Ding dong, ça redémarre

Je pose mon regard sur mon reflet dans le miroir. Je pousse un profond soupir. Nous étions mercredi et aujourd’hui, c’était ma journée de repos. J’appréciais avoir mon mercredi mais généralement, on me donnait le jeudi donc c’était tout aussi bien mais au moins, le mercredi, je pouvais aller à la bibliothèque. J’y étais passée pendant deux heures mais les voix dans ma tête s’étaient réveillées, il fallait que j’en parle à Sherlock. Il était le seul à qui j’acceptais d’en parler.

Attrapant ma veste, j’enfile un foulard autour du cou et un bonnet sur ma tête parce que les températures commençaient à se refroidir avant de quitter mon appartement en direction du cabinet de mon cousin. Lançant la musique dans mes écouteurs, je ne tarde pas à arriver sur les lieux. La musique par chance arrivait à taire les voix dans ma tête.

Frappant à la porte, je ne tarde pas à faire face à mon cousin.

« Salut…je…Elles recommencent à parler Sherlock. » lâchais-je alors.

Ding dong, ça redémarre

Mon cousin était le seul à qui je voulais parler de tout ça. Il était le seul qui pouvait m’aider et je n’osais pas en parler à qui que ce soit d’autre parce qu’eux, ils me prendraient pour une cinglée alors que je vois bien que lui, il essaie de comprendre. Dans un sens, ça me rassure, je me sens soutenue, je me sens pas seule et c’est bénéfique. Vraiment. M’asseyant, je respire profondément avant de reprendre la parole alors que je croise son regard.

« Ça faisait un moment que je ne les entendaient plus et elles sont revenues. Mais elles sont amicales et me disent que je ne suis pas seule, que tout va bien et qu’il faut que je sois heureuse. » expliquais-je alors avant de reprendre « elles me disent aussi que je peux te faire confiance. » ajoutais-je alors.

Attrapant la tasse de tisane, je remercie mon cousin d’un sourire avant de reprendre la parole.

« Je ne suis pas folle, je sais ce que c’est la schizophrénie et c’est pas ce que j’ai, j’en suis certaine. » énonçais-je alors.

Ding dong, ça redémarre

Déposant la tasse, je tourne le regard vers mon cousin avant de finalement reprendre la parole.

« Merci Sherlock. » énonçais-je alors avant de reprendre « Merci de ne pas me voir comme une folle, merci d’être si gentil avec moi et de m’aider comme tu le fais. Je sais que je devrais peut être essayer d’en parler à quelqu’un d’autre mais je crois vraiment que c’est une histoire de confiance. Avec toi, je sens que je peux tout te dire. » avouais-je alors.

Passant une mèche derrière mon oreille, je respire profondément.

« Je suis en sécurité pour l’instant, elles me conseillent simplement sur certaines choses et je m’habitue à leur présence mais c’est quand même gênant parfois. En tout cas, je les distingue bien. Il y a la voix d’une femme et celle d’un homme. » expliquais-je à mon cousin « Tu penses que je devrais en parler à ma mère ? » demandais-je à ce dernier.  

Ding dong, ça redémarre

« Merci. » lui répondis-je avec un sourire.

Je comprenais que ce n’était sans doute pas facile pour lui de réussir à parler avec moi. Peut être avait-il peur que je me brusque ou que sais-je encore mais je me sentais en sécurité avec lui, je savais que je pouvais lui parler parce qu’il pourrait m’aider à mieux comprendre, me comprendre. Puis peut être que viendrais le jour où je serais capable d’en parler à quelqu’un d’autre mais pour l’instant, je ne me sentais pas prête, c’était plus qu’une certitude.

Puis au moins, les deux voix que j’entends dans ma tête n’avaient pas d’incidence sur ma vie, ni sur mon métier. Non, elles me conseillaient même beaucoup parfois, surtout dans les bons moments, elles restaient vraiment de bons conseils et c’était sans doute une bonne chose. Vaut mieux ça que le contraire, vous ne trouvez pas ?

« J’arrive effectivement à les distinguer. Il y en une féminine et une masculine, l’une plus vieille que l’autre. » énonçais-je avant de reprendre « Généralement, quand je les entends, c’est toujours pour me donner de bons conseils, c’est assez rare qu’elles soient violentes ou me fasse prendre le mauvais chemin. » expliquais-je à mon cousin « si jamais, je vois des évolutions dans le mauvais sens, je t’en ferais part, je te le promets. » énonçais-je alors.

Passant une mèche derrière mon oreille, je bois un peu avant de lever le regard vers Sherlock. Un sourire perle sur mes lèvres.

« Je suis toute ouïe. » énonçais-je avec un sourire.

J’étais heureuse que mon cousin ait trouvé un homme qui l’aime et qu’il soit heureux alors dès qu’il était question du mariage, j’étais toujours pleine d’entrain et toujours disponible pour l’aider, après tout, c’est l’un des membres de ma famille dont je suis la plus proche, donc pour moi c’est normal d’être présente.   

Ding dong, ça redémarre

« Oh tu sais, c’est vraiment très rare qu’elles soient violentes, elles le sont même pas du tout pour tout te dire. Elles sont juste là quand j’ai besoin d’elles je suppose… » avouais-je alors.

Je voulais le rassurer mais je savais en même temps que mon cas était compliqué. Peut être même un peu différent de ce qu’il connaissait mais je connaissais mon cousin, il ferait toujours tout pour me protéger, ça a toujours été comme ça. Il ne m’a jamais rejeté quand il a appris que j’entendais des voix dans ma tête, non il m’a aidé à comprendre ce qu’il se passait.

« Oh Sherlock ! C’est avec un immense plaisir ! Je serais vraiment heureuse de faire ça pour toi ! » énonçais-je avec un sourire.

J’étais vraiment heureuse que mon cousin ait trouvé l’homme de sa vie et j’espérais un jour pouvoir connaître la même chose mais encore fallait-il que je me laisse un peu l’occasion de pouvoir vivre ça. Je pose mon regard sur Sherlock.

« Je voulais te remercier de ne jamais m’avoir rejetée quand tu as su que…que je vivais tout ça. » avouais-je alors.