(Pumpkin King) Do you want to feel how it feels?

w/    @Victor J. Lovecraft  

Scarlett était assise devant sa coiffeuse, ses longs cheveux roux retombant dans son dos en cascade de boucles. La jeune femme tenait son crayon noir entre ses doigts fins et se regardait dans le miroir. Vêtue d’un bustier de lingerie et d’un porte-jarretelles, il ne fallait pas être pudique dans le cirque. Etant une femme séduisante avec de longues et fines jambes, Maitre Loyal avait très vite compris qu’il devrait transformer Scarlett en évènement. Sa gentillesse, sa douceur et sa propension a toujours aller vers le public faisait d’elle, la vedette tout expliquée. Une des filles passa derrière elle et ça ne serait que de mentir de dire que l’entente est au beau fixe entre Scar et ses pairs. La jalousie est parfois un sentiment qui vous gangrène le cœur quitte à vous rendre aussi mauvais que possible. « Alors chérie, fit l’une d’entre elle, tu vas chanter ce soir ? » Notre jolie poupée secoua la tête à la négative. Juste une démonstration avec ses rubans. Après tout, le cirque était nouveau en ville et il devait encore se faire connaître. Une fois la touche finale mise à son maquillage -un rouge à lèvres rouge sang- Scarlett quitta son espace personnel pour aller se mettre en place.

Assise sur la plateforme à une hauteur vertigineuse et dans le noir le plus total, elle regardait le spectacle qui se jouait sous ses yeux. Le chapiteau était plein. Ses grands yeux bleus en forme d’amande parcoururent la salle. Il y avait un large éventail de choix. Puis, on lui tendit son ruban qu’elle vint enrouler autour de son corps. Sans filet, rien. Si elle se loupait, cela serait la mort assurée. Mais la jeune femme avait conscience de ses qualités. Alors que Maitre loyal revint au centre de la scène pour faire son annonce. Elle avisait son haut de forme tout neuf. « Mesdames et messieurs, et vous les enfants, laissez-moi vous présenter la vedette de notre cirque. Elle nous vient tout droit d’Ecosse, elle est absolument sublime… » Le cœur de Scarlett fit une embardée alors qu’elle prit son envol pour tenir son ruban d’une main et se laisser retomber sous les yeux attentifs du public qui criait devant sa chute. Puis elle vint atterrir gracieusement sur ses pieds auprès de Monsieur Loyal. « Red Scar. » Puis, il lui lança un clin d’œil avant que les rubans ne se déplient d’eux-mêmes. Nombreux, ils entouraient toute la scène. Scarlett se mit alors à courir pour en sentir un au vol sous la musique des années 80 qu’elle avait choisi et exécutant ses figures avec un certain talent. L’attraction se retrouva tête vers le bas, ses pieds enroulés autour de ses instruments avant de venir chiper le pop-corn dans le bol d’un enfant et lui servir un lumineux sourire.

Enfin la musique changea, tout comme l’ambiance. Les lumières vinrent s’assombrir à mesure que les rubans étincellaient par on-ne-sait-quelle-magie. La luminescence. Scarlett qui était en son centre commença à chanter. Ce n’est pas beau de mentir mais il ne s’agissait que d’un petit tour à cette femme qui s’était montrée trop curieuse. Sa voix était claire, un peu enfantine. « C'mon, baby, c'mon darling, let me steal this moment from you now. C'mon, angel, c'mon, c'mon, darling, let's exchange the experience.” Puis elle repartit dans les airs tout en chantant en même temps. On ne saurait dire si c’est le hasard, ou juste le fait que son ruban se déroulait à cet endroit mais elle vint de nouveau atterrir avec la grâce d’un chat devant un homme qui semblait aux prises du spectacle. Scarlett s’approcha pour remettre son nœud papillon en place pour flâner jusqu’au prochain. 7 minutes de spectacle aérien durant lequel elle oubliait tout. Enfin la demoiselle vint atterrir au centre de la pièce avait avoir fait converger tous les rubans et tirer dessus avant de les laisser de suspendre dans les airs comme si elle avait arrêté le temps. Rejetant ses longs cheveux roux en arrière, elle adressa une gracieuse révérence au public qui faisait une ovation avant de s’approcher d’un enfant -qui faisait partie du spectacle mais était posé dans le public- qui lui tendit une rose. Elle lui offrit un sourire avant de repartir dans les coulisses comme elle était venue.

