((FB)) Moment of Peace - [Summer]

Avec une lenteur déconcertante, ses doigts effleuraient le dernier message envoyé par sa femme. « Ce midi, retrouve-moi au parc. » Aucun indice. Aucune explication. Rien d’autre qu’un lieu. Intrigué par cette requête simple, il n’avait omis aucune objection. Le ton solennel du message le troublait. Nerveusement, l’ongle de son pouce creusait la chair de son index. Une vaine tentative de canaliser sa nervosité naissante… Divers questionnements parasitaient son esprit. Sa rationalité s’envolait et laissait place à des eaux troubles. Face à ce stress, son corps réagissait. Une fine pellicule de sueur perlait le long de son front. Ses mains moites ralentissaient le mouvement obsessionnel de ses doigts. Incapable de se concentrer sur son travail, il se redressa brusquement et se dirigea vers les toilettes au long du couloir à gauche de son bureau. Lentement, de manière presque théâtrale, il s’humidifia le visage. La fraîcheur de l’eau le lénifia. Au-dessus du lavabo, son front humide s’appuya contre le miroir. Paupières closes. Il resta de longues minutes ainsi… Combattant ses doutes et ses pulsions dévastatrices engendrées par l’incompétence et la stupidité de certaines personnalités qui gravitaient autour de lui. Summer avait toujours eu le don d’apaiser Kai, de faire taire cette bête monstrueuse qui grouillait en lui comme un mal invisible. Un parallèle inconcevable quand on connaît la véritable nature qui sommeille en Kai. Ce gourou de secte muselé et oublié au plus profond de ses entrailles n’aurait jamais toléré ou même imaginé une telle situation. Storybrooke n’était qu’une illusion. Chaque habitant était une chimère. Mensonge. Aliénation. Faux-semblant. Un mélange explosif… Toutefois, cette utopie apportait son lot de consolation. Une vie parfaite. Une carrière fleurissante. Une femme obéissante et soumise… Tout ce qu’il aurait aimé obtenir dans une autre existence… Kai était heureux en mariage. L’unique ombre a ce tableau était leur difficulté à la concevoir un enfant. Ce mal, tout le monde en ignorait la cause… Aucun médecin n’avait réussi à trouver la raison de ce nombre déconcertant de fausse-couche. Aucun praticien n’avait eu la décence d’esprit d’aller creuser du côté de leur génétique. Il n’y avait aucune raison à farfouiller de ce côté-là. Deux noms différents. Deux vies opposées. Aucune interaction avant cet esclandre politique. Rien. Pourtant, la vérité était là, dans leurs gênes. Onze heures tapantes. L’heure tournait. Il n’y a pas de temps à perdre ! Énième soupir, il se redressa, ajusta sa cravate et retrouva son intimidant et sévère faciès.

De retour dans son bureau, sa voix grave dicta avec sévérité diverses directives. Pour profiter pleinement de ce moment avec Summer, il avait bloqué son après-midi. Sa secrétaire et d’autres pions avaient tenté avec diplomatie de le raisonner. Aucune influence ! Imbu de lui-même, Kai n’était pas façonné par les autres, c’est lui qui les façonnait à sa volonté. Quand il désirait quelque chose, il l’obtenait ! Summer était l’unique personne qui l’importait en ce bas monde. Personne d’autre. Seulement elle ! « Assez ! Le prochain, qui ouvre encore une fois sa grande gueule pour me dire quoi faire, finira licencier. Compris !? » Cracha-t-il avec véhémence. Ses collègues hochèrent simplement la tête.

Ses pas l’emmènent jusqu’au parc de la ville. À cette heure-ci, l’effervescent de la jeunesse n’avait pas empiété sur la quiétude de ce lieu. Ses iris balayèrent les environs à la recherche de son épouse. Une voix féminine le héla. Les bras effilés de sa compagne s’agitaient de gauche à droite pour attirer son attention. Aussitôt. Sans la moindre hésitation, Kai franchit d’un pas pressé les quelques mètres qui les séparaient. Summer était resplendissante comme à son habitude. À sa hauteur, ses bras s’enroulèrent autour de son trésor. Il privait l'univers de sa femme et la gardait jalousement pour lui, et lui seul ! Par sa simple présence, elle ôtait tous les doutes qu’envenimaient l’esprit instable de Kai… Plus rien. Elle le gorgeait d’une émotion nouvelle. Un affect, qu’il bénéficiait uniquement dans cette vaste illusion qu’était Storybrooke. En guise de bonjour, ses lèvres se scellèrent à celle de sa bien-aimée. L’étreinte fut tendre. Ce moment de félicité l’enivrait. À bout de souffle, il rompit à contrecœur ce baiser passionné. Sous les branches du feuillu, un léger bruissement accompagnait ce silence. Kai pouvait se perdre des heures durant dans ses yeux. Quelques fois, par gourmandise, ses prunelles glissaient vers la commissure de ses lèvres étirées par un sourire rayonnant. « Salut. » Souffla-t-il. « Pourquoi me faire venir au parc, Summer ? Si tu voulais me voir, tu aurais pu passer à la mairie. » Le politicien se stoppa net. L’idée le percuta de plein fouet. La surprise déforma ses traits. « Attends ! Tu es... Enceinte ? » Après tant de fausses-couches, Kai n’espérait plus obtenir un enfant… Le potentiel père de cette famille était impatient. Son regard insistant l’implorait de lui annoncer cette nouvelle !