The crowned thief and the bastard ft Aladdin

Ils étaient, ils les avaient remarqués. Il n’était plus qu’un. L’autre n’avait malheureusement pas survécu au sort de magie noir de Jafar. “Qui t’envoie misérable vermine ? Tu ferais bien de me répondre rapidement, avant que ma miséricorde passagère ne se change en fureur.” Étrangement il était rare qu’on garde le silence devant un Jafar en colère. Mais sa fureur n’était rien, comparé à celle qui prit possession de son être quand il apprit que ces insectes avaient été envoyés par Aladdin. Ce minable voleur lui volait sa vie, sa place et en plus il osait l'espionner ? Un sourire mauvais sur les lèvres, Jafar se décida à aller présenter ses salutations au nouveau dirigeant du pays. Ainsi, il pourrait lui rendre les corps sans vie de ses espions.

Il entra sans trop de mal dans le palais. Sûrement que le fait de traîner deux corps sans vie suffisait à calmer la fougue des gardes. “J’ai trouvé des rats devant ma porte…” Sur ces mots, Jafar laissa les corps sans vie retomber sur le sol aux pieds d’Aladdin. “Malheureusement pour eux, je n’ai pas de pitié pour la vermine…” Et le mot vermine avait été dit avec emphase et le regard de Jafar c’était posé sur Aladdin. Ce maudit voleur, ce fils de rien qui avait tout ce que lui aurait dû avoir. La couronne, le pouvoir elle lui revenait à lui ! Il était le fils du Sultan. C’était son droit de sang que d’avoir cette place !

“Vous vouliez savoir quelque chose en particulier votre “altesse”? Puisque je suis là en personne et avant que je ne me décide à faire disparaître votre palais sous le sable, posez-moi vos questions. Il se peut que je sois d'assez bonne humeur pour y répondre.” Son regard fit le tour de la salle du trône, elle était étrangement vide, il fallait dire que sa présence devait avoir grandement vidé la pièce. “Votre délicieuse femme n’est pas là.. quel dommage je lui aurait rendu hommage avec joie…” Une grimace de haine se dessina sur ses lèvres quand il parla de Jasmine. Après le sultan, c'était la personne qu’il détestait le plus au monde. Elle avait eut ce que lui avait toujours chercher. L’amour d’un père. C’était la seule chose qu’il avait demandé et à la place… On l’avait tué.

Dans la salle du trône, tout était paisible et calme. J’avais congédié tous les serviteurs et les gardes, profitant de l’absence du Sultan et de Jasmine pour admirer le palais de fond en comble, en découvrir les passages secrets et les mystères. Dans un même temps, je savais que certains de mes hommes que j’avais envoyé à la recherche de Jafar était sensé venir me faire un rapport sur tout ce qu’ils avaient accumulés sur lui. En théorie, j’avais encore un peu de temps avant leur arrivé, suffisamment pour faire le point sur ce que je ferais dans le cas où ils l’avaient retrouvé. Je ne savais même pas pourquoi je tenais tant à retrouver la trace de cet homme qui désirait sans doute ma mort plus que tout, mais le besoin d’avoir des réponses à certaines questions étaient de plus en plus impérieux en moi. Je ne comprenais pas comment un homme aussi intelligent et puissant que Jafar avait tout risqué pour prendre la place du Sultan. Pour avoir l’entièreté du pouvoir, il avait joué sa place et tout perdu. Pourquoi?


Mâchonnant ma lèvre inférieure en réfléchissant aux multiples questions qui rebondissaient encore et encore dans mon esprit, j’ai sursauté en entendant le fracas à la porte. Jafar entra de façon majestueuse et imposante, impression amplifiée par les deux cadavres qu’il trainait. De toute évidence, mes hommes n’avaient pas été assez subtiles. Tant pis pour eux. Par contre, je devais me reprendre parce que je n’avais vraiment pas planifié faire face à Jafar si vite. Je pensais aller à sa rencontre, pas l’inverse et de toute évidence, il n’était pas ravi de me faire face également. « La vermine vous remercie tout de même d’avoir rapporter les corps au palais. Leurs familles pourront faire leur deuil » Dis-je sans m’offusqué par l’insulte. Il était hors de question que je perde le contrôle face à lui, parce que c’était de toute évidence ce qu’il cherchait à faire.


« Calmez-vous Jafar. Je me doute bien que vous manquez très certainement d’interlocuteur, mais ce n’est pas une raison pour sauter à l’insulte aussi vite. Ces hommes ne vous espionnaient pas, ils avaient pour mission de vous retrouver, nuance » Dis-je avec un calme olympien en le regardant, loin d’être le minable petit voleur qu’il avait jadis connu. Les années qui avaient défilées m’avaient fait murir et j’avais également prit en assurance. « Jasmine est avec son père en balade dans le royaume. Mine de rien, c’était le moment parfait pour vous de venir ici. Soyez judicieux Jafar, si vous décidez de collaborer, vous pourriez récupérer votre ancienne place au sein du royaume » Rajoutais-je doucement en esquissant un sourire malicieux aux coins de mes lèvres. Je me tourne vers lui pour planter mon regard dans le sien. « J’ai découvert trop tard le véritable visage de Jasmine et il est hors de question que je lui laisse la tête du royaume. Je ne connais pas la raison qui vous ont poussé à vouloir les exterminer dans le passé, mais je sais qu’elle est si versatile qu’elle mènerait le royaume à sa perte. Agrabah est ma maison, il est hors de question que je la perde encore » Dis-je évasivement, voulant attiser sa curiosité et son besoin de savoir. « Racontez-moi » Conclus-je en lui désignant des fauteuils confortables de la main, dans une invitation muette.