Se débarrassant de son maquillage superflu, attachant ses lourds cheveux en chignon, elle entreprit d’enfiler une tenue un peu plus confortable que celle qu’elle avait sur le dos. « Scar, quelqu’un veut te voir. » Ce n’était pas inhabituel mais dans un sens, elle aurait espéré avoir de quoi se reposer après sa performance et de faire ses étirements. « Tu peux l’envoyer à l’arrière. Je dois m’occuper de mes jambes. » Elle se dirigea dans un endroit tranquille avant de dérouler son tapis de yoga puis de coller sa première jambe sur une barre non loin pour faire en sorte que les muscles ne claquent pas. en attendant que son admirateur ou son admiratrice ne se manifeste.

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Scarlett adorait son métier. Bien qu’au départ, elle s’était contentée d’un banal cerceau, l’Ecossaise avait rapidement migré vers les rubans. Elle trouvait cette technique plus gracieuse et moins vu. Maitre Loyal qui la connaissait depuis l’enfance avait compris que la grande rouquine aux yeux bleus en amande serait un atout de taille pour le cirque. Cela ne serait que mentir que de dire que les admirateurs ne sont pas nombreux. Certains se présentent dans sa loge, d’autres à la sortie du cirque ou se manifestent via des bouquets et autres palabres laissés pour essayer de la séduire. Mais là où son père n’était point regardant concernant ses propres conquêtes, la jeune voltigeuse était plus exigeante. Elle voulait quelqu’un d’unique. On pourrait y voir une capacité surnaturelle mais pour elle, les hommes se confondaient tous. Faits de nuance de noir, de gris. De blanc pour certains. Elle qui rêvait d’un monde coloré. De se rapprocher d’un homme ou d’une fantaisiste capable de la faire vibrer. Et que même si elle essayait se jouer marionnettiste, elle ne parviendrait pas à entrer dans les rouages d’un cerveau compliqué.

Dans cette petite ville depuis quelques jours, la jeune femme avait remarqué certaines régularités dans le public présent. Comme bow tie man. Il était toujours là, assis à la même place avec de grands yeux brillants. La jeune femme au visage si fin l’avait remarqué le second soir. Et donc, alors qu’elle voltigeait dans les airs avec ses rubans, ses amis ; elle se stoppa devant lui pour venir replacer son nœud papillon. Ses longs fins se stoppèrent sur l’étoffe alors que son regard céruléen accrocha quelque peu celui de l’homme. Ses lippes peintes de carmin s’incurvèrent dans un sourire alors que le temps suspendu reprit son cours. Et donc elle repartit à l’assaut pour finir son spectacle. Les figures étaient différentes. Elle avait une dizaine de scénarios différents, ainsi que de chansons capables de charmer un public. Public qui s’était redressé dans une ovation. Et la jeune femme se baissa dans une gracieuse révérence avant de sourire à ses pairs.

Alors qu’elle venait de terminer à l’arrière, Scar revêtit rapidement un kimono de soie pour aller faire ses étirements quand on lui annonça un visiteur. Elle n’eut pas besoin de se retourner pour voir de qui il s’agissait. Elle avait lu la convoitise, l’émerveillement dans le regard de l’homme au nœud papillon. Alors avec une certaine nonchalance, la demoiselle se retourna pour venir poser sa jambe sur un muret et chopper la pointe plantaire, tirant délicatement dessus. La diction étrange, tout comme son corps qui semblait trop grand, elle eut un sourire amusé face à sa diatribe. « Scarlett ou Scar, faites votre choix. » Sa voix était douce, un brin, enfantine avant de reposer son pied pour commencer à étirer son dos. Elle fixa le bouquet un instant avant de tendre la main. « Eh mon admirateur posséderait-il un prénom ou dois-je continuer à le surnommer Bow tie man ? » Elle inclina la tête pour lui rendre son salut avant de fixer le bouquet. Les roses. Rouge. Signe de l’amour. « Je constate que vous venez presque tous les soirs depuis que nous sommes établis en ville. Vous aimez l’univers du cirque ? » A ses paroles, elle défit les épingles dans ses cheveux qui retenaient quelques mèches. Ces dernières retombèrent en anglaises parfaites le long de son visage d’albâtre alors qu’elle fixait monsieur nœud papillon de ses grands yeux aux teintes océaniques.

