Comme aux échecs, il y a des moments où il faut sacrifier une pièce pour gagner
Les banques. Je déteste les putains de banque. Il y a toujours une bande de connards en costard qui se croient supérieurs aux autres parce qu’ils brassent des billets qui ne leurs appartiennent même pas. Sérieusement, si je n’étais pas aussi surveillez par les flics, sans doute serais-je tenté de faire un braquage ici juste pour avoir le plaisir d’écraser ces connards sous la semelle de mes bottes, mais comme je ne pouvais rien faire, je me contentais de venir une fois par mois pour retirer le fric nécessaire pour payer mon misérable petit appartement miteux. Allez savoir pourquoi, le proprio n’acceptait que l’argent comptant. En file, je commençais à perdre patience alors que le cassier écoutait vaguement un vieillard raconter pour la troisième fois qu’il avait perdu son chat.
« Écoute le vieux, on est pas à la SPA. Va chercher ton matou ailleurs et laisse les autres retirer leur fric » Sifflais-je avec impatience.
Il y eut une vague de murmures outrés autour de moi, mais personne n’osa s’adresser directement à ma personne. Il fallait dire qu’avec ma stature, mes muscles, ma barbe et ma centaine de tatouages, j’effrayais souvent le commun des mortels. Finalement, l’amateur d’arthrite comprend qu’il retarde tout le monde et il décide de partir, mais à peine j’ai le temps de faire un pas que le cassier esquisse un sourire arrogant.
« Désolé, nous fermons » Susurra-t-il d’une voix mielleuse. Je sens mon sang bouillir instantanément et étant un homme assez impulsif, je le saisis par sa cravate et je commence à le secouer comme un prunier.
« J’AI BESOIN DE MON FRIC! » Lui hurlais-je à quelques centimètres du visage, lui postillonnant dessus sans aucune gêne.
« CE BLOND À BESOIN DE SON FRIC…Et CE MEC AVEC LE FLINGUE AUS… » Continuais-je à gueuler en pointant l’autre client de la banque qui attendait derrière moi.
Sauf qu’un mec doté d’un flingue s’était également glissé dans l’institution financière entre temps et maintenant, ils nous menacent tous les trois avec la gueule de son canon. Je lâche le cassier et je me tourne vers celui qui nous menace.
« Écoute mec, déconne pas » Dis-je en faisant signe à l’inconnu blond de se rapprocher de nous. Sauf que je n’avais pas vu que les complices du premier cambrioleur s’étaient glissés derrière nous.
« Bordel…on est dans la merde » Grommelais-je à mon voisin alors que les braqueurs nous gueulaient de nous coucher au sol.