L’ancien vizir avait bien envie de lui faire ravaler son air suffisant à ce voleur dont l’arbre généalogique devait sûrement compter plus de pommes pourris que le stand du pire vendeur des bas fonds. Il se prenait pour un Sultan, il n’était rien. Qu’un déchet que seule la chance avait amené à cette place. Jafar eut une grimace, une moue à la fois moqueuse, mesquine et dégouté quand le jeune homme lui adressa la parole. Les deux corps qu’il tenait en lévitation devant lui tombèrent sur le sol dans un son mate, s'effondrant comme une pile de linge sale. Il fit taper la pointe de son sceptre serpent sur le sol avant de poser sa main sur la tête de l'animal doré. “Cessons ces simagrées, tu m’insupportes, alors parles sans détours avant que ma patience déjà mise à rude épreuve n’arrive à sa limite et qu’au lieu de mots se soit ma magie que je laisse sortir. Toi et ta chère femme m’avaient peut-être mit dehors et humiliés, mais ne faites pas l’erreur de croire que je suis sans danger pour vous.”

L’ex grand vizir leva les yeux au ciel, Aladdin lui parlait comme s’il était le dernier des imbéciles. Mais il ne se laisserait pas faire par ce rat. “Vos nuances m’importent peu. Vous osez me prendre ma place et ensuite me faire espionner, cessez de me prendre pour plus idiot que je suis… Cela ne fait que me mettre plus en colère…” Si la suite des mots du voleur le surprirent, rien en Jafar ne le laissa voir. Le même visage impassible et le regard sombre pleins de haine pour la personne qu’il avait devant les yeux. Il ne comprenait pas comment Aladdin avait pu passer de l’amour fou à la haine. Mais cela lui plaisait. Même si ça arrivait un peu tard. Son regard suivit la main du regard puis les fauteuils. Un sourire peu amène sur le regard.

“Que je vous racontes ? Pourquoi le ferais-je ? Vous pensez qu’il suffit de me dire que Jasmine et vous ne filez plus le parfait amour pour m’obliger à parler ? Vous m’avez pris ma vie, tout ce que j’avais et vous voudriez que je parles sans rien en retour ? Vous me promettez mon ancienne place… Mais je ne veux pas être grand Vizir, je veux la place qui me revient de droit, par le sang. Je veux le Sultan et Jasmine à mes pieds, esclaves.” Il n’avait pas bougé, Jafar n’était pas facile à faire ployer d’autant plus qu’il avait assez subi la fourberie des habitants du palais. Et que Aladdin faisait partie des architectes de sa déchéance. “Commence par me dire pourquoi tu as changé d’avis sur ta si merveilleuse épouse et peut-être que je parlerais. Mais je ne suis pas à tes ordres… Vauriens.”

Bon, tout n’allait pas comme je l’avais prévu, j’étais forcé de me l’avouer. Personnellement, je m’étais attendu qu’on me confirme la mort de l’ancien grand Vizir ou sa reconversion en mendiant, ce qui m’aurait amplement laissé le loisir de me faire une tête et réfléchir. Sauf qu’il a décidé de ne pas me laisser le loisir de choisir ce que je ferai puisqu’il a l’impolitesse de rappliquer au palais sans s’annoncer et d’avoir tuer les deux hommes que j’avais lancé à sa suite. Une chance que le Sultan et Jasmine étaient absents, sinon j’aurais eu de la difficulté à expliquer ce qu’il faisait là. Surtout que même moi, je ne savais pas ce qu’il venait chercher ici. Me tuer? Peut-être bien, mais j’avais l’arrogance de croire qu’il avait beaucoup plus besoin de moi que moi de lui. Après tout, c’était lui qui avait été renié et banni, pas moi. Il ne pouvait pas ensorceler le royaume en entier afin de reprendre le pouvoir…n’est-ce pas?


La magie de Jafar est toujours aussi impressionnante, mais depuis Storybrooke, j’ai pris beaucoup plus de confiance et d’assurance. Je ne suis plus le misérable petit voleur qui se laissait impressionné par tout ce qui avait un éclat doré et qui pensait que quiconque était plus important que lui. Sauf que Jafar est dans la menace, limite dans l’impolitesse et les insultes. « C’est étrange Jafar, dans mon souvenir vous étiez beaucoup plus posé et moins susceptible à l’impulsivité des menaces. Vous aviez l’intelligence d’user de l’art de la manipulation » Fis-je remarquer, pas le moins du monde intimidé par ses menaces. S’il avait déjà décidé de me tuer en venant ici, rien de ce que je pourrais lui dire ne pourrait lui faire changer d’avis, alors pourquoi tenter de faire des ronds de jambes face à lui? Il pensait réellement que ses menaces me feraient l’implorer d’épargner ma vie? Non. Ce n’était pas mon genre.


