(( in the lion's den )) — .･✧ kai & winter.

« SALOPE ! » Message de trop, qui condamna la discussion. Visage crispé. Poings serrés. La rage s’accumulait. Sous pression. L’animal se leva sous les yeux inquiets de certains de ses partisans. Personne n’osait confronter Kai à cet instant. Ils se turent. Acculés contre les murs, ils espéraient que leur présence soit oubliée par le leader. Comme une bête en cage, il faisait les cent pas. Elle ne lui répondait pas. Elle osait le passer sous silence. Elle défiait son autorité. Kai n’avait jamais réellement puni sa sœur de ses écarts de conduite. De toutes les femmes, qui l’avaient entouré, sa sœur avait une position spéciale. Des favorites, il avait longtemps prétendu en avoir ! Meadow, Ivy, Beverly et d’autres à Storybrooke. Dites à des partisans ce qu’ils veulent entendre et ils obéiront, mais la douce Winter faisait partie d’un autre cercle, celui de la famille. Rudy, l’ainée de cette fratrie, n’avait jamais été d’un grand attrait pour Kai. Trop soucieux pour son cabinet et sa carrière professionnel, Rudy ne s’était jamais réellement préoccupé de son frère et de sa sœur. Profond égoïste, il préférait se complaire dans sa réussite et dans son opulence, laissant ces âmes à la dérive, contrairement à Winter. Cette jeune femme avait toujours été là pour lui, au détriment de sa propre personne. Qu’importent ses choix, sa folie ou même ses délires, sa sœur se tenait à ses côtés, pour le meilleur et pour le pire. Toutefois, les souvenirs à Storybrooke n’arrangeaient en rien sa colère. Cette réalité lui avait apporté des choses que son propre cœur ignorait… Des choses, que lui-même refusait de concevoir et d’accepter…

Un cri de rage s’éleva. Les objets de son bureau volèrent en éclats. Dans une furie noire, il ne contenta pas à son bureau. Quasi l’entièreté de la maison subit le même traitement. Du verre et diverses babioles décoratives jonchaient le sol. Des meubles avaient été retournés. Un véritable ouragan était passé ! Apeuré par le courroux du Souverain Divin, aucun fidèle n’arrêta sa rage divine. La course de Kai s’arrêta dans sa chambre. La porte claqua férocement. Les murs tremblaient encore de son passage. Il jeta son téléphone sur le lit et vint s’asseoir. Ses coudes s’appuyèrent sur ses genoux. Ses mains agrippèrent furieusement son crâne. Yeux clos. Respiration saccadée. Il ne bougeait pas, tentant de canaliser ses envies destructrices. Ses doigts passèrent grossièrement son visage. Le calme reprenait difficilement de l’ascendant sur cette âme déformée et pervertie par diverses abominations. Dans ce silence angoissant, on entendait ses profondes et erratiques inspirations et expirations. Pour l'appâter et la convaincre, Kai devait adapter sa stratégie d’approche. Il connaissait ses brèches et ses doutes… Une goutte de son poison et les dernières barrières de Winter céderont. « Notre famille aurait pu être différente... » Avait-il débuté.

Sourire triomphant. Sa main déposa son téléphone sur son lit. Winter avait mordu à l’hameçon. Elle revenait à lui, prête à être lavée de ses péchés. Kai resta isolé, réfléchissant à la suite de son plan, à la suite des événements… Et, par-dessus tout, à la désobéissance de Winter.

« Oui. » Sa tête pivota en direction de la porte. Son regard intense ne la quittait pas. Son visage restait fermé. Imprévisible. Kai la laissait venir à lui. Cette étrange quiétude n’annonçait rien de bon. Un fin sourire traversa son visage lorsqu’elle lui présenta le sandwich. Les offrandes ne marcheront pas, Winter ! Brutalement, sa main empoigna l’assiette. Les tremblements de Winter ne s'appliquait plus que la moitié de l'assiestte. Avait-elle peur ? Cette interrogation lui arracha un rictus. « J’ai plus peur de toi, tu m’as trop détruite je suis déjà morte. » Lui aurait-elle menti ? Sans un merci. Sans une quelconque affection. Il déposa l’assiette sur la table de chevet. Dès qu’il lui fit face, son petit doigt se dressa. « Ton petit doigt. » Winter savait ce qu’il attendait de sa part. « Tu connais les règles. » Ses mots étaient détachés. Peu chaleureux. Ses iris bruns s’ancrèrent sur sa personne. Lorsque le contact fut initié, Kai respira profondément. « Toute la vérité. Franchise brutale ! » Il marqua une pause et raffermit l’étreinte de son petit doigt sur celui de sa femme. « Dis-moi ce qui remplit ton cœur d’effroi ? »

