Retrouvailles hasardeuses ou destinées liées [Pv Xenia A. Andros]

Je ne sais pas comment j’ai fait pour rassembler tout mon courage et intervenir. Je ne suis pas comme ça du tout, je suis trop timide pour faire ce genre de choses. Enfin d’habitude ! Qu’est-ce qu’il me prends ? J’ai le cœur qui bat la chamade tant je suis nerveuse alors que je m’avance vers la jeune femme. Je ne devrais pas faire ça. Si, je dois le faire. Mais est-ce que j’en suis vraiment capable ? Je ne sais même pas quoi dire ! Il faut que je m’avance un petit peu plus pour que je la reconnaisse brutalement. Il me faut un très court instant pour me rappeler de son joli prénom et je me sens tout à coup plus confiante. Je l’ai déjà rencontrée et ça me met plus à l’aise. Il y a des chances pour qu’elle ne me reconnaisse pas mais au moins ça me donne une idée pour la sortir de cette situation. Mon sourire s’élargit quand elle m’appelle par mon prénom. Elle s’en souvient ! Mon cœur se réchauffe à l’idée qu’elle ne m’ait pas oubliée même si ça date d’il y a deux ans. Glissant ma main dans la sienne, je l’emmène avec moi pour la sortir de ce mauvais pas dans laquelle elle semblait être. L’homme nous suit et ça m’angoisse terriblement. Ma main serre un peu plus fort la sienne alors qu’il l’interpelle et je tique. Xenia ? Pourquoi l’appelle-t-il comme ça ? Mes pensées s’embrouillent et je fonce vers la boutique pour nous y enfermer. J’espère que ça ne la dérange pas mais je préfère me montrer parano. Un lourd soupire nerveux passe la barrière de mes lèvres et je me tourne très vite vers la jeune femme pour m’inquiéter de son état. Je la vois assise contre un mur et mes lèvres se pincent. Je me doutais que ça n’allait pas, pas après ce qui lui est arrivé. M’avançant timidement, je m’accroupis à côté d’elle et pose ma main sur la sienne.

-Ne me remercie pas pour ça, je n’allais pas te laisser là !

Je n’ose pas lui poser des questions sur sa situation. Ce serait indiscret, non ? J’ai envie d’en savoir plus mais ce n’est peut-être pas le moment. A-t-elle changé de nom depuis son arrivée ici ? Comme moi ? Je sursaute alors que j’entends que quelqu’un essaye de rentrer en vain puisque la porte est verrouillée. Je me rapproche un peu plus d’elle pour me montrer rassurante. À tous les coups, c’est lui. Il est bien insistant… Je n’aime pas ça. Ça me hérisse le poil et je me penche vers la porte.

-Allez-vous en ou j’appelle la police !

Je hausse le ton pour qu’il m’entende et les bruits venant de la porte cessent. Je sais que je ne suis pas particulièrement autoritaire mais apparemment, ma petite menace a suffi à faire fuir l’indésirable. Je soupire une nouvelle fois avant de me lever. Je me dirige vers le comptoir et récupère la tasse de tisane que j’étais préparée sans avoir le temps d’y toucher avant d’entendre l’altercation dans la rue. Elle est encore chaude et je reviens auprès d’Aisha pour la lui tendre.

-Tiens, ça va te détendre., une question me brûle les lèvres et je baisse les yeux, inquiète, Est-ce que ta vie est en danger ?

Si on m’avait dit aujourd’hui que je viendrais à la rescousse d’une jeune femme et qu’elle se trouverait être une vieille connaissance, je ne l’aurais pas vraiment cru. Ma vie est un long fleuve tranquille et je m’en contente assez bien. Le fait de savoir que je ne manque de rien est déjà suffisamment réconfortant. Fut un temps où je me demandais si je me remettrais du fait que mes parents m’ont rejetée. Aujourd’hui, je suis heureuse que ce soit arrivé parce que je suis bien plus épanouie ici et la qualité de ma vie est bien plus élevée. Une fois à l’abri dans le magasin, je me sens déjà un peu plus détendue et retrouve mon éternel sourire. Je me demande ce que cet homme lui voulait, il avait l’air de la connaître plutôt bien ou se trompait-il de personne ? Ma main posée sur celle d’Aisha, je tente de la rassurer par ma présence.