Un long soupire sortit d’entre mes lèvres. Il était vraiment borné et voulait absolument croire que je tenais à l’espionner. Pourquoi? Il était dans la disgrâce et bannit d’Agrabah, pourquoi voudrais-je l’espionner, il n’était plus personne? « Je voulais vous trouver, pas vous espionner. Vous pouvez penser ce que vous voulez, mais je n’ai pas volé votre place. Vous avez mal joué par excès d’impulsivité et d’arrogance, vous ne pouvez que vous en prendre à vous-même » Dis-je sans sourciller. Parce que bon, je voulais bien me prendre toutes les insultes du monde et toutes les remarques acariâtres, mais je n’allais pas me laisser accuser de quelque chose dont je n’étais pas responsable. Cet homme avait le pouvoir d’hypnotiser tout le monde et il avait tout précipité par excès d’impatience et de colère, c’était à lui qu’il devait s’en prendre, pas à moi.


Sauf que bien sûr, Jafar continua de me montrer à quel point il était offusqué de s’être fait avoir par un mec sans le sou et sans éducation. C’est bon, je l’avais compris ça. Il était plus qu’évident que s’il persistait à se focaliser que sur son égo blessé, nous n’avancerons pas. J’avais compté sur le fait qu’il était un homme brillant capable de tout, j’étais vraiment désillusionné pour le coup. Sauf que quelque chose dans son petit monologue outré me fit tiquer. La place qui lui revient de sang? Non. Il était beaucoup de chose ce Jafar, mais pas idiot au point de croire que sa place de Vizir lui donnait un droit de sang sur le trône. Ce qui voudrait dire que… « Sultan? Jafar vous savez que personne ne vous suivra en tant que maître d’Agrabah. Le peuple aurait pu vous suivre dans le passé, mais pas après qu’ils aient découvert que vous avez essayé d’éliminer le Sultan » Fis-je remarquer sans m’attarder à cette question de sang. Je n’oubliais pas ce détail, je le conservais seulement dans un coin de mon esprit.


Jafar se révélait alors qu’il avait pourtant dit qu’il ne voyait pas pourquoi il le ferait alors plutôt que de l’interrogé pour le voir se fermer immédiatement, je préférais attendre et glander toutes les brides de lumières qu’il m’apportait inconsciemment. Sauf que Jafar revint à la charge avec les insultes. Un long soupire sortit d’entre mes lèvres. J’avais l’impression de faire face à un enfant boudeur qui tenait absolument à avoir le dernier mot. « Si j’étais vous, je me calmerais avec les insultes parce que si on parle de vauriens, en ce moment, c’est vous qui vivez dans la misère et moi qui suis au palais » Fis-je remarquer calmement en me doutant bien qu’un nouveau flot d’insultes et de menaces suivrait cette remarque. « Je l’ai dit, Jasmine est versatile. Elle ne sait pas ce qu’elle veut et elle est fourbe. Elle pose des actes immoraux et cligne de ses grands yeux en croyant qu’on lui laissera tout passé parce qu’elle est une princesse. Elle a trahi notre mariage et elle a trahi son devoir envers le royaume. Elle ne mérite pas sa place sur le trône ni même au sein de ce palais. C’est tout » Dis-je en haussant les épaules.


Je ne comptais pas expliquer ce qui s’était passé à Storybrooke puisque j’ignorais si Jafar avait fait partit de ce voyage. Je n’allais pas lui fournir des munitions qui mèneraient à ma destruction puisque de toute évidence, c’était la seule chose qui l’intéressait.

“Et dans mes souvenirs tu n’étais qu’un rat des rues. Comme quoi il ne faut jamais se fier à ses souvenirs mon très cher Aladdin. Maintenant cessons ses fausses politesses. Tu m’as pris la place qui me revient par droit de naissance et de sang. Le sultan payera, même si pour cela je dois mettre son royaume à feu et à sang. Ton histoire avec Jasmine ne me concerne pas. Bien que votre malheur me fasse plaisir.” Aladdin l'agaçait, cela avait toujours été le cas. Il se rêvait grand prince alors qu’il n’était rien, mais lui avait réussi à obtenir ce qu’il voulait. En volant  Jafar ce qu’il voulait. Comment tout cela avait-il pu déraper de la sorte ? A dire vrai, Jafar ne le savait pas, il avait du mal à revenir dans son rôle… Sa vie à Storybrook lui manquait. Même si tout n’avait été qu’un mensonge. Ici à Agrabah il avait tout sacrifier pour ne rien avoir au final. Ses doigts se posèrent sur la tête de serpent qui renfermait l’essence même d’Amara. Amara qu’il avait sacrifié pour obtenir le pouvoir. Mais pour quoi au final ? Il avait perdu la femme qu’il aimait, avait perdu l’amour pour une réussite illusoire. Il se souvenait avec nostalgie de sa vie dans la petite ville du Maine. Certain, l’amertume envers son père était toujours présente, mais moindre, moins forte, elle ne dirigeait plus sa vie.