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Scarlett avait l’habitude des admirateurs. La jeune femme devait admettre que c’était lassant. Certes, elle n’était pas une célébrité sauf dans le domaine du cirque. Mais dès qu’elle faisait une apparition en ville, les gens se pâmaient devant sa beauté enchanteresse. C’était ce que Mr Loyal voulait. Et il l’obtenait. Scarlett ou Scar pour les plus intimes était un modèle de grâce, de politesse et de charme. Elle répondait toujours avec délicatesse à ses soupirants pour les éconduire un à un. Évidemment qu’elle avait repéré Bow Tie Man dans l’assemblée. Un homme avec une carrure assez simple, grand de taille, fin de corpulence. Des yeux ébahis comme ceux d’un enfant et un nœud papillon à son cou. Toujours différent à chaque fois. Elle ne saurait dire s’il l’admirait elle, s’il admirait ses prouesses ou le cirque en soi. Mais elle appartenait à un freak show. Et son coté monstrueux fut son élasticité, cette souplesse qu’elle avait avec ses rubans, son cerceau de temps à autre et sa longue chevelure incendiaire. Ce soir, elle ne saurait dire pourquoi. Mais elle sentait qu’elle aurait de la compagnie. Elle ne fut donc pas surprise de voi Bow Tie Man venir la voir avec un bouquet de fleurs. Les hommes sont si peu subtils avec leurs parades nuptiales. Des fleurs, des chocolats, du parfum, quelques bijoux. Scarlett aurait pu se contenter d’une marguerite ou d’un pissenlit, sa fleur favorite et non d’un bouquet de roses. Mais l’attention était adorable en soi et il était mignon avec son petit air. Elle accepta donc le bouquet avant de se détourner de son visiteur pour plonger les fleurs assoiffées dans l’eau. Mettant un peu de l’ordre dedans, elle demeura songeuse. « Je ne saurai dire pourquoi ma mère m’a prénommée ainsi. Mais Scar veut dire cicatrice dans votre langue. Sans doute car lorsque je passe, je laisse une cicatrice permanente aux yeux qui se posent sur moi. Une cicatrice incendiaire. » Elle le fixa pour se rendre compte qu’il ne s’était pas présenté. C’était original en soi bien que quelque peu malpoli.

La demoiselle se détourna de lui pour venir passer derrière le paravent et défaire sa tenue. Changeant sa tenue d’apparat, elle enfila un pantalon plus cosy ainsi qu’un sweat shirt. Ainsi, elle avait perdu de sa superbe. Le charme du numéro était rompu. « Oui certes mais cela ne dit toujours pas votre nom, très cher. » En deux enjambées, elle fut en face de lui, redressant son nœud papillon de ses doigts si fins avant de lui adresser un sourire. « Je suis écossaise, voyez-vous. Et il y a deux choses à savoir sur mon peuple : ne jamais nous serrer la main quand on nous rencontre pour la première fois et il faut donner son nom. » Elle tapota doucement le nez de Bow Tie Man avec son index avant de se reculer. Puis, elle exerça une pirouette gracieuse avant de l’inviter d’un coup de tête à la suivre. « Je dois aller voir Linux donc accompagnez-moi. »

Elle étudia sa question un moment avant de lever la tente vers le chapiteau. « J’y ai grandi, effectivement. Pas dans celui-ci, mon ami. Un autre. Mais mon père aime l’univers. » Un grand boum se fit entendre au loin. « Et tout faire sauter aussi. » Attrapant un sceau de viande à la dérobée, elle s’approcha de l’enclos des bêtes pour s’approcher du plus gros. Du plus grand. Du plus féroce. « Je vous présente Linux. Le roi de la fête. » Elle déverrouilla la cage avec sa clé avant de laisser le soin au félin de venir jusqu’à elle. Puis Scarlett vint s’asseoir à terre invitant le gros chat à venir la voir et se frotter contre sa main. La jeune femme lui lança un morceau de viande qu’il attrapa à la volée. « Certaines adoptent des chiens, des chats, des cochons d’inde. Moi, j’ai mon lion. » Elle leva son regard clair vers celui de son ami avant de lui sourire. « Vous voulez le caresser ? Promis, il ne vous mangera pas la main. La rumeur comme quoi les lions attaquent les humains est faussée. » Elle osa lui rendre son clin d’œil avant de continuer à nourrir Linux. « Sinon, vous comptez me le proposer quand votre rendez-vous galant ? Ou alors, êtes-vous ici juste par plaisir de ma compagnie ? »

