All I am is a weapon [Pv Audren Graham de Vanily]

Mademoiselle Zhào. C’est étrange que ce carton d’invitation m’appartienne alors que ce n’est de toute évidence pas mon nom qui est inscrit dessus. C’est normal mais je ne m’y fais pas et je dois bien avouer que ça me rend nerveuse. Il ne manquerait plus que je fasse la maladresse de dévoiler mon véritable prénom. Il va falloir que je sois encore plus concentrée. La mission qui m’attend est celle pour laquelle je suis restée à Storybrooke au lieu de partir avec ma mère pour la Chine. Nous n’avons qu’un nom et aucune information sur la mafia que je dois démanteler mais je sais que Ladybug compte sur moi pour parvenir aux fins de cette organisation. Akuma. En japonais, ça signifie démon. Je ne sais pas s’il s’agit du nom de l’organisation mais je vais finir par le découvrir. Si les membres de cette mafia sont particulièrement difficiles à trouver, mes informateurs m’ont assuré qu’il y a des chances pour en trouver à ce fameux bal. Ça n’a pas été très difficile de se faire passer pour une riche héritière et d’obtenir une invitation.

Assise dans la voiture de luxe qui me conduit jusqu’au lieu de la réception, je regarde le carton d’invitation sans vraiment le regarder. Je ne suis pas très à l’aise, ce n’est pas bon signe. Qui dit bal de charité dit tenue soignée. L’organisation dont je fais partie m’a obtenu une robe de créateur. Heureusement, ce n’est pas une robe trop excentrique mais tout de même. Elle est très moulante, suivant chaque courbe de mon corps. J’ai l’impression d’étouffer dedans mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est ce que j’ai aux pieds : des talons. J’aurais pu m’en sortir avec des talons d’à peu près cinq centimètres -et encore. Ceux qui chaussent actuellement mes pieds me font gagner presque dix centimètres. « C’est la hauteur standard des talons qu’il faut porter à ce genre de soirée » m’a-t-on dit. Je n’arrive pas à comprendre comment ils peuvent avoir une telle confiance en mon équilibre. Je vais me ridiculiser… Je secoue la tête, vivement, et tente de me reprendre. Je dois avoir confiance en moi un maximum et y aller la tête haute. Le chauffeur m’indique que nous arrivons et je sors mon miroir de poche de mon sac à main pour vérifier que tout est en place.

Mon regard croise celui de mon reflet. Mes yeux bleu clair sont maquillés d’un fin trait d’eyeliner que je n’ai évidemment pas fait moi-même. J’aurais été incapable de me maquiller aussi bien, d’avoir un aussi beau teint et un rouge à lèvres aussi bien mis. Je me reconnais à peine… La voiture se gare et je replace rapidement mes très longs cheveux noirs avant de ranger mon miroir. Je regarde par la fenêtre et observe les escaliers qui mènent jusqu’à la porte d’entrée. Ma première épreuve. Je prends une grande inspiration, passe la lanière de mon petit sac sur mon épaule avant de sortir du véhicule. Je monte lentement les marches, me concentrant sur chacun de mes pas pour éviter de me tordre la cheville avant même le début de la soirée. Une fois devant les portes, un domestique me demande mon carton d’invitation que je m’empresse de lui donner. Il me laisse ensuite pénétrer dans la demeure et on m’indique la salle dans laquelle la soirée a lieu. Je ne m’attendais pas à ça. La pièce est immense, le plafond est vertigineux et tout ici hurle le luxe et les produits chers. Si je ne portais pas cette robe et ces quelques bijoux, je n’aurais pas du tout ma place ici. Je m’avance et observe autour de moi les hommes en costumes et les femmes en robes, attablés à des tables hautes avec des coupes de champagne -sans doute hors de prix- entre les mains. Un serveur s’approche de moi pour me propose un verre mais je refuse poliment. Je ne suis pas sûre de bien tenir l’alcool et il vaut mieux que je garde mes esprits. La seconde d’après, je remercie le ciel de m’avoir faite suffisamment raisonnable pour ne pas prendre d’alcool… puisque je trébuche sur mes talons et me rattrape dans les bras d’un parfait inconnu. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer son costard tâché du champagne que j’ai failli prendre… Même si la situation est déjà suffisamment gênante. Mes mains sont agrippées à ses avant-bras et je lève le menton pour ancrer mon regard dans le sien. Il a de sacrés yeux vert. Je cligne les mieux avant de reprendre mes esprits et de retrouver mon équilibre sur mes talons. Ça ne fait que deux minutes que je suis dans la salle et je fais déjà ma première maladresse…

-Je suis désolée, j’ai trébuché…

Je passe complètement inaperçue dans cette foule de personnes si riches et si élégantes. Je pensais avoir fait tous les efforts pour être aussi jolie mais comme souvent, je perds toute confiance en moi. Je n’en montre rien mais me sens invisible alors que je passe entre les tables rondes autour desquelles discutent tous les invités. Je ne suis pas certaine de pouvoir réussir ma mission et pourtant tout le monde compte sur moi. Vais-je avoir des informations sur cette mystérieuse organisation ? Et si je revenais bredouille ? Je dois jouer un rôle, celui d’une personne à l’aise en société et qui a les moyens pour être ici. C’est l’opposé de celle que je suis et j’ai l’impression que ma démarche me trahit. Jusqu’ici, on m’a guidée sur ce que je devais faire pour être à la hauteur mais ce soir, je suis livrée à moi-même. Je ne sais même pas ce que je cherche, qui je cherche. Dois-je prendre mon courage et m’incruster dans une discussion au hasard ? Serais-je rejetée ? Je me pose trop de questions et je sais que mon comportement met déjà en danger la réussite de ma mission. Je m’avance distraitement, concentrée sur le fil de mes pensées qui essaye de trouver la marche à suivre. Ce qui devait arriver arriva et si je ne suis pas vraiment surprise, je me maudis déjà de tous les noms.