Il soupira un peu avant de se pincer l'arête du nez. Aladdin avait raison, avant, avant il était maître de lui-même et de ses émotions. Mais Storybrook avait redistribué les cartes. Et Jafar voulait retrouver cette paix qu’il avait connue dans cette petite ville sans magie. "Aucun de vous ne mérite sa place. Ni toi, ni Jasmine, ni le sultan. Mais depuis quand faut-il mériter sa place pour avoir le pouvoir ? C’est le coup du sort qui pose une couronne sur la tête des gens. Pourquoi voulais tu savoir ce que je devenais Aladdin ? L’envie de prendre des nouvelles ?”Il glissa de nouveau ses doigts sur la tête du serpent dorée qui lui servait de sceptre avant de poser son regard sombre sur l’ancien voleur sans rien ajouter de plus. Il ne pensait pas que la malédiction avait eu un aussi grand effet sur lui. Mais il fallait croire que si. Cependant son envie de se venger de son père, elle, était toujours présente.

“Jasmine est la fille du sultan, sans elle tu n’es rien. Sans elle, tu perds ta place sur le trône. Seul ton mariage avec elle te garde là où tu veux être. C’est pour cela que je ne comprends pas bien ce que tu as à l’esprit.”

Bon, de toute évidence, tenter de retrouver Jafar n’était pas l’idée la plus brillante qui avait traversé mon esprit. Il était rempli de verve, de colère et d’hargne alors que j’avais compté sur son esprit intelligent et calculateur pour occulter ce qui s’était passé quelques années plus tôt. Il semblerait que Jafar tienne absolument à vivre éternellement dans sa rancœur. Certains humains étaient comme ça, il semblerait. Moi j’avançais, je tentais d’imaginer un avenir plus brillant, lui non. Il se tanguait à continuer de m’insulter pour prouver sa supériorité. Supériorité par rapport à quoi? Aucune idée. Peut-être avait-il besoin de ça pour se sentir mieux. « Vous voyez Jafar, c’est à cause de ça que vous n’aurez jamais votre place sur le trône. Un monarque préfèrerait mourir plutôt que de voir son royaume détruit par sa faute. Par le sang ou pas, si votre but est d’anéantir cet endroit plutôt que de le rendre meilleur, vous ne méritez pas mieux que ce qui vous est arrivé » Sifflais-je avec rudesse.


Agrabah a toujours été et restera toujours ma maison. Entendre quelqu’un parler de tout mettre à feu et à sang m’enrageait. Moi vivant, jamais ça n’arrivera. Dommage, Jafar n’était pas l’allier que j’avais espéré avoir. Enfin, il aurait pu l’être, mais il était tellement centré sur lui-même et sa propre douleur qu’il en devenait dangereux, autant pour moi que pour Agrabah. Je pouvais vivre avec la menace constante d’une épée planant au-dessus de ma tête, mais jamais je ne m’allierais avec quelqu’un qui voudrait annihiler ma maison. J’hausse les épaules lorsqu’il me fait remarquer que je n’ai pas mériter ma place sur le trône, tout comme le sultan ou Jasmine. J’avais déjà beaucoup plus fait pour ce royaume que lui. Depuis que j’avais le droit de prendre quelques décisions, le peuple mangeait beaucoup mieux et je travaillais sur l’ouverture de quelques écoles dans les quartiers moins favorisés. Qu’avait-il fait lui, autre que d’ensorceler le Sultan afin de prendre sa place? Pas grand-chose, selon mes souvenirs. « Et pourtant, en réclamant la couronne en disant qu’elle vous revient par le sang et non pas par le mérite, vous exiger le même traitement que vous refuse le Sultan, non? » Susurrais-je évasivement avec un sourire malicieux en coin. « Quant à ma volonté concernant votre présence ici, elle s’égraine au fil de vos paroles. Je pensais avoir en face de moi un homme sensé qui accepterait de discuter afin de revenir à une vie confortable où il aurait des responsabilités, mais vous persistez à rester coincer dans vos souvenirs » Rajoutais-je, légèrement ennuyé. Au final, j’étais en train de perdre mon temps et le seul élément que je pourrais retenir de cette rencontre serait cette histoire de sang.


« Si à la base ce que vous dites est vrai concernant mon arrivé dans l’échelle de la monarchie, vous avez tendance à oublier qu’à Agrabah, une femme ne peut gouverner seule et vu ses récents scores, elle prouve qu’elle a beaucoup plus son propre intérêt à cœur que celui du royaume. Par ce mariage, je suis devenu fils de la maison et même si dans un autre monde, la séparation définitive est possible, ici ce n’est pas le cas, donc il ne risque pas d’y avoir un "sans Jasmine" comme vous le dites si bien » Lâchais-je distraitement. Je ne savais peut-être pas lire et donc, je n’avais pas accès à tous les textes de loi d’Agrabah de mon propre chef, mais ce qu’il y avait de bien avec mon nouveau titre c’était que j’avais accès à pleins de gens prêt à me faire la lecture en échange de quelques pièces d’or. « Quant à savoir ce que j’ai à l’esprit, disons que mes idées fondent de plus en plus au fil de cette conversation » Rajoutais-je en me servant du vin lentement. J’allais devoir réfléchir à autre chose et vite. « Oh, une dernière chose Jafar...Je ne serais jamais rien, malgré ce que vous dites. Je suis Aladdin d'Agrabah et ça, personne ne me l'arrachera jamais »