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Dire que Scarlett n’aimait pas captiver les foules serait mentir. Car dans le fond, elle est comme toutes les femmes, elle aime avoir les regards braqués sur soi. Certains diront qu’elle se vend comme un morceau de viande. Mais dans le fond, elle apprécie de jouer avec ses rubans qui sont souvent en contraste avec ses cheveux faits de feu. Elle apprécie également de chanter de temps en temps. La jeune femme n’est que grâce et finesse donc il est tout à fait normal qu’elle le montre. Puis, l’Ecossaise a grandi dans cet univers bariolé. Certains y voient de la magie, d’autres une cage. Certains crieront au mensonge mais elle n’y voit que la révélation de sa véritable identité. Alors qu’elle se tient aux côtés de celui qui l’a captivé dès le premier soir tant par ses traits que par son originalité, elle sent son myocarde qu’elle jugeait trop mécanique se mettre en route rien qu’à l’écoute de sa voix. Si elle ferme les yeux et tente de la matérialiser, elle y verra l’onctuosité d’une boisson chaude. Une enveloppe réconfortante qui vous drape dans cet univers si doux et elle pourrait l’écouter pendant des heures tenir son discours très irréaliste. « Exactement. » Elle darde sur lui, un regard océanique de velours avant de lui faire un sourire. « J’aurai pu choisir le trapèze. La classique voltige dans un élément aussi coloré. Mais j’aime mes rubans. Ou alors il m’arrive de changer de temps en temps et de prendre mon cerceau. Je me fais l’effet d’être Nicole Kidman dans Moulin Rouge. » Elle approche doucement son visage de celui qui semble fasciné par sa compagnie. « A kiss on the hand. May be quite continental, but diamonds are a girl's best friend, chante-t-elle avec son plus bel accent écossais. » Puis, elle s’éloigne en riant. « Je n’aime pas les diamants cependant. » Elle rejette sa lourde chevelure carmin. « Je vous laisse deviner ma pierre précieuse, très cher. » Pourquoi, tient-elle tant que ça à le séduire ? Elle a des admirateurs au physique plus harmonieux, au charme plus déroutant mais il y a cette attraction qui la pousse à vouloir découvrir ce qu’il se cache dans ce crâne fantaisiste.

Elle revint vers lui dans un habit plus convenable avant d’arquer un sourcil. Puis Scarlett inclina la tête pour juxtaposer ses lèvres sur la joue de son nouvel ami. « Ravie de vous rencontrer, Victor. » Alors qu’elle était immaculée, la peau de son interlocuteur était maintenant d’un rouge incendiaire. De la couleur des lèvres de la jeune femme. En portant fièrement sa marque. Puis, elle l’invita donc à la suivre, posant les fleurs qu’elle prit soin de mettre dans l’eau au passage pour aller nourrir Linux. « Les Irlandais et les Ecossais ne sont pas amis, pourtant. Mais peut-être serons-nous une exception ? » Un fin sourire étire ses lèvres alors qu’elle prend le sceau de viande. Ils arrivèrent bien assez tôt devant la cage de l’imposant félin. Scarlett lui tendit sa nourriture avant de se tourner vers Victor. « Je me sens toujours en sécurité. Il y a très peu d’hommes ou de femmes qui oseraient me faire du mal. Pas avec une famille telle que la mienne. » Un rictus narquois étire ses lippes alors qu’elle prit de la viande qu’elle mit dans le creux de sa main puis tourna la paume vers le haut avant de venir la présenter au lion. Qui la prit avec précaution. « Vous êtes un homme très mystérieux. Offenser un lion. Attendez. » Scarlett prit un papier pour essuyer ses mains avant de venir nouer ses doigts à ceux de Victor. Puis, elle passa derrière lui, la bouche si proche de son oreille. « Ne montrez pas votre appréhension. Nos odeurs vont se mêler et il n’aura aucune raison de se méfier. » Sa main vacante remontait contre le bras de son nouvel ami à mesure qu’elle tendit les doigts entrelacées vers le félin qui les sentit avant de s’en détourner. Avec une infime délicatesse, elle posa les mains liées sur le pelage de Linux qui ne broncha pas. Tandis que ses doigts continuaient de pianoter sur le bras de Victor. Puis, elle décida de rompre le charme, ôtant ses doigts, reprenant leurs mains qu’elle lâcha avant de se reculer.

« Si je vous en parle, ce n’est pas pour décliner. » Elle repassa devant lui, continuant la lourde tâche de nourrir le roi de la fête. « Ce soir ? » La demoiselle tourna la tête pour planter ses iris dans celles de Victor. « Est-ce votre manière de charmer une femme ? Parler aussi vite ? Ou alors suis-je la seule à avoir ce privilège ? » Lorsqu’elle eut fini, elle lava ses mains minutieusement avant de revenir vers Victor, humectant ses lèvres au passage. « Pourquoi seriez-vous venu avec un bouquet de fleurs si ce n’était pour me séduire ? » Elle inclina la tête sur le côté, laissant ses cheveux suivre le mouvement. « Étrange personnage que voilà. » La jeune fille s’approcha pour poser sa main sur la joue immaculée de son interlocuteur. « J’aime bien. »