Mes mains agrippent les bras d’un parfait inconnu pour m’éviter la chute la plus embarrassante que j’aurais pu connaître. Ses mains me rattrapent, me sauvant la mise, et je lève mon regard pour croiser le sien. Il a un charisme que je ne peux pas nier et j’ai la sensation que ses yeux verts peuvent lire en moi. Je parviens à me remettre sur pieds grâce à son soutien. Je m’excuse dans un murmure, espérant ne pas me mettre à bégayer alors que ma timidité ressort malgré moi. Ses doigts viennent replacer une de mes mèches de cheveux et mon cœur rate un battement face à ce geste inattendu. Mes joues chauffent, prenant une teinte rosée alors que mes yeux ne lâchent pas les siens. Je secoue doucement la tête et lui offre un sourire gêné.

-N-Non… Je n’ai rien grâce à vous. Ce sont ces talons, c’est vraiment un enfer à porter…

Je referme mes lèvres avant de dire plus de bêtises. Qui dans cette salle se plaindrait de porter des talons hauts ? Je m’empourpre encore un peu plus alors que je me trouve terriblement gênante. Je devrais faire plus attention à mes paroles, je ne dois pas avoir l’air très noble mais juste… ridicule. Je suis perturbée. Il me regarde alors que depuis mon entrée dans la salle, j’avais l’impression d’être invisible. Dans ses yeux, je me mets à exister et je n’ai pas la sensation d’être une intruse. C’est agréable, c’est comme si j’étais à ma place et j’en oublie un instant que je suis là pour une raison précise.

-Je… Je m’appelle Mary et vous ?

Je souris un peu plus en tentant de reprendre contenance. J’ai conscience que me présenter comme ça n’est encore une fois pas très élégant et que je vais sans doute faire fuir ce si bel homme… Oh, si ma mère me voyait, je sais qu’elle aurait honte de moi…

Je ne sais pas par quoi commencer. Ce n’est pas comme si c’était la première fois que je faisais ce genre de missions de repérage mais savoir qu’il y avait un autre membre de Ladybug me rassurait toujours. J’étais tellement plus confiante qu’aujourd’hui… Mon regard essaye de se concentrer sur chaque visage pour repérer les profils susceptibles de correspondre à celui qu’on recherche. C’est quelque chose que j’ai appris pendant la longue formation imposée pour rejoindre Ladybug. Je suis bien plus douée pour ça que pour me promener sur des talons vertigineux et inconfortables. Je dois rester calme et naturelle mais j’ai l’impression que mes pieds tremblent à chaque pas comme si les aiguilles qui me servent de talons manquaient de se briser. Je ne sais pas si je suis soulagée ou pas de littéralement tomber sur un inconnu.

C’est l’occasion de faire connaissance, d’avoir l’air « normale » malgré ma maladresse. Évidemment, au moment où j’ouvre la bouche, tout ce que je sors ne me permet pas du tout de passer pour une personne habituée par la richesse et ce genre de réception. Je m’empourpre doucement, je me rends compte de la bêtise de mes paroles. Personne ne se plaindrait des chaussures qu’elle porte, personne sauf moi, bien sûr. Il le souligne d’ailleurs et je deviens encore un peu plus rouge. Je cherche mes mots en tentant de remettre de l’ordre dans mes pensées. Je suis confuse, ça n’aide pas beaucoup.

-Oh… Oui, désolée, c’était un peu déplacé de m’en plaindre. C’est surtout de ma faute, si j’ai trébuché, je suis un peu maladroite.

Il faut que je trouve quelque chose à dire, que je parle d’autre chose que de ma maladresse. Je choisis de me présenter, comme si de rien n’était. J’observe l’homme d’un peu plus près, même si ce n’est pas difficile puisque nous sommes encore très proches l’un de l’autre. Il est très élégant dans son costume blanc, il se démarque des autres hommes -peut-être est-ce intentionnel ? Sur le carton d’invitation, les noms de famille « Graham de Vanily » et « Tsurugi » apparaissaient. Si je me trouve presque collée à un homme portant l’un de ces deux noms de familles, je ne sais pas si ça fait de moi la fille la plus chanceuse ou malchanceuse de la salle. Évidemment, je n’oserais pas lui demander son nom de famille, mieux vaut éviter que je ne me décompose davantage.

-Je suis ravie également…

Difficile de ne pas l’être face à un homme qui vient de m’épargner la chute la plus embarrassante possible.

-Eh bien, d’habitude, j’évite de boire mais j’imagine que je peux me laisser tenter par une coupe…

Je regarde autour de moi pour constater que la grande majorité des invités ont une coupe entre leurs mains. Je ne veux pas me démarquer même si j’imagine que je l’ai tout de même fait en assumant le fait que j’évite habituellement de boire. Niveau couverture, j’ai déjà fait mieux. Je prends deux coupes sur un plateau qui passe à côté de nous, m’éloignant un peu de lui pour lui tendre l’un des deux verres remplis d’une boisson sans doute trop coûteuse. J’essaye d’avoir l’air détendue avec un doux sourire.

-Que faites-vous dans la vie, Audren ?