Je pouvais aisément comprendre la fureur de Jafar. J’étais sans doute l’une des dernières personnes qu’il souhaitait voir, surtout ici. Après tout, il avait pratiquement régné à la place du Sultan pendant des années et il avait tout perdu lorsque j’ai eu le mauvais goût d’apparaitre dans la vie de Jasmine. Maintenant que je voyais le véritable visage de la femme qui était sensé partager ma vie, je regrettais mon souhait de devenir le prince Ali. Soyons honnête, si je n’avais pas connu cette vie de satin et de richesse, jamais je n’aurais tenté de prendre le pouvoir, mais maintenant…dire adieu à tout ça me semblait impossible. C’est face à ce constat que je m’étais dit que l’ancien Grand Vizir pourrait devenir un allier de taille puisque nous partagions la même volonté de diriger Agrabah, mais de toute évidence, sa rancœur était encore plus grande que sa volonté de récupérer sa place.


Enfin, maintenant qu’il a laissé échapper qu’il est en fait l’ainé du Sultan, je pense comprendre sa faim de pouvoir et de reconnaissance. Après tout, n’avais-je pas tenté de faire pareil lorsqu’on avait retrouvé mon père, le roi des voleurs? Il veut prouver sa valeur, prouver à son père qu’il avait eut tord de l’abandonner. Oh oui, plus il parlait, plus je comprenais que nous étions vraiment semblables. J’hausse un sourcil lorsqu’il claque le bout de son sceptre d’or sur le sol et qu’il clame calmement qu’il ne veut plus le trône et qu’il se fiche éperdument de l’identité de la personne qui règnera. « Si vous n’aviez pas clamé à quelques reprises le fait que le trône vous appartenait de plein droit et que vous comptiez le reprendre, peut-être vous aurais-je cru » Fis-je remarquer en l’observant. Ce n’était ni une accusation, ni une remarque narquoise. Un simple constat tiré de notre conversation chaotique.


Je l’écoute parler des textes de loi et du fait que j’étais apte à répudier ma femme, mais je voyais là une contrainte qui me pénaliserait moi plutôt qu’elle. Si je mettais fin à notre mariage, elle s’empresserait d’épouser son bon à rien de sac à puce et à le mettre sur le trône. La répudier annulait notre mariage et, de ce fait, ça serait moi qui serait jeté hors du palais, pas elle. « Si je fais ça, je m’éjecte moi-même loin du trône et du palais. Elle sera répudiée et honteuse, mais elle reste une princesse » Fis-je remarquer en caressant mon menton, réfléchissant à voix haute. « Je ne suis pas devenu assez inestimable aux yeux de tous pour qu’on m’honore du titre d’héritier au trône sans avoir la princesse coller à mon giron » Rajoutais-je lentement. Je pourrais me débarrasser de son mec ou de son enfant pour parvenir à mes fins, mais…à quelque part, c’était encore un peu trop sombre pour moi. Storybrooke m’avait certes changé, mais il y avait encore au fond de moi le même Aladdin que j’avais été jadis, avant ma rencontre avec Jasmine. « Pourquoi est-ce que vous me suggérer une telle idée alors que vous m’avez clairement fait comprendre que j’étais encore plus bas dans votre estime que la fiente de Iago? » Demandais-je finalement. C’était un piège?

Il l’écouta avant de regarder ses ongles un long moment, il soupira un peu. Il savait qu’il n’aurait pas le trône, à moins de faire couler un véritable bain de sang à Agrabah. Et peut-être qu'à un moment de sa vie, cela ne l’aurait pas dérangé, mais depuis la malédiction, il n’était plus vraiment porté la dessus. Il ne savait pas si c’était un bien ou mal. C’était un simple constat. Sa vie de Storybrook lui manquait parfois. Mais c’était comme ça. Il fit tourner son long bâton dans sa main avant de lever de nouveau les yeux sur Aladdin. Il soupira longuement et haussa les épaules. “J’ai de plus en plus de mal à tenir mon rôle. Je suis lasse, je sais au fond que je n’aurais jamais le trône… Mais cela ne veut pas dire que je ne veux pas ma vengeance… Le sultan m’a tué, moi, son propre fils… Et il comprendra dans sa chair la douleur qu’il m’a fait ressentir.”

