(Aragorn) Pourquoi faut-il qu'il te ressemble autant ?

w/   @Aragorn A. Elessar  

Si un jour, on avait dit à Arwen qu’elle viendrait dans cette ville, elle ne l’aurait jamais cru. Mais elle allait devoir s’y faire et donc s’installer ici de manière définitive. Ou du moins le temps qu’Eldarion aille mieux. Elle était inquiète de l’état de santé de son fils. Depuis que Jacob avait levé la main sur lui, elle sentait que rien n’allait du côté de l’enfant. Jamais il n’avait vu celui qu’il considérait comme son père attaquer sa mère et encore moins en faire les frais. Ce fut la goutte de trop pour la pédiatre qui demanda le divorce. Et qui l’obtint rapidement face à la pression de son père. La famille Undomiel était affluente à Boston. Il ne valait mieux pas se les mettre à dos. Ce qu’elle avait fait dans la foulée puisqu’elle avait cru bon de couper les ponts avec son père. Il avait été trop loin en faisant un chèque à Aragorn, six années auparavant. Et le pire étant que son ancien amant l’avait accepté. Elle aurait pu se résoudre à ne jamais entrer de nouveau en contact avec lui si Eldarion n’était pas tombé gravement malade. Ainsi, elle avait plié bagages et demander à son père de lui faire une dernière faveur : retrouver Aragorn pour la survie de son petit-fils.

Et donc, elle était ici. A Storybrooke. Une petite ville du Maine qui n’apparaissait sur aucune carte. A se demander si elle y aurait un jour sa place.

Bien que la ville soit petite, elle n’avait pas retrouvé Aragorn. Et il faut dire qu’elle n’avait pas beaucoup cherché pour le coup. Pour l’instant, son fils était stable et semblait s’acclimater au Maine. Elle avait eu rendez-vous avec son institutrice et s’était assurée que le petit garçon ne souffrait pas de traumatismes. Du haut de ses cinq ans, Eldarion ressemblait de plus en plus à son père. Il n’avait malheureusement pas hérité du caractère doux de sa mère. Elle devait sans cesse courir derrière lui. Et pour la première fois depuis qu’elle l’avait tenu dans ses bras le jour de sa naissance, elle se retrouvait toute seule à l’élever.

Il n’était pas rare le soir de la voir pleurer dans le salon avec le chien en guise de compagnie. Elle avait cédé à son fils qui désirait une compagnie. Ils avaient donc pris un chiot qui s’avérait aussi turbulent que le garçon. Aujourd’hui serait une bonne journée, se répétait-elle avant de nouer ses cheveux en queue de cheval. Eldarion sautillait dans tous les sens car elle lui avait promis une journée près de l’étang. Et il adorait l’étang. « Maman, maman, est-ce que j’aurai droit à une glace ? » Il leva vers elle, sa bouille juvénile et elle soupira. « Seulement si tu ne grimpes pas dans les arbres. » Elle vint l’avertir car cette habitude était mauvaise. Et il risquait de tomber et se faire mal. Il lui fit son sourire le plus innocent mais elle savait qu’il croisait les doigts dans son dos. Ainsi, elle le prit par la main avant de se rendre dans l’endroit préféré de son fils. Arwen savait qu’il détestait l’hôpital. Donc vu que son traitement commençait officiellement le lendemain, elle désirait lui faire profiter d’une dernière journée de liberté.

