Qui s'y frotte si pique - Feat Alexan

Sa quête pour trouver l'identité de ses parents progressait doucement mais surement. Il y a trois nuits de cela, ils trouvèrent une piste qui devait les mener sur une île isolée, où une communauté vivait recluse afin de protéger ce qui était, selon la légende, l'Œil d'Iris. Un item ayant appartenu à une divinité et qui, toujours en se basant sur les mythes, permettait d'obtenir les réponses à toutes les questions que l'on puisse imaginer. L'identité de ses parents, l'emplacement d'un trésor aussi convoité que la fontaine de Jouvence. Tout. Bien entendu, Pontos ne résista donc pas à la tentation et, après avoir libéré son indicateur de son trésor, lui et ses hommes décidèrent de passer une nuit au port. Le temps de faire le plein de provision, de s'amuser, avant de repartir. Ils ne s'attardaient jamais longtemps sur terre. Pas à cause de la nature à moitié mermen de Pontos, non, mais à cause de rumeurs affirmant que le Hollandais Volant avait survécu à la mutinerie de Pontos. Si le pirate leur mettait la main dessus, le gamin ne se faisait aucune illusion : il allait finir écorché vif sur une île. Au soleil. Avec les oiseaux prêts à le dévorer alors que la vie l'habitait encore. Avec l'Œil d'Iris, le jeune pirate serait également en mesure de vérifier cette histoire et de contrer les possibles attaques de son bourreau, de celui qui fut sa seule figure paternelle.

Bref, entre ça et le reste, autant dire que Pontos ne se trouvait pas dans la meilleure humeur qui soit. Il voulait se défouler, quitte à s'attirer des ennuis avec un autre membre de la marine illégale. En le voyant se lever après une rasade de rhum - dieu bénisse ce royaume, où il pouvait picoler sans se faire arrêter par M'sieur Une Main - ses hommes froncèrent les sourcils. Ceux qui le connaissaient depuis son enfance sentaient venir les ennuis. Les plus récents ? Ils secouaient la tête en sachant déjà que l'action ne tarderait pas à tomber sur leur groupe.

— Gamin, tu crois vraiment que c'est judicieux ? Tu n'arrêtes pas de dire que nous devons être discrets.

La voix de son second le fit grogner. Il fallait que cet idiot ait été une sorte de psy pendant le sort. Il ne cessait de le lire et l'aiguiller tel une conscience. Si Pontos ne l'aimait pas autant, il l'aurait viré. Seulement, dans cette vie comme de l'autre, le pirate veilla sur lui bien plus que n'importe qui. Ici, en le nourrissant chaque fois que Le Hollandais le privait de repas pendant des jours. Là-bas, en lui donnant des vêtements chauds et des affaires diverses.

— Je fais ce que je veux. Je suis de nouveau le capitaine. Tu n'as plus d'ordres à me donner. Ni d'avis.

S'il offensa son plus fidèle ami, ce dernier se contenta de soupirer en le voyant bousculer volontairement, de plein fouet, un homme que l'on venait d'appeler à une table. Un capitaine, tout comme lui. Un capitaine qu'il reconnaissait sans peine, car ce dernier l'arrêta plus que de raison à Storybrooke. Peut-être était-il temps de lui rendre au centuple toutes ses remontrances ? Après tout, Jones n'allait certainement pas le mettre derrière les barreaux maintenant. Ils se trouvaient tous les deux dans la partie la plus illégale de la vie.

— Mourir ? Va falloir prendre un ticket alors. Il paraît qu'un autre homme meurt d'envie de me faire rencontrer le diable. Quoi que... la mort que tu m'offres sera-t-elle rapide ? Dans ce cas, choisi ton arme, capitaine, et j't'en prie, je suis tout à toi.

Du coin de l'œil, il vit clairement son second en train de prendre les paris et d'en même temps se dire que son capitaine devait avoir des pulsions suicidaires. Plus encore depuis la malédiction. Des excuses. Lui. Faire des excuses. Cette fois, Pontos éclatait purement et simplement de rire. Alors là ! Même son père adoptif ne parvint jamais à lui arracher de tels mots après son huitième anniversaire.

— Écoute mon mignon, les seules personnes qui ont le droit à mes excuses sont celles que je fais hurler dans mon lit, lorsque l'extase les saisit, expliquait Pontos en entendant ses hommes ricaner. Tu veux que je te fasse crier, mon mignon ?

Oui, il cherchait clairement la merde cette fois. Cela faisait partit de son ADN.

— Emma peut même se joindre à nous, si tu veux. Elle verra ce que la jeunesse peut lui apporter.