-Tu ne pouvais pas savoir, nous ne sommes pas vraiment restées en contact après notre première rencontre !, et je me rends compte que nous aurions peut-être dû, finalement, J’ai emménagé à Storybrooke il y a deux ans, et toi ?

Nous sommes interrompues par l’homme insistant déjà pour entrer dans le magasin. Mon sang ne fait qu’un tour et même si je n’ai pas beaucoup de force de caractère, je me redresse rapidement pour dire les premières choses qui me passent par la tête. Je vois bien qu’Aisha est mal à cause de cet homme et je ne comprends pas qu’on puisse s’en prendre à elle de cette façon. Nous ne sommes pas si proches mais j’ai passé de bons moments avec elle à Hawaï et je sais que c’est une fille bien. Si je ne veux pas être trop indiscrète, je m’inquiète tout de même de penser sa vie en danger. Après lui avoir apporté une tisane pour l’apaiser, je m’assieds à côté d’elle. Elle s’ouvre un peu et je reste silencieuse, l’écoutant avec attention. Je comprends mieux pourquoi l’homme l’appelait Xenia, j’imagine qu’il s’agit de son véritable prénom.

-Oh je vois… C’est horrible, tu devrais pouvoir être libre de faire ce que tu veux et d’épouser qui tu souhaites. Ça devait être beaucoup de pression sur tes épaules.

Je jette un coup d’œil vers la porte vitrée pour vérifier que l’homme ne soit plus là. Même si je ne le vois pas, je pense qu’il est plus prudent que nous restions encore un peu à l’abris. Je ne sais pas quel est le rôle qu’elle tenait dans son pays mais si elle est à ce point recherchée, je doute qu’il abandonne de sitôt. Je me tourne à nouveau vers elle et lui offre un petit sourire inquiet.

-Qu’est-ce que tu vas faire maintenant qu’ils vont savoir que tu vis ici ?

La retrouver, même dans ce contexte, me fait vraiment plaisir. Je ne sais pas expliquer ce qui nous a empêché de garder contact mais rien ne sert de repenser sans cesse au passé, je préfère me concentrer sur le futur. Le sien a l’air plutôt incertain, surtout si des hommes la recherchent aussi sérieusement. Mes yeux s’arrondissent quand elle m’apprend qu’elle habite à Storybrooke depuis deux ans, elle aussi.

-Sacrée coïncidence ! Note, la ville est plutôt grande, peut-être que le destin voulait qu’on ne se retrouve qu’aujourd’hui.

Je ris doucement. Je ne suis pas sûre de croire au destin mais il faut souligner que le hasard fait parfois bien les choses. Je suis intriguée par son histoire et ce qui la pousse à devoir se cacher mais je ne veux pas me montrer indiscrète. Je comprends vite sa situation quand elle me l’explique dans les grandes lignes. Je ne comprends pas que des parents puissent se comporter comme ça avec leurs enfants, je sais ce que c’est, que de ne pas être acceptée pour ce qu’on est et ce qu’on veut devenir. Avec un petit sourire réconfortant, je pose ma main sur son épaule.

-Maintenant, tu peux avoir des amis. Je suis là pour toi, tu n’as plus à rester seule.

Quand je l’entends parler, je penche un peu la tête. J’ai l’impression qu’elle avait un rôle vraiment très important. Quand je l’écoute, je pourrais même croire qu’elle était une princesse. Après tout, un mariage forcé, une éducation solitaire mais distinguée et un pays à diriger ? Je l’imagine presque être une future Reine ! Si c’est son secret, je comprends qu’elle ne veuille pas le révéler et je ne relève d’ailleurs pas. Ce serait intimidant de se retrouver proche d’une Princesse, je préfère la voir comme Aisha, une amie. Je me redresse en la voyant se recroqueviller et attrape un post-it sur le comptoir pour y inscrire mon adresse. Je reviens ensuite vers elle pour lui tendre le papier.

-Tiens, c’est mon adresse. Si jamais ils finissent par trouver où tu habites, tu peux toujours venir te réfugier chez moi. C’est petit mais je suis certaine qu’ils ne penseraient jamais à venir te chercher là où je vis. Fuir éternellement, ce n’est pas vivable, je suis sûre qu’on peut trouver une solution pour que tu restes à Storybrooke.