Ordalie. Le procès de Winter s’entamait péniblement sous les dires de la jeune femme. Sans son berger, cette pauvre brebis s’était égarée. Jugée innocente, Dieu, l’aidera à surmonter cette épreuve et à l’accompagnera jusqu’à sa place. Jugée coupable, la colère divine s’abattra sur elle. La justice de Kai était irrévocable et implacable. « Tu as peur de m’aimer ou tu as peur d’affirmer que ton amour pour moi est incestueux ? » Winter semblait fuir ce mot avec hargne. Il allait donc la confronter. « L’inceste… Cette étiquette a été créée par la gauche afin de diviser, de créer des groupes d’intérêt spéciaux qui passeront avant l'intérêt général, Winter. Sans étiquette marquée sur la peau, un homme n’est fidèle qu’à ce qui est juste. Qu’est-ce qui est juste pour toi, Winter ? Tu préfères bafouer notre famille pour des principes, une morale, qui ne t’apportera rien. Pour te prouver que tu rentres dans la bonne étiquette de la bi féministe et démocrate ? » Agacé. Une longue expiration s’entendit. « Tu n’es rien dans ce monde, Winter… Rien ! Que tu couches avec moi ou que, par le passé, tu te sois fait sodomiser par Scottie Mickles. Le monde ne se souviendra pas de toi pour ça ! Personne ne sait ce que tu caches, sauf moi. » Le gardien des peurs reprenait son rôle. Prêt à enfermer ses chimères au plus profond. « L’inconnu t’effraie ? » Kai étouffa un rire amer. Le mensonge rognait sa patience. Il abhorrait ça. « MENTEUSE ! » Cria-t-il soudainement. Son regard s’assombrit subitement. Gare au courroux du divin, Winter... « A Storybrooke, tu as expérimenté cette vie. Tu m’as aimé. Je t’ai aimé. Tu t’es offerte à moi et je t’ai prise. On a couché ensemble à plusieurs reprises dans l’espoir d’avoir un enfant. Notre bébé messie. Tu as toujours été consentante à ce que je te prenne. Tu n’as jamais refusé que je m’allonge sur toi pour te faire l’amour. Tu as toujours été à mes côtés. Tu as été ma femme, ma confidente et la mère de mon fils. Je ne regrette pas notre vie dans cet endroit. » Malgré le côté manipulateur de ses propos, il y avait un fond de vérité. Kai n'enviait pas spécialement sa vie à Storybrooke, mais enviait certains aspects de celle-ci comme sa relation avec sa sœur. « Sans ta morale... Sans ces interdits oppressants… Tu pourrais goûter au bonheur que tu cherches, Winter. À la libération que tu as toujours voulue. Pourquoi te refuses-tu à ce désir ? »

Le gourou restait de marbre. Il écoutait. Le visage de sa sœur appelait à la contemplation. Il ne pouvait pas succomber à ses vils désirs. Seul, son objectif importait. Ses envies suicidaires ne s’étaient jamais manifestées à Storybrooke. Du moins, pas à la connaissance de Kai. Consciemment, elle venait d’offrir à son frère les armes pour cette bataille. « Tu n’as jamais eu de telles envies à Storybrooke ? Tu étais radieuse. Tu voulais toujours qu’on aille au parc le dimanche matin, tu disais qu’il y avait moins de monde à ce moment-là pour profiter du lac. Tu étais épanouie avec moi et je t’ai toujours protégé. » Un léger sourire illumina son visage. Un souvenir heureux de leur ancienne vie, qui se fana rapidement. « Regarde-toi. Tu me tournes le dos. Tu refuses de m’accueillir en ton sein. Et tu tombes dans la débauche. Ivy ou les autres ne t’ont jamais offert, ce que je t’ai offert, Winter… Je te connais mieux que quiconque. Je suis ton grand frère ! » Possessif. Indigné. Un soupir agacé interrompit son monologue incessant. « Je t’aime tellement. » Sincère révélation. Indéniable sentiment, qu’il ne pouvait ôter. Au Michigan, A Storybrooke ou même à cet instant, son amour pour Winter n’avait jamais failli. Certes, il s’exprimait de manière chaotique et toxique, mais il ne connaissait pas d’autres moyens. Le conventionnel n’était pas la tasse de thé de Kai. « Alors, femme, qu’est-ce qui te retient de passer la lame sur tes frêles poignets et de t’offrir cette libération ? » Kai l'accablait de questions. La mettre sous pression faisait partie de son perfide stratagème.