Et le prix du pirate ayant le moins d'instinct de survie revient à.... PONTOS JONES !

Si on lui avait demandé s’il tenait réellement à mourir, Pontos aurait sans doute répondu oui, et avec un grand aplomb. Il ne tenait pas tant que ça à la vie. La seule raison le poussant à se lever tous les matins était de faire payer son existence à ses parents. Ses géniteurs plutôt, car il ne leur devait strictement rien. Une fois que ces derniers seraient morts dans les souffrances les plus terribles que l’on puisse imaginer, alors il n’aurait plus de réelles raisons de s’éterniser dans le monde des vivants. De toute manière, son histoire n’intéressait personne. Il n’avait rien trouvé à son sujet dans les livres de contes, dans le monde réel. Ça voulait bien dire qu’il ne comptait pas, même pour l’auteur. Peut-être qu’une prochaine vie lui permettrait de ne plus souffrir de cette manière ? D’ouvrir une page blanche sur laquelle il aurait une famille aimante. Ha ! Il trompait qui ? Sérieusement ? Enfin… Hook semblait vouloir lui rendre la fin douloureuse et surtout, le priver de sa langue. L’idée même lui arrachait un frisson. Quelques images de sa vie sous sortilège revenaient d’ailleurs le hanter, lui rappelant ce que son autre lui endura avant son arrivée à Storybrooke. Au final, peut-être que rien ne pourrait être pire.

— Vas-y, je t’en prie. Les paroles ne valent rien, tant que les actes ne suivent pas. Alors ? Vas-y, Hook. Ou les rumeurs disent vrais et tu n’es plus que l’ombre de ce que disent les histoires.

Autre point sensible avec le pirate : sa mère. Enfin, pas sensible dans le sens où cette femme lui manquait. Plus face à l’énervement que sa mention provoquait chez lui.

— Dans ce cas tu as un avantage sur moi, tu sais le visage qu’a cette salope. Tu as un nom, pour que je lui transmette mon bon souvenir ?

En disant cela, Pontos désignait l’épée qui pendait à sa ceinture, signifiant clairement qu’il comptait l’assassiner sans perdre son temps en bavardage. Tout ce qu’il savait, c’était qu’elle était une sirène. Il ne pouvait pas simplement se contenter de tuer toutes les sirènes, au risque de déclencher une guerre ouverte entre lui et le peuple des océans. Le contact froid du crochet arracha un rictus. Il ne baissait pas une seule fois les yeux, fixant sans sourciller celui qui était – sans qu’aucun d’eux le sache – son père. Il le mettait silencieusement au défit de faire jaillir son sang ici et maintenant.

— Oh tu crois cela ? Il faudrait peut-être demander son avis à la Dame.

Mais il savait aussi quand s’arrêter. Parfois. Il faut croire qu’il n’avait pas encore assez de rhum dans les veines. Peut-être qu’un passage au Pays des Merveilles lui permettrait de retrouver de quoi satisfaire ce manque qui le rongeait depuis son retour ici. Au moins, le monde réel possédait des merveilles à ce niveau.

— Allons bon. Je sais que tu m’as reconnu. Tu crois que je vais m’excuser ? Sérieusement ? Tu peux serrer ton crochet autant que tu veux, ma réponse restera la même : va te faire foutre. T’es pas mon père et t’as pas une assez grosse queue pour être ma mère.

En s’entendant, Pontos pouffait de rire. Cette phrase était vraiment étrange. Ok. Il était peut-être bourré au final. Un petit peu.

— T’es pas le seul capitaine ici, Hook. Je crois que nous n’avons pas été correctement présentés, après que le sort noir ait été levé.

Le plus jeune se redressait, feignant de repositionner son col correctement. Il savait que la légende entourant son navire le précédait. D’un geste de la main, il désignait la table où ses hommes buvaient tout en suivant leur échange. L’un d’eux lui fila même une nouvelle chope bien remplie.

— Voici, devant vos yeux ébahis, l’équipage au grand complet du Hollandais Volant, expliquait-il.
— Pontos, ça suffit, lui intimait son bras droit pleinement conscient du danger que cette information représentait. Si l’ancien capitaine était bel et bien vivant, il ne tarderait pas à retrouver leur trace maintenant.
— Silence. Qu’est-ce que je disais déjà… ha oui ! Bien entendu, un tel équipage n’est rien sans son capitaine. Je suis leur capitaine, j’ai tué le Diable en personne. Si des excuses doivent être faites, elles viendront de toi. Embrasse mes bottes, Hook, car je règne sur ton océan chéri.