(Naoki) Quand délicatesse rime avec détresse

w/   @Naoki Maeda       

Ruby était nerveuse. Elle n’avait jamais fait de photos auparavant de ses créations. Mais cela faisait parti du processus de fin d’année. Donc elle avait fait de jolies robes, des tenues assez légères pour la collection été. C’était quelque chose qui pouvait dépasser aisément n’importe qui : de shooter les saisons suivantes durant les précédentes. On colle des pauvres femmes en bikinis durant des froides nuits d’hiver et des parkas en été. Mais elle ne faisait pas les calendriers et ne désirait pas s’attirer les foudres de ses professeurs. Donc elle avait fignolée sa collection du mieux qu’elle pouvait et était assez satisfaite du résultat. Il y allait avoir deux changements majeurs dans sa vie. A savoir la présence d’une stagiaire coréenne, ce qui réjouissait fortement la slovène, curieuse d’en connaître un peu plus sur la mode édulcorée de ce pays intrigant. Et une mannequin japonaise, aux jambes immenses et à la renommée qui n’était plus à faire. Et elle avait rendez-vous avec la seconde aujourd’hui. Naoki. Quel joli prénom ! Elle mentirait si elle disait ne pas avoir été sur sa page instagram pour voir un peu son travail. Et cette femme était sublime. Sans aucun sous-entendu. Elle avait un visage de poupée et une force de caractère qui poussait au respect. Là où la slovène était gauche, timide et atteinte de bégaiement.

La jeune femme était donc arrivée en avance comme toujours, avait suspendu ses créations et était passée se prendre un café. Ruby aimait la silence avant la tempête et elle n’aimait pas parler. N’ayant que très peu d’amis, elle ne pouvait pas se socialiser. Puis avec une main bandée à cause de son agression, les choses n’iraient pas en s’arrangeant. Elle se délécta du nectar profond lorsque repos fut troublée par sa muse. Naoki. Elle resta en retrait, la regarda sans la mater et trouva qu’elle dégageait une sensualité manifeste. Ainsi, elle prit une gorgée de café en espérant avoir un peu de courage mais celui-ci lui fit cruellement défaut. Donc, espérant être invisible malgré son mètre quatre vingt-deux, elle se tut. Resta stoïque. Pour fixer sans ciller la jeune beauté qui semblait évoluer avec grâce et aisance.
Tout ce que Ruby n’était pas en somme.