avait-il pas dans chaque classe un élève qui répondait à un professeur ? Ce n'était rien de plus qu'une remarque dans un dossier, qui détonnerait quelque peu en comparaison des : parle peu, s'isole et compagnie qui ressortait chaque année.
Je n'en avais rien à faire, je ne me souciais pas plus de leur remarque que des conséquences de ma petite explosion envers mon professeur. Ce dont je me souciais réellement, c'était du fait qu'ils aient prévenu ma mère; chose dont je n'avais eu vent qu'au moment de quitter la classe, qu'au moment de monter dans ce bus jaune qui devenait tout à coup beaucoup trop étroit. Et pourtant, je n'avais rien dit en montant dans le bus, pas plus qu'en enfilant mes écouteurs et en en descendant.

J'ouvrais la porte, le plus silencieusement possible, retirant mon casque dans l'espoir de ne pas entendre le claquement de talons révélateur de la mairesse de Storybrooke. Un instant de flottement...mais la seule réponse que j'obtiens est le silence de la maison, ni bon ni mauvais. Elle pouvait tout aussi bien être rentrée et rester silencieuse, je n'avais su garder une trace précise de ses horaires. L'avantage d'être maire dirons-nous...
Mais au moins je peux profiter de cet instant pour souffler, retrouver le calme de ma musique et même en profiter pour attraper une des pommes dans le saladier, croquant dedans sans la moindre hésitation, appréciant sont goût sucré...pour un bref instant. Trop bref sans doute.

Ce n’était même pas par réelle peur, ce sentiment avait disparu depuis bien longtemps, depuis si longtemps qu’il m’était impossible de le situer dans le temps. A vrai dire, je ne m’en souvenais même plus. Non mon sursaut était plus dû par la surprise causée par sa soudaine présence ; un bond qui m’avait presque fait lâcher mon précieux.
L’idée de m’échapper m’avait, je l’avoue, bien effleuré l’esprit… ce que j’aurais sans doute fait si tout dans sa façon d’être et dans son regard ne m’alertait pas tel un panneau clignotant rouge. Le message aussi clair que de l’eau de roche : N’essaie même pas.
D’une main, je baissais mon casque, le laissant pendre autour de mon cou pour attraper alors ses paroles ; et si sa question pouvait être en soi, tout à fait anodine ; jamais, pas quand elle adoptait cette position et ce regard. Dans tous les cas deux chois s’offraient à moi : mentir, au risque de m’embourber bien plus puisque je savais pertinemment qu’elle avait été mise au courant ; ou dire la vérité, croiser les doigts en priant. Je laissais passer un instant de flottement incapable de prendre une réelle décision puisque chacune de mes options incluaient une part de risque.

« Bonjour maman…. Je…ça s’est bien passé. J’ai juste eu un problème avec un professeur »

Bien joué Mills… Bien qu’en soit, ce n’était si un mensonge, ni la parfaite vérité ; hormis cet incident, ma journée avait sincèrement été bonne. Pas de sorcière murmurer à travers le couloir, pas d’idiots pour m’embêter lors des pauses et les cours avaient même su capter mon attention.
Mais de toute façon…foutue pour foutue, je décidais de m’assoir sur l’un des tabouret, continuant de manger ma pomme comme si de rien n’était. Faire comme si, c’était assez facile si l’on croyait en ce que l’on faisait.

Que s'est il passé...une vaste question, d'autant plus lorsque l'on ne sait pas ce qui a été dit dans la première version. Pour le coup peut-être, aurais-je préféré avoir l'âge d'Henry afin d'hériter d'une professeure dont je pouvais, tenter, de deviner les paroles et les actions. Avec la mienne cependant, une vipère, un serpent à sonnette qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Et qu'avait-elle pu dire au proviseur qui avait été répété à ma gardienne ?
Avec un soupir, je prenais place sur le tabouret en face d'elle, faisant rouler ma pomme entre mes doigts dans un geste nerveux que je ne pouvais pas arrêter. Lui dire que ce n'était rien ne ferait que la faire insister, mentir était inutile étant donné qu'elle avait déjà une version. Et ce n'était pas parce qu'elle me proposait une activité qui me plaisait que cela voulait dire que je ne devais pas parler de l'incident, ça je l'avais bien compris.

