Le retour à la réalité a été brutal. Je menais ma petite vie d’homme « normal » à Storybrooke en ayant totalement oublié qui j’étais réellement. Me voilà de nouveau. Je me souviens de tout. Maui, Demi-Dieu du vent et de la mer. C’est celui que je suis, que j’ai toujours été malgré la malédiction. Je suis partagé alors que je me retrouve seul sur cette foutue île. Je m’étais pourtant promis de ne plus jamais revenir ici. Les restes de ma statue sont toujours éparpillés dans la grotte et les marques des milliers de jours que j’ai passé ici toujours gravées dans la roche. Je pourrais avoir l’impression d’être de retour à la case départ et de devoir à nouveau attendre des centaines d’années sauf que cette fois, j’ai mon hameçon ! Malgré que j’aie retrouvé mes pouvoirs et ma magnifique chevelure, je ne me sens plus demi-dieu, plus après deux ans passés sur Storybrooke. J’ai l’impression d’être devenu… humain. Un frisson de dégoût parcourt mon dos. Non non non. Je ne suis pas un homme. Je suis un demi-dieu ! Je me remets sur pieds et attrape mon fidèle hameçon, celui que m’a offert Te Fiti. Il y a une personne que je dois absolument revoir.

Je prends la forme de mon faucon géant et quitte avec un empressement palpable l’île que je connais un peu trop bien. Ça doit faire deux ans que Vaiana et moi ne nous sommes plus vu. Deux longues années. S’il y a bien une personne avec qui je pourrais retrouver ma place, c’est l’élue de l’océan. Elle doit sûrement être à Motunui, je ne vois à quel autre endroit elle aurait pu réapparaître. Je me rends là-bas en volant, je m’y suis rendu si souvent qu’il n’est pas difficile pour moi de retrouver mon chemin. Elle était cheffe de son île la dernière fois que je l’ai vue, je suivais de près son évolution, j’étais fier d’elle. Elle n’est qu’une petite humaine mais elle est capable de grandes choses, elle me l’a prouvé de nombreuses fois. J’arrive finalement sur la fameuse île et reprends forme humaine. La jeune cheffe n’est pas difficile à trouver. Je la repère près des bateaux et me demande si elle prépare déjà une exploration. J’attrape une rame alors qu’elle me tourne le dos et avec un petit pas de danse, je saute sur le bateau dont elle s’occupait pour lui tendre la rame avec un large sourire. Je retrouve déjà ma joie et ma confiance légendaire alors que je chantonne.

-You’re welcome !

Le sourire de Vaiana est contagieux, je suis ravi de retrouver ma meilleure amie. Elle va bien. Elle a l’air d’aller bien. C’est une bonne chose même si j’imagine que le retour à la réalité a dû être un peu difficile. Nous aurons tout le temps d’en parler de toute façon maintenant que nous sommes réunis. J’ai l’impression de ne plus l’avoir vu pendant deux ans tout comme j’ai la sensation de l’avoir vue hier. Elle attrape la rame que je lui tendais et reprend ma chanson de plus belle. Il y a toujours cette complicité entre nous, ce lien d’une amitié inébranlable depuis l’aventure que nous avons vécu ensemble. Elle lâche la rame et j’éclate de rire quand elle me prend dans ses bras. Je l’étreins rapidement et la soulève du sol avec une joie que je ne cache pas.

-Moi aussi, je suis content de te voir !

Je la repose après quelques secondes sans me défaire de l’expression de bonheur sur mon visage. Je descends alors du bateau dont elle s’occupait et passe amicalement mon bras autour de ses épaules en fixant le moyen de transport qu’elle apprécie.

-Tu comptais partir quelque part ? Si tu veux vivre une nouvelle aventure, je viens avec toi.

Je m’écarte pour aller m’asseoir sur le voilier. Nous pourrions parler de ce qui nous est arrivé les deux dernières années mais j’ai toujours été doué pour éviter les sujets de conversations un peu trop délicats pour moi. Mon regard se perd alors vers l’océan.

-Je me suis retrouvé sur l’île où nous nous sommes rencontrés, c’est pour ça qu’il m’a fallu du temps pour venir ici. Ça va, toi ?

Je sais que mon présent et mon avenir sont intimement liés à ceux de Vaiana. Elle n’est qu’une humaine et je suis un demi-dieu mais j’ai appris à mes dépends que les Hommes peuvent avoir la noblesse d’esprit qui les élèvent au rang d’êtres extraordinaires. Je l’ai vu quand Vaiana, avec ou sans moi, a osé faire face à Te Ka. C’est un petit bout de femme bien à part. Je voulais à tout prix être parfait et adulé avant de me rendre compte que les erreurs n’étaient pas uniquement humaines. Je pose ma main sur le haut de sa tête pour lui ébouriffer affectueusement les cheveux.

