Alerte à Storybrooke [PV Killian]

En rentrant dans le poste du shérif, Calista souffla de mécontentement, agacée par avance de devoir se prêter à toutes ces procédures ennuyeuses. Habituellement, elle réglait ses problèmes toute seule… ou presque, se dit-elle sans savoir à quoi cette étrange sensation faisait référence.

Elle tapa ses pieds sur le paillasson pour retirer les salissures de l’extérieur, piétinant par ailleurs ces idées saugrenues quelle ne serait pas capable de gérer seule. Franchement, à plusieurs centaines de kilomètres de ses parents, dans un coin paumé au milieu de nulle part, elle ne se débrouillait pas si mal. Du moins, c’est ce qu’elle pensait.

Avançant de quelques pas en direction des bureaux, elle zieuta rapidement sur les lieux. Au bout du couloir, il était difficile de ne pas repérer le drapeau américain trônant fièrement près d’une kitchenette inutilisée. Pourquoi manger ici alors que le diner de Granny était à deux pas ? Elle ferait pareil à leur place. La machine à café, en revanche, semblait bien active.

Au détour du couloir, elle pénétrait dans les bureaux à proprement parler. Plusieurs tables de travail classiques équipées d’ordinateur, donnant sur les cellules au fond de la pièce. Enfin, le bureau du shérif sur sa droite, une femme dont beaucoup de gens parlaient à Storybrooke. En même temps, difficile de passer à côté de sa coccinelle jaune… D’un mauvais goût affligeant.

Fort heureusement, l’homme qui était assis à l’un des bureaux paraissait avoir bons goûts à en juger par sa tenue. Ce n’était pas le sujet dont elle était venu discuter, néanmoins ça la rassurait d’être tombée sur une personne normale et… plutôt beau gosse malgré son âge avancé. Il aurait eu vingt piges de moins, peut-être même que dix de moins, elle lui aurait proposé un verre. Après le service, évidemment. D’abord, elle avait une affaire plus urgente à traiter.

Attrapant la chaise faisant face à l’homme, elle la tira en ailleurs et se retrouva aussitôt dessus à fixer le brun ténébreux au regard azur.

- Salut ! Dit-elle en accentuant légèrement la première syllabe. Excusez-moi, j’aurais besoin de votre aide pour retrouver un pickpocket sur la plage. C’est assez urgent, j’ai demandé à un collègue de me remplacer une demi-heure le temps de vous chercher et après je dois reprendre ma surveillance… Je suis sauveteuse.

Elle n’allait pas par quatre chemins car elle n’avait pas le temps et surtout, ce n’était pas son genre de tourner autour du pot. En outre, transparaissait dans sa voix un brin d’énervement. D’une part, parce qu’elle n’avait pas envie d’être là, préférant avoir les pieds dans le sable, d’autre part, parce qu’il n’y avait rien que cet homme puisse faire ici, ils devaient se rendre sur les lieux du crime où le pickpocket sévissait, pensait-elle.

- Vous avez le temps de m’accompagner ou je dis aux gens de la plage de revenir vous voir plus tard ?

Passive-agressive, c’était sa manière d’être. Il n’y avait rien de méchant là-dedans. Surtout que le visage du policier n’était pas désagréable à regarder.

Une belle voix rauque… Décidemment, cet homme coche toutes les cases du brun ténébreux. Il ne lui manquerait plus qu’un sombre passé trépidant et Calista pourrait clamer au bingo. Si seulement il n’était pas sur la fin et si elle n’était pas aussi pressée, elle prendrait le temps d’en apprendre plus à son sujet.

- Mon portable est cassé. Je fais des heures supplémentaires justement pour m’en racheter un. Sinon non, j’en entends parler depuis seulement deux jours. J’ai essayé de le chercher, c’est pas la première fois que des petits malins cherchent des noises sur la plage. Mais là, aucune trace, rien. Aucune idée de leur nombre.

Elle a l’impression de passer pour une bille et ça l’énerve. Pourtant, elle en a déjà plaqués et renvoyés chez leur maman de ces voyous, mais ceux-là sont beaucoup mieux préparés. Son collègue lui a parlé de nouvelles méthodes de vol, comme des glacières avec un faux fond pour choper des sacs mais qui à Storybrooke aurait ce genre de matos ? Ils sont loin des plages ultra fréquentées de Miami. Ici, pratiquement tout le monde se connaît ou connaît l’ami d’un ami qui vous connaît et qui pourrait vous balancer involontairement…

- Merci ! Dit-elle un brin calmée tout en ayant la manie d’allonger la première syllabe. Je compte bien sur votre expertise pour délier les langues des gens, trouver un indice ou m’aider à leur tendre un piège. Que sais-je ?!

Une description serait effectivement la bienvenue. Les victimes n’ont rien vu mais d’autres gens pourraient avoir remarqué quelque chose. Personne ne se couvre en totalité sur une plage et peu d’angles morts existent, donc s’ils arrivent à récolter les bonnes informations, l’enquête progresserait à grand pas.

Une autre personne pénètre le poste. Calista la suit des yeux passer en coup de vent pour rejoindre le bureau du shérif, tout en écoutant le playboy l’inviter dans son carrosse. Elle se lève ensuite d’un bond et s’étire rapidement, prête à partir au quart de tour le moment venu.

- Avec plaisir, monsieur… C’est quoi votre nom ? Moi, c’est Calista.

