(( my heart will find yours, always )) — .･✧ anakin & padmé.

Houleux échanges. Padmé cracha enfin le morceau. Elle aimait Anakin plus que sa propre vie et c’est bien pour cela que ses erreurs l’obnubilaient. Leur couple en pâtissait. Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas embrassé ? Depuis combien de temps ne s’était-elle pas blottie contre lui ? Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas regardé avec ses yeux énamourés ? Depuis combien de temps n’avait-elle pas fait l’amour avec lui ? Depuis combien de temps n’avaient-ils pas discuté calmement ou tout simplement ri ? La seule proximité qu’elle consentait à avoir avec lui était de se coucher dans leur lit pour dormir encore avec lui. Elle était cependant constamment dos à lui durant son sommeil et le réveil était aussi froid que le coucher. Parfois, elle avait des sursauts d’effort dans la journée. Allez, ce soir, ça se passera bien. Mais chaque fois que son regard croisait celui plus azuré de son époux… Padmé en était malade. Malade de l’imaginer massacrer élèves et professeurs au temple. Malade de l’imaginer en train de mettre à feu et à sang des planètes entières. Malade de l’imaginer patauger dans la torture, la répression, l’autoritarisme. Ce n’était pas l’homme qu’elle avait épousé et elle ne pouvait consentir à une quelconque proximité avec lui alors qu’il incarnait désormais tout ce qui la révulsait. Si la situation était difficile pour Anakin, voire injuste par moment, elle était tout aussi compliquée à vivre pour elle. Son mari lui manquait plus que tout au monde. Sa vie de famille aussi. Le manque était plus prégnant quand elle avait le malheur de repenser à leurs jours heureux à Storybrooke ou même sur Naboo quand ils étaient encore chez eux… Elle en pleurait parfois dans son bureau lorsque c’était trop lourd à supporter avant de se ressaisir. Ce n’était pas du tout le moment de flancher.

À la seconde où Padmé les avait écrits, elle regrettait les mots durs et méchants envoyés à son mari. Anakin faisait des efforts, s’occupait de tout. Elle le voyait, mais le problème restait le même : Padmé n’arrivait pas à passer au-dessus. Elle avait l’impression d’avoir une énigme, voire pire, un inconnu devant elle. Le monstre en lui était-il encore là ? Pouvait-elle lui faire confiance ? Une moitié d’elle voulait y croire tandis que l’autre continuait de semer le doute.

Puis, il fallait bien rentrer. L’envie n’y était pas. Enfin si. Ou peut-être non… Elle ne savait pas. Le conflit en elle était constant, l’épuisait. Sur la route, elle était dans l’optique de s’excuser pour les propos qu’elle avait tenus dans son dernier message, mais dès qu’elle passait la porte de son domicile… C’était une autre histoire. Il était minuit passé. Toutes les lumières chez elle étaient éteintes et la demeure plongée dans le silence. Padmé avait faim, mais niait ses besoins primaires pour aller voir ses enfants (elle en avait terriblement besoin) une fois qu’elle s’était débarrassée de ses chaussures et de son manteau. Leia avait une nouvelle fois rejoint le lit de Luke pour dormir avec lui. De vrais jumeaux inséparables ! Seulement éclairés par la veilleuse de son fils, Padmé les admirait avec tout l’amour qu’elle leur portait. Elle enviait leur insouciance, leur innocence. Elle aimerait parfois retomber en enfance, loin de tous les soucis qui lui tombaient sur les épaules aujourd’hui. Luke se réveillait d’ailleurs quand elle les recouvrait correctement après avoir embrassé le front de chacun. « Maman… ? » Sa voie était tout ensommeillée. Forcément, son cœur de mère se serrait et elle ne put s’empêcher de s’agenouiller devant lui et de passer sa main dans ses cheveux pour que leurs regards se croisent. « Oui mon ange ? » Mais son sourire se fanait à la question de Luke. « Pourquoi tu rentres toujours tard ? Tu nous aimes plus ? » Il dormait à moitié. Fort heureusement, il ne vit pas sa mère se décomposer. « Pourquoi tu t’es mis ça en tête, Luke ? Bien sûr que je vous aime ! Je vous aimerais toujours toi et ta sœur. Vous êtes mes trésors. Et papa aussi. » Padmé s’empressait d’embrasser et de caresser sa joue pour le rassurer. Mais Luke était comme elle — il fallait toujours qu’il aille au fond des choses. Alors, toujours de sa petite voix, il demandait : « Pourquoi tu parles plus à papa et tu lui fais plus de bisous alors, si t’es toujours amoureuse de lui ? Vous allez vous séparer comme le papa et la maman de ma copine Lizzie ? » Padmé était prise de court. Autant par ses questions que par l’inquiétude qui traversait les yeux de son fils. La rumeur était donc vraie, les enfants voyaient tout ! Depuis quand gardait-il tout ça en lui ? Elle ne savait que répondre pour ne pas l’inquiéter davantage, jusqu’à ce qu’elle s’éclaircisse un peu plus les idées : « Papa et moi, on ne va pas se séparer, mon amour, ne t’inquiète pas. Je suis très fâchée contre papa pour des bêtises d’adultes, mais lui et moi, on s’aime toujours très fort, d’accord ? Et ça ne risque pas de changer. Dors, maintenant… Je te jure que tout va bien. » Il voulait rajouter quelque chose, mais le sommeil l’emportait. Luke se contentait de hocher la tête mollement avant de disparaitre dans les bras de Morphée. Elle ne lui avait pas dit ça simplement pour taire ses angoisses, mais parce qu’elle le pensait réellement. Anakin et elle s’aimaient assez pour passer cette crise. Remuée et préoccupée, Padmé finit par sortir de la chambre. Il lui fallut un certain moment avant de se ressaisir et de gagner la sienne.

Sans grande surprise, elle y trouvait Anakin. Le halo lunaire passant à travers les volets dessinait les contours de sa silhouette dans l’obscurité — il était tourné sur le côté, dos à la porte. Il semblait endormi, mais Padmé était convaincue du contraire puisque ni l’un ni l’autre ne parvenait à trouver le sommeil quand leur moitié n’était pas rentrée. Elle en avait fait l’amère expérience quand il fut retenu en otage pendant six mois ou bien encore quand il partait en mission à l’autre bout de la galaxie pendant des semaines lorsqu’ils étaient encore dans leur monde. Sans un bruit, elle filait dans la salle de bain de leur suite parentale pour se débarrasser de ses vêtements, enfiler sa nuisette, retirer son maquillage et libérer ses longs cheveux du chignon strict dans lequel elle les avait enfermés. Elle se glissait ensuite dans le lit conjugal aussi discrètement qu’elle était entrée dans la chambre, mais contrairement à d’habitude, Padmé ne resta pas dans son coin du ring. Pour la première fois depuis des mois, elle daignait se blottir contre son époux, passant ses bras autour de lui. Douce, elle déposait entre ses omoplates un baiser avant d’y blottir sa tête. Sa voix fendait dans la nuit le court silence qu’elle avait installé. « Tu me manques, Ani. » avouait-elle, en dépit de toute la colère qu’elle emmagasinait. Peut-être que la conversation avec son fils l’avait remise un peu à sa place. Elle se pressait contre lui, resserrant un peu plus ses bras autour de ses hanches.