Il l’observa longuement avant de soupirer doucement par le nez et de faire claquer sa langue contre son palet. Il fit tourner son bâton avant de le soulever avec la magie, s’amusant à le faire tournoyer devant son regard. “Vrai, elle reste Princesse de part son sang, mais si ce que tu dis est vrai, le peuple ne la suivra pas. Tu n’auras pas le soutien des nobles. Parce qu’ils te jalousent d’avoir réussi là où eux ont toujours échoués. Mais, le peuple… Tu viens de cette partie là de la population pas vrai ? Il faut que ce soit eux qui demandent le départ de Jasmin mais que toi, tu te présente comme celui qui peut sauver leur ville… Leur pays.” Il arrêta de faire tourner son bâton avant d’arranger sa cape qui formait plusieurs plis qui étaient disgracieux.

“Parce que je suis de bonne humeur, croit moi si tu le veux ou non, mais je n’ai aucun intérêt à ce que Jasmine reste au pouvoir. Si je dois commencer par la faire souffrir elle pour arriver jusqu’à notre père, alors je le ferai. Si tu arrives à te débarrasser de Jasmine, cela ne fera qu’aider à mon plan.” Il haussa les épaules et enroula son doigt autour du tissu sombre de sa cape. S’il fallait aider Aladdin à se débarrasser de Jasmine pour que sa vengeance soit complète alors Jafar le ferait. Et puis, ensuite le Sultan. Jafar ne savait pas encore à quelle sauce il allait le manger. Mais il savait une chose, il prendrait son temps.

“Enfin, libre à toi de ne pas croire en ma… Hum… Disons que nous sommes du même côté aujourd’hui et que je ne pense pas qu'à part moi tu es de nombreux autres soutiens. Je connais le fonctionnement de la cour et j’ai quelques pouvoirs sans me vanter… Je pourrais même faire du sultan un chien obéissant.”

Je ne comprends pas trop le sens des paroles de Jafar. Si je prends ses propos au premier degré, ça voudrait dire qu’il est mort au moins une fois. Pourtant, il est là devant moi et il semble bien réel et vivant. Je le regarde longuement, tentant de voir dans ce visage anguleux les traits de Jasmine ou du sultan. Certes, il y avait une légère ressemblance, mais pas au point qu’on puisse le croire sur parole s’il venait qu’à déclarer au monde entier sa véritable identité. Je l’écoute me dire qu’il sait qu’il ne règnera jamais sur le royaume d’Agrabah et j’hausse les sourcils, surpris. Il abandonnait? Je ne le connaissais pas personnellement, mais cette attitude me semblait étrange venant de sa part. Il avait d’abord réclamé à plus d’une reprise le trône depuis son arrivé et venait tout juste de mentionner vouloir obtenir sa vengeance contre son père. La meilleure des vengeances n'était pas d’accéder au trône qu’il lui refusait depuis sa naissance? « Je t’ai connu plus combatif » Lui fis-je remarquer doucement, redevenant suspicieux et sur mes gardes. Est-ce que quelqu’un pouvait changer aussi drastiquement?


Passer de la douceur à la haine, c’était possible puisque la vie était dure et que les humains qui nous entourait était monstrueux, mais l’inverse? Non, j’avais beaucoup trop de difficulté à le croire. La partie de moi qui était encore l’innocent petit Aladdin au grand cœur avait envie de le croire, mais c’est justement parce que j’avais été trop naïf et innocent que Jasmine s’était donné le droit de me faire du mal à ce point. Je le vois s’impatienté et m’expliquer comment il me serait possible d’avoir le pouvoir si je répudie Jasmine. Il était vrai que le peuple devrait logiquement être de mon côté, mais contrairement au monde qui contenait la ville de Storybrooke, ce n’était pas une démocratie qui avait lieux ici, mais une monarchie. Jamais le peuple ne serait suffisamment écouté pour qu’ils choisissent eux-mêmes leur leader et pour ma part, je ne désirais pas que le peuple subisse les représailles de Jasmine et du Sultan s’il y avait un soulèvement. « Je n’ai pas grandi dans ce monde de richesse et de noblesse. Je ne sais pas lire et je ne peux pas me fier aveuglément à tout ce qu’on me dit. Je viens du peuple, je sais justement qu’ils sont trop effrayés pour se soulever contre leur princesse et leur sultan » Dis-je pensivement en me passant une main dans mes longs cheveux noirs. Peut-être que ça ressemblait à quelqu’un qui tentait de se défiler, mais en fait, c’était surtout les paroles de quelqu’un qui avait déjà réfléchi à plusieurs éventualités.


« Si tu veux faire mal à Jasmine, débarrasse-toi de son sac à puce ou de son satané mioche, elle deviendra folle et fera tout ce que tu veux, même si ta volonté soit qu’elle tue le Sultan » Lui dis-je en haussant les épaules alors que ma mâchoire se serait à la pensée de l’enfant et du lion sombre. J’avais essayé et j’avais échoué, parce que Jasmine se méfiait tellement de moi qu’elle en était presque parano, mais comme elle ignorait tout du retour de Jafar, il aurait l’effet de surprise pour lui. Je l’écoute me dire qu’aujourd’hui nous sommes du même côté et je me mords la lèvre. Cette phrase me semblait complètement illogique vu notre passé commun, mais il n’avait pas tout à fait tort lorsqu’il disait que je n’avais pas vraiment de soutiens ici. Je n’en avais aucun, mais ça ne me décourageait pas. J’ai toujours été seul dans la vie, ça ne m’effrayait pas. « Qui me dit que tu ne me propose pas ça pour mieux me trahir? Lors de notre première rencontre, je pensais pouvoir te faire confiance et tu as choisi de voler une lampe de mes mains plutôt que de sauver ma vie. Je ne comprends pas pourquoi tu réduirais le sultan à cet état de chiens plutôt que d’effectuer ta vengeance » Dis-je en le regardant.