"C'est juste....on faisait de l'éducation civique, avec le droit, les élections municipales etc. J'écoutais pas vraiment." Ça; c'était la partie facile à dire, mais comment expliquer qu'elle m'avait attaqué parce que j'étais une orpheline soit disant illettrée que la mairesse avait recueilli pour se donner bonne conscience ? Il n'y avait de bonnes façons de le dire, ni de bonnes façons pour l'expliquer. Et rien que de rejouer encore et encore la scène dans ma tête me faisait serrer le poing; et c'est la pomme qui en pâtissait finalement. J'attendis qu'elle est de nouveau planter ses dents dans sa pomme avant de finalement lâcher la bombe un peu trop rapidement. "Mrs. Kaa a dit que mon désintérêt pour le cours venait du fait que j'étais une orpheline illettrée que tu avais recueillis juste pour te donner bonne conscience." Par manque d'air, je prenais une brève inspiration avant de continuer "Alors je lui ai répondit que la seule illettrée dans cette classe s'était elle et que le jour où elle saurait écrire municipalité sans faute elle aura le droit de me donner des leçons"

Pour le coup, j'avais été très fière de ce coup d'éclat, méchante certes, mais fière. Elle avait tapée là où cela faisait le plus mal, et j'étais maudite si je ne lui rendais pas la pareille.

Finissant rapidement ma pomme, j'en profitais pour répondre finalement à sa deuxième question, masquant bien le fait que ces paroles mesquines qui avaient pu être prononcer m'avait réellement toucher. "Et pour répondre à ta question...je veux bien cuisiner avec toi ce soir. Mais on attend pas Henry ?" ; quand nous étions petit, c'était une activité que nous affectionnons tout particulièrement, ce qui n'était pas faux, jusqu'à peu, et avec surveillance nous étions autoriser à cuisiner seuls. Pourtant, j'étais bien incapable de savoir depuis combien de temps nous faisions cela, comme beaucoup d'autres choses et évènements échappant à ma mémoire.

Ils la craignent, pourquoi ? Parce qu'elle est froide ? Sans cœur ? Si seulement il la voyait dans le privé, comment elle prend soin de nous, prend de ce temps pour aider à nos devoirs, cherche les réponses quand elle ne les as pas, qu'elle ne les comprend pas et qu'elle peste de ne pas pouvoir aider comme il se doit. S'ils voyaient simplement plus que la façade qu'elle affiche à tous dans un sourire hypocrite. C'est une chose que je n'avais jamais compris, cette façade d'hypocrisie quand elle était si douce. Mais l'hypocrisie débordait-elle sur le privé ? Je n'y avais jamais cru mais avec les histoires d'Henry...il ne m'avait jamais menti. Je l'avais aidé à faire rester sa mère biologique mais à quel prix ? Quand il passait désormais plus de temps avec elle qu'avec nous, quand j'en venais à douter aux je t'aime que ma mère m'offrait. Ces je t'aime étaient-ils si sincères ? Et qu'aurai-je si comme lui ? Je retrouvais ma mère biologique ? J'aimerais croire que jamais je n'abandonnerai Regina mais l'avenir était si incertain ? Et cette guerre idiote qu'elles se faisaient...

J'hochais la tête, faisait craquer mes doigts en regardant un instant par la fenêtre, tentant de retrouver les souvenirs de ces après-midi doux, où tout était certain, un temps révolu qui passe et que l'on oublie. J'en avais où j'étais avec Henry mais si peu d'avant, si peu qu'on se demande depuis combien de temps dure ces absences. Puis je regarde Regina, écoutant ses questions, mesurant le pour et le contre, les conséquences de mes prochaines actions. A bien y réfléchir, ce n'était pas la première fois, enfin je crois. Mais était-ce si important ? Finalement je répondais, je montrais les crocs tel un animal sauvage que l'on tenterait d'approcher après l'avoir blesser... "Ce n'est pas la première fois. Mais laisse-là...je me défend à chaque fois ne t'inquiètes pas." A chaque fois, je lève le menton bien haut, à chaque fois je me défend, dans le silence ou dans le bruit, à chaque fois je lui fait comprendre, à chaque fois je reste là à regarder les conséquences de ses propres actions dans une presque vengeance dramatique. "Et des lasagnes...j'aimerais bien ça." dis-je avec un sourire

Douces saveurs italiennes d'enfance perdue, je voulais oublier mes erreurs, je voulais passer à autre chose.Ne plus douter de celle que j'appelais Maman, qui dans des histoires de contes de fées, que je ne contestait pas du fait des ressemblances mais desquels je gardais un certain recul, s'avérait être la Méchante Reine. Je ne voulais plus douter et simplement profiter...juste une soirée entre filles, entre une mère et sa famille.