Une fois sur place, elle installa une couverture au sol avant de sortir son livre. Le chiot et son fils étaient déjà en train de courir dans tous les sens. Elle les regardait dans un œil attentif, lisant en même temps avant de redresser la tête lorsqu’elle le vit qui commençait à escalader un arbre. « ELDARION ! NON ! » Elle le fixait en contrebas. Il vint lui sourire avant de ricaner. « Tu descends, dit-elle d’un ton ferme. » Mais c’était Jacob qui avait toujours eu l’autorité sur le garçonnet. Et pas elle. Reculant, elle se prit les pieds dans le chien et vint atterrir dans l’étang qui était derrière elle. « OH MAMAN. » Son fils descendit à toute allure avant de se précipiter vers sa mère qui était désormais complètement trempée. Arwen fixa son fils d’un œil bougon avant de l’attraper pour aller le coller à l’eau aussi. « MAMAN ! NOOOON ! » Il se débattit comme un beau diable et elle le fixa. « Je devrais te noyer. » Il rit de sa bouille d’ange. « Tu peux pas faire ça, t’es ma maman. » Évidemment que non. Il parvint à s’échapper pour retourner sur le bord avant de fuir avec le chiot. Dépitée, elle les suivit avant de voir qu’un homme se tenait non loin. Sans le regarder, elle retira un roseau de ses cheveux. « Surtout ne faites jamais d’enfant, commenta-t-elle toujours sans un regard, ELDARION TU REVIENS ICI. » Ce gosse voulait sa mort, ma parole.

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Lorsqu’Aragorn l’avait quitté, Arwen avait eu le sentiment qu’on l’avait amputé d’un membre. Et un essentiel: son coeur. La jeune femme avait cru dépérir lorsqu’elle avait traversé cette grossesse avec un autre. Mais son honnêteté ne lui avait jamais permis de faire croire à Jacob qu’Eldarion était de lui. Elle s’était sentie mieux lorsqu’elle avait tenu son enfant dans ses bras. Avait été soulagée de constater qu’elle ne porterait jamais la descendance de son mari. Mais au fond d’elle, le palpitant d’Arwen qui fonctionnait toujours, était figé de tout sentiment. Car elle l’aimait toujours. Et l’aimerait toujours. Elle le sentait au fond d’elle. Aragorn était son unique. Et si elle n’en avait pas eu conscience, le retrouver six années passées le confirmait. La jeune mère s’était figée, son regard surpris alors que sa lèvre inférieure tressautait. « Aragorn, avait-elle murmuré. » et quelque chose d’étrange s’opéra en elle. Comme une chaleur bienheureuse qui prenait possession de son corps alors que leurs regards se télescopèrent. Arwen resta muette, un moment. Aux prises de cette émotion qui tiraillait son myocarde.

Comment annonce-t-on au seul homme qu’on aime, qu’il est père et père d’un enfant mourant ?

Elle sentit que l’émotion était trop forte. Et par politesse ou gêne on ne saurait dire, Arwen inclina la tête. Des billes translucides vinrent parsemer ses joues si délicates à mesure qu’elle tentait de reprendre une certaine constance devant son ancien amant. Elle avait su par le biais du détective privé qu’Aragon n’avait ni femme, ni enfants. Mais sans doute avait-il une maîtresse ? Il était encore bel homme et elle en avait été une. Serrant ses mains l’une contre l’autre pour s’adjoindre à un certain courage, la pédiatre redressa le nez avant de déglutir. « Ça te va très bien, les cheveux blancs, lui dit-elle avec un sourire, je… » elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase qui se terminait par désirait te parler. Que son enfant revint vers elle. « Maman maman, regarde ce que j’ai trouvé. » La jolie petite tête blonde aux yeux si bleus lui montra son trophée alors qu’elle fixait le père de ce dernier avec un air peiné. « Tu crois qu’il se mange ? » A vrai dire, Arwen n’en avait aucune idée. Elle vint cependant s’accroupir devant le petit qui était décidément le portrait craché de son père. Trempés jusqu’aux os, le fils et la mère faisaient peine à voir. « Maman tu pleures ? » sans préambule, le garçon d’à peine cinq ans (il insisterait sur le et demi) tourna les talons pour aller voir l’homme qui leur faisait face. « Ça suffit de faire pleurer Maman, oh! Maman elle est gentille. Elle mérite pas que des méchants la… » Arwen aurait pu rire de la situation mais à la place, elle se redressa. « Eldarion… » Soucieux du ton qu’employait sa mère, il darda son regard céruléen vers elle. Arwen parcourut les traits d’Aragorn. Des traits qui la hantaient chaque nuit depuis six années. Des traits qu’elle n’avait pu se résoudre à effacer de sa mémoire. Des traits qu’elle retrouvait dans cet enfant qui savait tout. « C’est Aragorn, murmura-t-elle pour son fils. » Un silence s’abattît. Comme si la nature elle-même attendait la réaction de cet enfant qui retrouvait son père. Qui en connaissait l’histoire que lui avait conté sa mère bienveillante, le nom mais ignorait leur ressemblance frappante. Puis une voix, un mot vint troubler le silence si pesant. Un seul mot qui changerait la tournure de ces retrouvailles. « Papa ?! »
Un mot qui scella le destin des trois protagonistes pour une éternité dont on ignorait la finalité.  