Son poison avait son office. Il avait gangrené l’esprit de Winter, effritant sur son passage ses ultimes barrières mentales. Fièrement, elles tenaient bon, mais Kai savait parfaitement qu’il prenait l’ascendant sur elle. Winter perdait pied. La violence ne lui aurait rien apporté ! Elle y était malheureusement habituée. La douleur physique n’avait aucun intérêt. Ses souvenirs, les souvenirs qu’ils avaient partagés à Storybrooke étaient la clef ! Vicieux, l’esprit humain ressassait perpétuellement les souvenirs, quelques fois en imaginant des scénarios différents. Il n’y avait pas pire venin ! Pourtant, lorsqu’un passé cruel et amer a amené un présent prospère et idyllique, il n’est pas difficile de le confronter. Le contraste entre les deux vies redouble et étoffe ce bonheur et l’avenir de ce présent est d’autant plus radieux. Bientôt, elle le comprendra. Bientôt, Winter acceptera et embrassera cette voie. Inconsciemment, a Storybrooke, elle l’avait adopté. Au début, les deux individus ne pouvaient pas se voir. Une relation née du chaos divergent de deux têtes pensantes, mais l’un des deux absorba l’autre. Kai avait modelé Summer à son image et leur vie était incroyablement parfaite. Ici, à Brookfield Heights, Winter était façonné différemment. Plus libre. Elle n’hésitait pas à le confronter, à le défier par moment. Leur vie commune était un désastre sans fin… Tout volait en éclats, car Winter avait gagné, ce que Summer ne possédait pas, la vérité… De ce chaos, leur relation pouvait renaître. Elle n’était pas condamnée ! Ce schéma pouvait se reproduire… Il suffisait de certains compromis moraux.

Son visage se paradait de dégoût. Winter pouvait se complaire dans le mensonge, dans cette illusion. Solal était toujours là pour lui rappeler son erreur. « Notre enfant n’est donc qu’une illusion pour toi ? Tu refuses d’admettre la vérité qui se présente à toi, Winter ! Que vas-tu dire à Solal ? Qu’il n’a été qu’une erreur lors de sa conception ? » La contrariété se lisait sur son visage. Pourquoi le préserve-t-elle de la folie de son père ? Pourquoi l’avait-elle pris avec elle lors de sa fuite ? Elle aurait pu le jeter en pâture à Kai et disparaître à l’autre bout du monde, seule. Solal restait un point sensible chez Winter. « Tu veux le priver d’une vie avec ses parents ? » Jeunes adultes, Winter et Kai avaient vécu la tragédie de perdre leurs deux parents la même nuit. Ils ne connaissent que trop bien cette souffrance… Avait-elle réellement envie de l’infliger à son propre enfant ? La réponse demeurait dans ses agissements et était pourtant si claire pour lui. L’évocation de Storybrooke lui porta le coup fatal. La bête était à terre, agonisante, réclamant le pardon. Ses sanglots redoublèrent en intensité. Son triomphe était proche.

Dès qu’elle sombra dans ses bras, le gourou abandonna son rôle de juge. Ses larmes s’imprégnaient peu à peu sur son habit. Son bras libre s’enroula autour d’elle. Son Dieu fit l’impensable. Son petit doigt se désarticula et se libéra du sien. Il venait de rompre son propre rituel. Pourtant, l’atmosphère restait la même. Ce lien restait inchangé ! Kai lui offrait une dimension bien plus profonde et tangible. Ses bras créaient un puissant étau autour d’elle. Réconfortant. Protecteur. Kai prenait position en tant que grand frère… En tant que mari. Le divin savait également se montrer généreux envers ceux qui obéissent, envers ceux qui expient leurs péchés. Sa tête se posa délicatement sur la sienne. Profondément satisfait, proche de la jubilation. Chaque pleur était une doucereuse mélodie à ses oreilles. Chaque soubresaut le rapprochait de son but. Sa main, dans son dos, se mouvait légèrement. À mesure que sa cage thoracique se levait, Kai y appliquait une brève caresse, qui semblait apaiser les pleurs suivants. « Winter… » Souffla-t-il. Son visage se redressa et se planta devant le sien. Cette proximité était dangereusement. Kai le concevait parfaitement et en jouait. « Je ne veux pas te perdre. J’ai besoin de toi dans ce monde merdique de traîtres, de menteurs et d’infidèles. » Des mots parfaitement choisis. Il la renvoyait à son ancienne condition, à ce qu’elle avait commis. À son ultime péché. Une nouvelle punition ? Non, Winter avait déjà été châtié. En sa profonde clémence, il lui tentait l’absolution. « Me seras-tu toujours loyale… » Leurs souffles se mêlaient. La tension était palpable. Ses yeux s’étaient radoucis. Ce voile noir s’était quelque peu éclairci, offrant à Winter un vestige de Storybrooke : son mari.