Je ne comprenais rien à Jafar, c’était évident, mais j’avais tellement peur de me faire jouer à nouveau que j’en étais devenu méfiant à l’extrême.

“Oui, mais depuis la malédiction.. J’ai goûté à une autre vie et je t'avoue qu’avec elle.. J’ai aussi perdu un peu de ma rancœur. Je ne laisserais pas le sultan s’en sortir, mais je ne suis plus si certain d’avoir envie du pouvoir. Je t’ai fait mon numéro mais sans grande conviction au final. Cependant si tu cherches à faire mal à la famille royale tu peux me compter parmi tes alliés.” Même si parfois il regrettait un peu Storybrook, c’était agréable les souvenirs qu’il avait d’Amara là bas… Là bas la femme de sa vie il ne l’avait pas transformer en sceptre pour gagner en pouvoir. Son regard sombre se glissa sur le bâton, il lui sembla que le regard rubis du reptile brillait quand il croisa le sien mais il ne réagit pas vraiment.  

Il observa Aladdin un peu surpris et se pinça l'arrêt du nez en soupirant profondément. 3]]“Tu..Tu ne sais pas lire ?” [/b]Jafar n’en revenait pas que ce gamin ait réussie à le battre. Il se redressa un peu. “Alors si tu veux devenir un Leader Aladdin, tu vas devoir apprendre à lire, à écrire et à compter… Je n’arrive pas à croire que tu sois arrivé là où tu en es sans savoir ça... Hum mais je n’ai pas la patience de t’apprendre, alors je peux te… Donner cette capacité magiquement. Cela te fera gagner du temps.” Pour le reste du plan du jeune rat des rues, Jafar passa une main sur ses joues mal rasé, restant longuement silencieux les yeux dans le vide. “Tu dois te débarrasser de cet enfant c’est vrai, mais pas de façon directe, tu ne dois pas être relié à cette action, cela mettrait fin une fois pour toutes à tes rêves de pouvoir. Mais tu es Prince et tu as des coffres pleins d’or, paye quelqu’un pour qu’il s’occupe de l’enfant. Ne le tue pas, contente-toi de l’envoyer loin de ses parents.”  Jafar avait peut-être changé, mais il gardait son esprit retors… Les vieilles habitudes n’étaient pas simples à prendre. “Parce que cet enfant peut être un danger tout comme un atout… Il est de sang royal, bâtard certes… Mais nous savons tous de quoi sont capables les bâtards n’est ce pas ? Retourne le contre ses parents au fil du temps... C’est un plan sur la durée, mais dans ta situation te précipité ne serait pas bon.”

Les paroles de Jafar me font réfléchir. Est-ce qu’on peut changer autant qu’il le prétend? Je serais normalement tenté de dire non, mais il serait réellement mal avisé de ma part de croire ça puisque Sotrybrooke m’a métamorphosé également. Ironiquement, c’était comme si j’avais hérité de la fureur du grand vizir et lui de ma douceur. Qui était le plus heureux aujourd’hui? Sans doute personne. Je l’observe longuement en me demandant ce que je pourrais bien lui dire vu toutes les révélations qu’il m’avait confiés précédemment et je me mords la lèvre. « Je m’ennuie parfois de cette époque ou j’étais simplement heureux, sans ressentir un nuage de colère en permanence dans mon être. Si la vie t’était plus agréable là-bas, tu ne dois pas apprécier le fait d’être forcé à revenir à Agrabah » Fis-je doucement remarquer en me disant qu’il était temps pour moi de me détendre. Jafar n’était plus menaçant et je sentais même une certaine compassion s’insérer en moi face à tout ce qu’il avait vécu. Sa vie aurait pu être si différente si le Sultan s’était montré plus humain. Indirectement, ma vie aussi aurait pu être totalement différente si Jafar n’avait pas été un enfant non reconnu.


Ma révélation sur le fait que je ne savais ni lire et ni écrire sembla le surprendre plus que je ne l’aurais pensé. « Je le savais à Storybrooke puisque j’étais éduqué, mais j’ai toujours été un enfant abandonné sans parent ici. Comment aurais-je pu apprendre à lire et à écrire alors que je devais survivre par mes propres moyens? » Lui fis-je remarquer en haussant les épaules. Évidemment, cet élément déficient de mon éducation me gênait horriblement, mais d’un autre côté, ça me rappelait toujours un peu qui j’étais et d’où je venais. Je rentre la tête dans mes épaules lorsqu’il me fait une sorte de moral quant à mon manque de connaissance et me propose de tout m’apprendre par magie. Je recule d’un pas face à ces propos. Je n’aime plus la magie, pas depuis qu’elle m’a tout fait perdre. « Ce n’est pas pour mon savoir érudit que Jasmine m’appréciait à l’époque » Fis-je doucement remarquer. Non, c’était pour mon cœur, ma gueule et parce qu’elle savait que ça ferait enrager son père qu’elle choisisse un va-nu-pieds plutôt qu’un véritable prince. « Je préfère apprendre par des méthodes traditionnelles. La magie n’a jamais été bonne avec moi et je ne tiens pas à ce que ma vie devienne encore plus chaotique et solitaire à cause d’un sort » Refusais-je poliment, prononçant pour la première fois mes regrets quant à mon choix de suivre Jasmine dans ce palais.


