Le blues de la créature bleue (Avalon)

Gonzo & Avalon

Le blues de la créature bleue

LAssis sur un banc, ma drôle de petite tête appuyée contre ma patte bleue pelucheuse, je regardais mon reflet qui se mirait dans la flaque qui me faisait front, troublée à l’occasion par la chute d’une goutte de pluie. Je ne prenais même plus attention aux gouttes d’eau qui tombaient le long de mon gros nez. De toutes manières, elles se mêlaient à présent à mes larmes d’un goût plus amer.

Pensif, je repensais aux évènements qui m’avaient conduit à cette déplorable situation.

Pourtant la journée n’avait pas si mal commencé. Durant notre tournée dans le monde des contes, nous autres Muppets avaient décidés de dresser notre chapiteau aux abords d’un charmant petit village. La situation semblait être parfaites. Le village comptait beaucoup de famille avec des enfants et nous étions sûrs que nous y remporterions un grand succès. Tout le monde était en train de préparés son numéro. En me baladant dans les environs, je pouvais voir Kermit la grenouille jouer de son banjo tout en chantant son éternel et symbolique Rainbow Connection. L’ours Fozzie testait ses nouveaux calembours sur le furet de la région alors que Piggy la cochonne exerçait sa voix pour le solo difficile qu’elle allait chanter en soirée.

De mon côté aussi j’étais bien occupé. Je devais trouver rapidement un numéro à exercer et j’avais opté pour un numéro du tonnerre. J’allais tenter de tenir en équilibre sur une balle alors je tiendrais sur mon nez un bâton surmonté par une grande pile d’assiettes que je devais tâcher de ne pas faire tomber. Comme j’aimais mêler action dangereuse et culture, je devais trouver un poème à réciter ou une histoire à raconter. Malheureusement, j’avais épuisé tout mon répertoire et je devais absolument le renouveler. C’est pour cette raison que je m’étais rendu dans le village dans l’après-midi. J’avais entendu qu’il y avait une petite bibliothèque qui pourrait faire mon bonheur et me fournir les livres donc j’avais besoin.

Je n’avais pourtant pas eu le temps de franchir le pas de la porte qu’un homme imposant se dressaient devant moi. L’air sévère, il me jaugeait de son regard accusateur alors qu’il déclara d’une grosse voix.

« Vous n’avez pas vu le panneau à l’entrée… vous n’avez pas le droit de venir ici »

Rouge de confusion, je regardais tout penaud mais prêt malgré tout à me défendre.

« C’est endroit est interdit aux animaux, c’est ça ? Je vous promets que je ne vous gênerais pas longtemps je veux juste emprunter un livre. »

« Non la bibliothèque est autorisée aux animaux. »

« Mais… mais alors pourquoi… »

Il étendit une longue feuille de papier devant lui et je pus y lire ces quelques mots à haute voix.

« La bibliothèque municipale est ouverte aux chats, aux chiens, aux rats, aux cochons, aux ours… mais pas aux « peu importe ».

« Tu as compris, on ne veut pas de monstre ici qui pourraient effrayés les clients. Alors va-t’en tout de suite, espèce de… de… peu importe ce que tu es. »

Il me claqua la porte au nez et je n’eus pas d’autre choix que de partir. J’avais le cœur gros tandis que je rejoignis la grosse pierre sur laquelle je m’asseyais. Pourquoi fallait-il que ça se passe toujours comme ça ? Comme je n’appartenais à aucune espèce particulière, les gens me traitaient de monstres ou me fuyaient parce que j’étais trop bizarre. Je n’aurais donc jamais la paix dans ma vie ? Pourquoi Jim et Dave qui avaient donnés vie à ma marionnette avaient dû me créer si bizarre ? Cela ne faisait que me causer des ennuis. Je sentis bientôt une présence derrière moi et curieux, je me mouchais avec mon bras avant de me retourner. Une jeune femme me regardait alors.

« Bonjour. »

Dis-je simplement avant de réaliser que si elle me regardait de cette manière c’était pour dévisager le monstre. Je finis donc par me retourner.

« Vous aussi vous êtes venue me traiter de monstre ? J’ai pas le droit de rester dans le village c’est ça ? »