Toujours sous l’influence du rituel, Winter taisait ses réponses. Ses jérémiades aux creux de son épaule lui démontraient une sincérité qu’aucun mot n’atteindrait. Conscient du pouvoir de cette attraction, Kai ne la brisa pas. Tout était parfaitement orchestré. Ses yeux profonds et brumeux irradiaient d’une réconfortante et attrayante chaleur. Ses traits assouplis par une exaltation étrangère l'illuminait. Son souffle toxique et étouffant asphyxiait chacune de ses réfutations ou même pensées. Ses caresses agréables et vénéneuses l'achevaient cette silencieuse mise à mort…

Son petit doigt férocement ancré au sien. Kai était victime de son propre rituel. Winter le mettait dos au mur, le forçait à avouer sa vérité. Si le Divin ne respectait pas son rituel, qui le respecterait ? Kai ne bougeait pas. Il dissimulait sa surprise derrière son masque. Il restait de marbre. Rien ne transparaissait à cet instant. Ses iris abandonnèrent cette illusion, le mari n’était plus qu’un songe. Le gourou avait repris sa place sur le trône. Son regard s’assombrit immédiatement. Comment osait-elle retourner ses propres armes contre lui ? Cet affront ne resterait pas impuni. Personne n’avait osé inverser les rôles ! Chaque pion savait parfaitement où était sa place sur son échiquier et il la chérissait, sans aucune interrogation. Ses brebis n’étaient pas là pour réfléchir et innover le monde, elles n’étaient là que pour nourrir et exécuter la volonté du berger, du gardien. Les bêtes galeuses, il y en avait eu. La mort fut la seule voie. La force de Winter s’exerçait sur son auriculaire mollasson. Aussitôt, sa prise se raffermit férocement. Son doigt emprisonnait, écrasait celui de sa sœur. Douloureux ou non, il s’en foutait royalement. Kai imposait sa domination sur elle. Il la regardait avec mépris, avec condescendance. Fait comme un rat. Soumis à l’inviolable, aucune échappatoire n’était possible.

« Et toi ? » La rage alourdissait son esprit. Sa fureur redevenait tangible, menaçante. Sa loyauté ? Kai, profond narcissique, ne vouait qu'à sa propre personne. Cependant, Kai ignorait que sa loyauté s’était subdivisée. Winter importait ! Mais l’avouer à vive voix, exposer cette vulnérabilité lui brûlait la langue. « Tu es partie pendant dix jours avec Solal, tu es toujours vivante. Le caméraman de Beverly, pistolet à clous, mort pour sa faiblesse. Les Chang, morts, poignardés. Vince, mort pour trahison, comme un pourceau ! » Kai se rappelait de chacun de ses meurtres et cette enivrante sensation de toute-puissante. Seul, lui décidait de leur destinée. Grisant. Électrisant. Un frisson parcourra son échine. Kai bougeait légèrement son épaule pour étouffer cette doucereuse sensation. « Et tant d’autres infidèles ont été punis. » Rire étouffé. Amer. Ally courait toujours, à l’extérieur. « Quand je t’ai tué, ce jour-là. » Blessure douloureuse. Il avait pleuré sa sœur. Des larmes rares. Ce jour-là, elle était morte pour rien. La taupe sévissait impunément parmi ses rangs, alors qu’il enterrait Winter. Fidèle, elle l’avait toujours suivi. Innocente, elle ne l’avait jamais trahi. Ally et sa paranoïa l’avaient condamné… Cette morte restait son seul et unique remord. « J’ai pleuré ta mort, Winter. Ce jour-là, tu es morte pour rien. Cette… » Sa fureur redoubla en intensité. Cette femme restait un sujet compliqué pour Kai… Il lui vouait une colère sans précédent. Pour son bien à elle, Ally avait intérêt à faire profil bas. Le gourou n’attendait qu’une chose : un simple signe de vie pour la déchiqueter, l'annihiler, comme elle avait détruit sa famille ! « Pute d’Ally… A réussi à me tromper. CETTE PUTAIN DE TRAÎTRESSE ! » Comme le grondement de l’orage, sa voix tonna sèchement. Sa haine déformait ses traits, mettant en avant la musculature de son cou. Sa respiration saccadée se resynchronisait reprenant un rythme régulier. Un calme glaçant l’envahit. Sa cage thoracique se releva et un profond soupir s’entendit. « Je ne referai pas la même erreur qu’avec cette salope. Tu m’as toujours accompagné, Winter. Je l’ai oublié. Je n’aurais pas dû te laisser partir… Tant que tu m’offriras la tienne et que tu te tiendras à mes côtés, je ne te ferai rien… Alors, oui. Je le serai. » Annonça-t-il froidement. Kai n’avait pas bougé. Tout au long de son monologue, il avait entretenu cette tension avec sœur. Son souffle avait chauffé ses lèvres à chaque fois. Sa véhémence lui avait ôté bien des soubresauts. Cette proximité, qu’il lui offrait, la rendait spéciale…