-Normal, que je t’ai manqué, je suis ton demi-Dieu préféré !

J’éclate d’un rire sonore avant de me calmer et de lui lancer un regard attendri.

-J’avoue, tu m’as manqué aussi. Je ne serais pas ici sinon.

J’ai l’impression qu’un lien différent nous unit et je pense que c’est à cause de Storybrooke. Après tout, là-bas, nous étions meilleurs amis et nous nous voyions très souvent. Elle faisait partie de ma famille et c’est toujours le cas. Je nous considère comme inséparables en quelque sorte. C’est naturel pour moi de revenir la voir et au fond, j’espère qu’elle compte naviguer pour que je puisse l’accompagner. Je passe une main très peu modeste dans mes cheveux et les relève pour les attacher en un chignon.

-C’est vrai que sans moi, tu ne t’en serais pas sortie. Qui sait, l’océan te réserve peut-être d’autres surprises. Après tout, tu es l’élue.

Je la bouscule avec un large sourire malicieux qui illumine mes traits. Je sais que je ne m’en serais pas sorti pas sans elle, ma rencontre avec elle a changé ma vie. Je prends place sur le voilier et, attendant qu’elle me rejoigne, je lui demande si elle va bien. Elle s’installe avec moi et je l’écoute avec attention et un regard sérieux comme je peux l’avoir parfois -je sais c’est rare. Je prends sa petite main dans la mienne et lui fais un léger sourire qui se veut rassurant.

-Tu n’es pas faite pour la vie sur terre. Tu es Vaiana de Motunui, ton père était un chef, tes ancêtres étaient explorateurs. Je te connais, je sais que ton cœur est appelé par l’océan. Si tu ne sais pas où est ta place, il ne nous reste plus qu’une chose à faire : aller la chercher.

Je saute de l’embarcation pour la pousser puissamment vers l’eau et remonter à bord au dernier moment. Je regarde l’horizon puis me tourne vers elle pour lui tendre sa rame. Si elle est perdue alors je ferais tout pour l’aider à trouver sa voie. Sa place est quelque part dans ce monde ou simplement sur l’océan. La mienne est à ses côtés. Parfois, les personnes avec qui nous sommes suffisent. Rien que le fait de repartir sur l’océan avec elle me donne le sentiment de me retrouver. Alors qu’elle prend la rame, je la jette brusquement dans l’eau et éclate de rire comme l’océan la ramène au plus vite.

-Il y a des choses qui ne changent pas !

Le retour de Storybrooke est difficile. Beaucoup de choses ont changé, nous avons connu une vie extrêmement différente de celle que nous avons ici. Je n’avais plus mes pouvoir et je n’avais même pas conscience de ce que j’avais perdu. S’il y a un point commun entre ma vie ici et celle que j’ai connue pendant deux ans, c’est Vaiana. Appelée Isla là-bas, elle était toujours ma meilleure amie. C’est un signe que nos destins sont liés. Mon chemin s’est directement dirigé vers elle après mon retour et j’ai été aussi vite que possible. Je n’ai jamais été aussi dévoué une femme qu’à elle, elle est en vérité la seule qui compte vraiment. Je suis un demi-dieu, je ne pensais pas vraiment m’attacher à une humaine mais c’est le cas. Si elle ne sait plus où est sa place, si être la cheffe de Motunui ne lui convient pas, il n’y a qu’une chose à faire : retourner sur l’océan. S’il est aussi son ami que je le suis, il nous aidera sans doute. Comme il l’a déjà fait, plus ou moins. Je ne perds pas de temps pour nous pousser sur l’océan. Je ne sais pas si nous partons pour longtemps, si nous irons loin mais sur l’eau, elle sera heureuse. J’en suis sûr. Reprenant mes anciennes habitudes, je la jette dans l’océan pour la voir revenir sur l’embarcation en une seconde. Un rire grave m’échappe et je passe mon bras autour de ses épaules pour la rapprocher de moi.

-Bien sûr que non ! Tu l’as dit : l’océan est ton ami.

Les vagues nous emportent tranquillement alors que l’océan est calme. Nous avons de la chance, il fait un temps idéal pour naviguer peu importe notre destination. Je pose ma main sur ses cheveux et les ébouriffe tendrement.

-Si tu continues à chanter, je vais vomir !

Je la préviens avant de la laisser naviguer comme je le lui ai appris. Je grimpe sur le mat pour fixer l’horizon et baisse le regard pour sourire à l’humaine que j’accompagne.

-Moi aussi. Ça a toujours été le cas et c’est pour ça qu’on s’est retrouvé ensemble à Storybrooke.

Je redescends pour m’asseoir à ses côtés avec un large sourire.

-Toujours inséparables, quoiqu’il arrive, hein ? Si tu restes à Motunui, après notre voyage, je pourrais rester avec toi ?