(Grindelwald) Si tu ne veux pas finir en rôti, je te conseille de parler.

Smaug ne savait pas où elle était. Alors qu’elle survolait une ville quelconque, elle avait conscience qu’elle avait quitté la Terre du milieu en traversant ce portail. Et du coup, elle se retrouvait dans un endroit inconnu. Du haut de ses deux mètres de haut, elle s’éleva au-dessus des nuages pour se laisser planer, tant cette sensation de liberté lui faisait du bien. Elle adorait voler. Il est vrai qu’à rester terrer dans les mines d’Erebor pendant quatre siècles l’avaient un peu empâté. Et ce n’est pas ses deux années de vie humaine qui lui dirait le contraire. Lasse et désirant trouver un nain pour le croquer, elle piqua un grand coup vers le sol avant d’atterrir dans un fracas assourdissant dans ce qui semblait être des plaines. Là où les wyrms marchent sur leurs ailes, elle était pourvue de deux pattes avant très proéminentes qui raclaient le sol à chaque pas. Son museau ne le trahissait pas. Il y avait de la bouffe dans le coin. Seulement, elle n’arrivait pas à mettre un nom sur l’odeur. Les humains avaient cette odeur insipide qui la dégoûtait, les nains sentaient le gras et les elfes, la verdure. Loin de pouvoir se tapir à cause de ses deux cents mètres de longueur, elle tomba sur un wyrm. Tiens, tiens, ils existent donc dans ce monde. « Dégage, je chasse, lui ordonna-t-elle mentalement. » Mais la bestiole tourna la tête vers elle, ne semblant pas entendre ce qu’elle disait. Encore une espèce inférieure peu développée. Le wyrm s’avança vers elle, marchant sur ses ailes, ce qui eut don de la révulser avant de cracher un jet de flammes à son intention. Smaug ne cilla pas. Ne bougea pas. Etant un dragon de flamme, elle ne craignait pas le feu contrairement aux dragons de glaces. Très grande, elle se redressa pour le surplomber de plusieurs mètres avant d’élever ses pattes avant pour ouvrir la gueule du pauvre wyrm sans défense. Sa gueule se retroussa alors qu’elle dévoilait des dents acérées, prêtes à déchiqueter son adversaire. « Barre-toi. » Son ton était caverneux, masculin alors qu’elle relaxa son semblable qui s’envola à tire d’aile. Satisfaite d’avoir dégagée l’intrus, elle repartit en chasse lorsqu’un autre fumet vint jusqu’à ses oreilles. Un homme. Corpulence moyenne. Un magicien. Il empestait la magie à des kilomètres. Se retournant, elle toisa le nouveau venu, reniflant alors que ses pupilles se contractèrent et qu’elle leva son poitrail qui commença à s’illuminer. De la fumée sortit de sa gueule tandis qu’elle envisagea un bon petit barbecue. « Qui es-tu ? » Là où Safiya était une peste, Smaug était la cruauté à l’état pur. « Parle vite, humain, si tu ne veux pas que je rôtisse. » Il tenait un étrange bout de bois à la main. Pathétique. Les humains sont décidément tous pathétiques.

Safiya est trois fois plus grande que le vermisseau qu’elle est en train de mater. Déjà qu’est-ce qu’elle fout dans ce monde ? La terre du milieu ne lui manquait pas un seul instant. Elle essaie donc de parler avec la chose que les humains de ce monde appellent « dragon » mais il n’en répond pas. C’est affligeant, il n’y avait personne avec qui avoir une conversation digne de ce nom. La dragon -qui est en fait un dragon- souffle alors que le wyrm s’envole affoler. Petite créature fragile du haut de ses cinquante mètres alors qu’elle se pose avec fracas sur le sol. Son odorat ne l’y trompe pas. Il y avait un humain dans le coin. Ça sent l’humain en tout cas. Nullement affolée et plus qu’affamée, elle se tourne pour descendre la tête. Encore et encore. C’est vrai qu’ils sont tous petits les mortels. Si elle avait pu, elle aurait arqué un sourcil mais à la place, elle se contente de rire de sa voix grave.

« Mon chou, tu es mortel et tu empestes l’humain. Donc tu es un humain. » Après tout, même cet abruti de Gandalf était mortel lui aussi. Bien que plus vieux que la normale. Elle se penche donc pour fixer l’espèce de bout de bois qu’il tenait dans ses mains ? « Je m’appelle Smaug et je suis un dragon. Un vrai dragon. Pas comme le vermisseau qui vient de se barrer. » Il était clair qu’elle n’était pas de ce monde-là. « Range ton cure-dent, petit. J’ai deux millénaires, tu ne me blesseras pas avec ça. » Car il n’y avait qu’un seul moyen de la tuer et il ne possédait pas ce genre de flèches ici. « Alors Gellert, dis-moi, pourquoi devrais-je ne pas te manger ? je t’avouerai que je m’ennuie et te voir débattre pour ta vie est un très bon divertissement. »