S’ils devaient converser plus que pour un dépôt de plainte, autant qu’elle n’ait pas à l’appeler « monsieur l’agent ». Cela risquerait de devenir vite rébarbatif. Ils quittent ensuite le poste et pour al première fois, Calista monte dans une voiture de patrouille. Une vraie, avec la grille pour les sièges arrières et le parfum de donuts. Ses pieds remercient le policier de lui épargner le trajet retour, en revanche, elle aurait apprécié éviter l’odeur du sucre chimique. Aérant en ouvrant la fenêtre, elle pose son avant-bras dessus et entame ce qui transparaît comme étant la conversation bancale d’un premier date.

- Pas trop. J’ai commencé sur la fin de la précédente saison. Je suis à Storybrooke depuis autant de temps.

Quitte à devoir discuter, autant qu’elle ne soit pas la seule à être cuisinée.

- Alors ? C’est vous ou c’est elle ? Elle le fixa de son regard noisette, puis souleva une boite vide traînant sous son siège. Qui mangez tous ces donuts.

- Moi de même agent Jones. Rétorque Calista tout en observant les passants par la fenêtre. Et c’est exact, c’est un joli prénom bien qu’il m’ait été donné par mes parents.

Eux, elle les a vraiment en horreur. Venir dans cette ville paumée aura été une délivrance. Elle ne se rendait pas compte combien ils étaient nocifs pour elle avant de partir. Désormais, elle vit des vacances perpétuelles en leur absence. Et de toute façon, ce ne sont pas ses vrais parents. Personne n’a voulu lui avouer qui étaient ses parents biologiques mais elle n’a pas non plus cherché à les retrouver, jugeant que si des parents l’ayant adoptée pouvaient se montrer odieux avec elle, ceux qui l’avaient abandonnée devaient être encore pires.

Oubliant ces gens exécrables, Calista se focalise sur la conversation et cette boite de donuts vide qui trainait là. Le policier est amusé et l’atmosphère se détend.

- Vous dites « même pour ça », vous avez l’air très complices, vous entendez quoi par-là ? Vous avez un crush ? N’ayez pas honte de l’avouer, de toute façon je n’irais le répéter à personne.

Les secrets peuvent se monnayer mais celui-ci ne rapporterait pas grand-chose de toute façon. Un gars qui flash sur la nana de son boulot, qui plus est sa supérieure, ça a tout du cliché vu et revu à la télé. Au mieux, elle pourrait tirer un rire de l’acheteur.

En l’occurrence, elle aurait apprécié avoir un donuts à grignoter en regardant l’agent en détresse. A moins que celui-ci ne s’avère plus couillu qu’il n’y parait ou qu’elle ne fasse complètement fausse route. Dans le premier cas, elle serait ravie de l’écouter, tandis que dans le second, elle ne se gênerait pas de l’embêter jusqu’à ce qu’ils aient retrouvé leurs voleurs.

L’agent de police Beauregard fouine là où il n’y a pas été invité. Cependant, quoi de plus normal qu’il souhaite en savoir plus après avoir entendu sa remarque sarcastique sur ses parents ? Elle-même n’aurait pas résisté à la tentation d’en demander davantage. Sauf qu’elle ne désire pas converser de cette partie de sa vie privée. La remarque lui a échappé et elle s’en mord la lèvre, mais ses parents sont du passé et elle ne connaît que trop bien la tendance des policiers à jouer les psychologues pour délier les langues. Alors, elle décide de rapidement plier l’affaire.

- Ce sont des abrutis. Il n’y a rien de plus à dire.

Avec un peu de chance, il croirait à une gamine encore en crise d’adolescence qui rejette l’autorité parentale et refuse d’admettre ses torts par orgueil. Heureusement, une échappatoire s’ouvre grâce à la boite de donuts vide. Jones se détend et Calista également. Elle trouve même un certain plaisir à le cuisiner à son tour concernant son allusion à sa collègue et non moins célèbre shérif. Rapidement, les langues se délient et le mystère autour de leur relation aussi. Calista est presque déçue de ce qu’elle apprend. Elle aurait tant préféré connaître une information qu’elle aurait été la seule à détenir. Un secret de faible envergure qui n’en demeurait pas moins un secret plaisant à garder. Elle aurait même pu se sentir un peu plus proche du beau gosse l’accompagnant, s’insinuant dans son esprit comme l’étrangère qui n’aurait aucun impact sur sa vie et à qui il pourrait se confier. Mais bon, elle n’a pas encore le pouvoir de remonter le passé, alors elle devra se contenter de la réalité.

- Toutes mes félicitations à vous deux. Conjuguer vie de couple et travail, c’est toujours compliqué mais vous m’avez l’air d’avoir trouvé le bon compris. Dit-elle en soulevant le paquet de donuts. Le sucre peut surmonter n’importe quel défi.

Bientôt l’odeur marine se fait plus présente et apparaît le parking de la plage, peu bondé à cette heure-ci. L’officier trouve rapidement une place où se garer et tous deux sortent de la voiture. Démarre enfin la vraie traque des individus. C’est vrai qu’à l’origine, c’était l’objectif de leur rencontre. Calista regretterait presque de ne pas passer plus de temps à discuter potins avec lui.

- Les vols ont eu lieu à différents endroits. Jamais près d’une guérite ou d’un poste de sauveteur, évidemment, ni à proximité du parking. Ils ne veulent pas être repérés, alors… c’est votre truc de se mettre à leur place, non ?