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Se retrouver face à son ancien amant dans un parc était… inattendu. Arwen était venue à Storybrooke pour le retrouver mais elle comptait faire les choses correctement. Déjà, elle avait ses renseignements grâce au détective qui avait mené l’enquête. Donc elle savait qu’Aragorn enseignait encore. Elle aurait pu se rendre en auditeur libre à un de ses cours et l’approcher en douceur. Pas alors qu’elle est trempée dans la tête aux pieds des suites d’une chute dans l’eau, que des larmes ruisselaient sur ses joues et que son fils courait dans tous les sens pour évacuer le trop plein d’énergie. Surtout à la veille du début de son traitement. Il faut croire que l’univers avait décidé d’être joueur, voire railleur pour les mettre l’un en face de l’autre. L’émotion des retrouvailles, de retrouver ses traits qu’elle aurait voulu effacer, détester la mettait en proie à une émotion qu’elle gérait mal. Elle finit donc par baisser la tête pour venir prendre une profonde inspiration. Essayer de retrouver un peu de calme pour qu’elle puisse discuter avec lui. Même si la présence d’Eldarion les mettait à mal dans leurs retrouvailles. Le garçonnet revint en exhibant le champignon fraichement arraché de terre. Ses doigts boueux projetant de la terre sur sa propre mère qui ferma les yeux avec dépit. A l’entente du conseil de son propre père, il tourna son regard clair vers celui qui avait contribué à lui donner la vie et lui sourit. « Merci monsieur. »

Il faudrait être aveugle pour ne pas voir la ressemblance entre Aragorn et son fils. Il avait le même regard, le même sourire, la même couleur de cheveux. Tout chez le petit criait à la parenté mais les deux parents étaient sans doute trop émus de de retrouver en face l’un de l’autre après tant d’années. Les menaces du petit poussèrent Arwen à le réprimander et pendant de longues secondes après la dispersion du prénom dans l’air ; une conversation silencieuse eut lieu entre la mère et son enfant. Seule la voix du petit troubla le silence dans lequel crut bon de se murer Arwen. Il fit volte-face pour faire face à Aragorn proprement. « Ah si si c’est toi mon papa. Maman me l’a dit et c’est même pour ça que Jacob… » Arwen crut bon d’intervenir cette fois-ci. « Eldarion ! » Il se tourna à nouveau vers sa mère alors qu’elle s’agenouilla près de lui. « Tu ne veux pas aller nous chercher des champignons pendant que je parle à Aragorn ? » Elle frictionna les bras de son petit qui opina avant de filer en courant avec le chien.

Puis dans un soupir, elle se redressa passant une main dans sa nuque. « J’ai appris que j’étais enceinte juste après ton départ. C’est pour ça que… » Sa voix mourut. Qu’elle avait épousé le monstre qui avait contribué à sa propre destruction. « Pourquoi tu ne m’as rien dit, Aragorn ? J’aurai pu t’aider. » Elle n’avait pas élevé la voix, s’approcha doucement de lui. « je suis désolée pour ta mère. Je savais combien tu tenais à elle. » Elle lui fit un petit sourire embarrassé. Le passé leur appartenait et elle ne lui tenait pas rancœur. Sans doute aurait-elle fait le même choix si elle avait été dans la même situation sociale. « Il te ressemble. Dans son caractère, son physique. Même sa passion des arbres. » Elle laissa son regard vaguer sur la silhouette d’Eldarion. Tendue, prête à bondir aux moindres problèmes. Comme seule une mère le ferait.