Dans un sourire je consens, j'hoche la tête. En soit, ne pas en profiter était quelque chose d'assez facile...à dire pas forcément à faire. Parfois, l'impolitesse prenait le pas, simplement parce que je n'étais d'humeur, ou parce que je n'aimais pas la personne, années d'expérience d'une orpheline qui avait pris l'habitude de se méfier de tout et tout le monde je suppose, de mémoire, j'avais toujours eu ce léger défaut, ou avantage.
Je profitais de ce geste tendre un instant, l'accueillant avec un sourire aux lèvres et des yeux fermés. Profitant de cette proximité pour poser ma main sur son bras avant qu'elle ne s'éloigne pour sortir le nécessaire me proposant une tarte aux pommes en tant que dessert.

Un sourire vient étirer mes lèvres à l'idée du doux dessert sucré qu'elle m'avait appris, héritage de famille, mémoire de nombreuses après-midi. Quels dégâts les premières fois, ou plutôt, la première fois que j'avais essayé seule, accompagné d'un Henry beaucoup plus jeune. Comment nous nous étions débrouillés ? Une chance sans doute que notre mère ait senti l'odeur du brûlé dans son bureau. "Seulement si tu m'aides à disposer les pommes, c'est toujours plus esthétique quand tu m'aides" dis-je le dos tourné, imitant ma mère afin de récupérer tout ce dont j'aurais besoin, sélectionnant avec soin les pommes dans le panier tel qu'elle me l'avait appris. Rouge et brillante, pommes du Honeycrisp ; héritage familiale aussi qui nous avait vu grandir. Nous n'avions jamais réussi à la convaincre d'y installer une cabane, mais avec le recul, je comprenais mieux les raisons de ce refus. "Et ta journée ? Comment s'est-elle déroulée ?" Bien je l'espérais, tant qu'elle ne voyait pas Robin, tant que mister je sens le pin ne pointait pas son nez ou ne faisait pas parler de lui, tout pouvait bien se dérouler. Tant qu'Emma ne rentrait pas dans son bureau aussi cela dit, bien que cette hypothèse était bien moins probable que la première.

Avec son accord, des souvenirs embrumés de repas préparés dans notre enfance me revenait, le petit tablier par dessus une salopette enfantine, perché sur un tabouret pour atteindre des hauteurs qui m'était alors trop élevé. Je souriais et entamait le début de la recette familiale. Je roulais des yeux quant à la remarque sur sa secrétaire, je la trouvais plutôt sympa à vrai dire, du moins des quelques fois que j'avais pu la croiser, elle avait toujours été aimable et gentille ; peut-être n'était-ce qu'une façade finalement ? Tout du moins, maman devait l'apprécier un minimum, de mémoire, elle était celle qui était resté le plus longtemps, bien que je gardais peu de souvenirs des précédentes. "Moi je la trouve sympa et assez douée" dis-je en haussant les épaules.

Le silence prit alors place, rompue seulement par le bruit des ustensiles ; et je coupais ma quatrième pomme quand le secret fut brisé. Le couteau en l'air, je levais alors les yeux pour rencontrer le dos de ma mère. Je ne lui en avais pas parlé, à ma connaissance Henry non plus, quoi qu'il aurait très pu lui lancer cette remarque à la figure lors de leurs derniers coups d'éclats, ne restait alors qu'Emma. Que pouvais-je lui répondre sans la blesser. J'avais bien vu son regard lorsqu'Henry lui avait lancé lors d'une de leur énième dispute qu'elle était la Méchante Reine de ses contes.
Mon silence devait en dire long...alors, comme pour penser à autre chose que ma réponse, je me remettais à couper cette pomme. Tentant de trouver les mots justes, je me voyais mal lui dire que je m'étais laissé emporter par ces contes, parce qu'Henry ne m'avait jamais mentit, qu'il y avait effectivement un air de ressemblance entre Miss Blanchard et Emma, que l'idée qu'elle soit ma mère biologique était un doux rêve que j'aurais aimé être vrai. "Pour Henry...il a la chance de pouvoir connaître un peu plus sa mère biologique et se faire sa propre idée de sa personne" Prenant alors conscience de mes mots je rajoutais alors rapidement "Non pas qu'il ne devrait pas se contenter juste de toi je veux juste dire que je le comprend, j'aurais bien voulu connaître ma mère également" J'écarquillais les yeux, merveilleuse idée Raven, enfonce-toi un peu plus dans des explications maladroites. Je pestais mentalement contre ma personne avant de prendre une inspiration pour reprendre d'un ton plus calme. "Ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu es et resteras ma maman. Mais j'aurais voulu connaître ma génitrice, savoir quel genre de femme elle était et savoir pourquoi elle m'a abandonner." Je reprenais mon découpage "J'espère juste qu'Henry ne se perdra pas dans tout ça" Qu'il ne nous délaisse pas, qu'il ne mette pas ces contes de fées au dessus de tout...

Malgré moi, j’esquissais un petit sourire quant à la remarque sur sa secrétaire, il est vrai qu’elle avait toujours l’air de bonne humeur ; ça pouvait en être agaçant mais parfois, parfois sa bonne humeur éclairait les journées les plus sombres. Mais à cet instant, il n’y avait pas sa secrétaire pour redresser la situation, pour la détourner. Une mère n’était pas celle qui donner la vie, mais celle qui s’occuper de lui, chaque instant de ses journées, qui le protéger. C’était la raison qui faisait que Regina avait toujours été ma mère à mes yeux, pas celle qui m’avait donnée la vie, mais bien elle, la femme que tout le monde pensait froide et calculatrice mais qui m’avait aimé et donné tout l’amour qu’elle pouvait. Cependant, cela ne rendait pas moins les actions d’Henry légitime ; il avait le droit de connaître sa ‘mère’ biologique. Je supposais que c’était la rancune à l’égard de cette inconnue qu’idolâtrait Henry qui faisait qu’elle se montrait si hargneuse.

Puis il y eut un sifflement de douleur, une couleur carmin ; et elle montait à l’étage. En soit, cela aurait pu être un banal accident, mais maman ne se coupait jamais, trop adroite, trop sûre dans ses gestes pour une erreur si stupide que celle de se coupait. Si je lui laissais quelques secondes, le bruit sourd qui résonna à travers le silence de la maison me poussa à gravir les marches jusqu’à la porte de sa salle de bain. Mais arriver devant celle-ci, je ne savais que faire ; mes paroles avaient été maladroites, j’en avais conscience, mais elles étaient franches, sincères… Si Henry disait vrai, si elle ma mère biologique, alors il n’y avait aucune raison à l’abandon, cela n’était qu’un accident dû à une malédiction. Mais dans le cas contraire… Je voulais comprendre les raisons qui l’avait poussé à m’abandonner, et la remercier, la remercier de m’avoir inconsciemment placé dans les mains d’une mère aussi aimante que celle qui m’avait élevé.
Prenant une inspiration, je toquais finalement à la porte, trois petits coups avant de parler. " Maman ? " Mais seul le silence me répondit. Un million de pensées me venaient en tête ; est-ce que je devais écouter mon cœur et lui expliquer les raisons derrière mes paroles ? Jusqu’à présent, je n’avais jamais rien perdu à franchir la ligne de l’honnêteté mais…il suffisait d’une fois. La malédiction, le pacte avec Henry, ce n’était pas une chose à révéler, ce n’était pas un secret dont je pouvais briser le loquet. Le reste en revanche, qu’y avait-il de mal ou de bien à en parler. " Maman excuse-moi d’avoir évoquer ma génitrice… Je voudrais simplement comprendre, savoir si je lui ressemble un peu… et la remercier de m’avoir donné la vie et pour ensuite te la confier parce que c’est toi ma maman. C’est toi qui m’as élevé, qui m’as bordé après chaque cauchemar… Et je ne t’ai jamais dit merci pour ça parce que tu l’as toujours fait sans arrière-pensée. " Mettant finalement mon poing sur la porte, j’attendis quelques instants avant de finalement reparler " Je…je vais continuer le repas " dis-je alors en m’éloignant. J’aurais aimé pouvoir lui dire je t’aime, mais je n’avais jamais été très doué pour exprimer mes sentiments… Et si un je t’aime il devait y avoir, alors il ne serait pas chercher, il serait spontané.