Je me détourne alors que Jafar se prononce quant à mon plan tout en proposant une solution encore plus machiavélique que ce que j’avais initialement planifié. Kidnapper l’enfant pour l’élever dans la haine de ses parents afin de les mener eux-mêmes à leur perte? C’était un plan qui se tenait et qui détruirait Jasmine, c’était sûr. Quant à Kabe, je suppose qu’il perdrait la tête si son fils venait qu’à disparaitre dans ce royaume qui lui était encore inconnu. « C’est brillant, effectivement. Je pourrais faire ça dès que je trouverai quelqu’un de confiance pour capturer l’enfant. Il est hors de question que je laisse cette action entre les mains d’un homme qui pourrait me trahir simplement pour toucher plus d’or » Dis-je en réfléchissant à haute voix, commençant à faire les cent pas dans la pièce. Après tout, je n’avais pas un accès illimité au trésor du royaume puisque je n'étais pas un membre officiel de la famille et que Jasmine, en prenant un amant, m’avait ouvertement désigné comme homme peu fiable. Je ne quémandais pas de l’or, mais mes accès étaient restreints. « Merci beaucoup pour ton aide Jafar et surtout, pour m’avoir expliqué cette haine envers le Sultan et Jasmine. Je n’arrive pas à croire qu’on puisse être aussi horrible avec son propre enfant et j’espère qu’un jour, tu obtiendras la vengeance que ton âme réclame tant » Dis-je en revenant vers lui, encore plus mêlé qu’avant dans ce que je pensais, ce que je croyais savoir et ce que je devais faire.

“Tu le regrettes, mais tu ne peux t’en vouloir qu’à toi Aladdin. C’est ton ambition qui a fait naître cette part d’ombre dans ton cœur. Si je te l’avais arraché à l’époque, il aurait été brillant et étincelant de pureté. Si je le faisais maintenant, il serait sûrement légèrement noirci… Mais il faudrait être incroyablement naïf pour penser arriver à survivre toute une vie sans prendre le risque de le noircir.” Pour la suite de sa question, Jafar retomba légèrement dans son fauteuil. Son regard sombre glissant sur Aladdin avant de revenir sur son sceptre puis de nouveau sur Aladdin. “Je ne dirais pas que je regrette de revenir à Agrabah. Mais… La vie était plus simple à Storybrook. Plus facile, la haine et la colère… Bien qu'existant en moi, ne me rongeaient pas. Et puis.. Là bas certaines erreurs que j’ai faites ici..” Il caressa le haut du sceptre. “N’ont jamais eu lieu… J’étais étrangement plus libre. Car n’oublie jamais Aladdin, le chemin que tu as choisi… Celui de la vengeance et de la colère, c’est un chemin sinueux qui ne fera que te rendre de plus en plus amer...” Mais pour ce que valait les conseils de Jafar hein. Il ne cherchait pas à le faire changer d’avis, non car si Aladdin arrivait à ses fins, Jafar arriveraient aux siennes. Il voulait seulement le prévenir.

Il soupira un peu quand le jeune homme refusa d’apprendre par magie. Il se massa les tempes agacé. Ce gamin avait décidément un talent particulier pour le faire chier. “Par des biais normaux, sais- tu combien de temps cela va te prendre ? Tu penses avoir autant de temps devant toi ? Moi je ne le penses pas, mais soit, j’espère que tu trouvera une personne de confiance pour t’apprendre les bases et qui n’ira pas raconter au royaume entier que le prince est incapable de comprendre les décrets. Parce que si cela s’apprend, tu vas devenir une marionnette bien facile à manipuler Aladdin… Jasmine le sait-elle ? Elle pourrait s’en servir contre toi…”

Il leva les yeux au ciel quand Aladdin qualifia son plan de génial. Bien évidemment que son plan était génial. Jafar avait passé sa vie à monter dans son esprit retors des plans plus compliqués les uns que les autres pour prendre le pouvoir. Encore heureux qu’un gamin qui ne savait ni lire ni écrire reconnaisse son géni maléfique. Même si franchement ce que les autres pensaient de lui, Jafar n’en avait pas grand chose à faire. “Je l’obtiendrais...D’une façon ou d’une autre… Je l'obtiendrai, même si je dois arracher moi même le cœur du Sultan… Ou celui de Jasmine… Ou pourquoi pas des deux…”

Je savais au fond de moi que Jafar avait raison, sauf que ça me faisait mal de l’admettre. J’avais complètement changé et je m’en rendais compte. De simple, doux, naïf et tendre, j’étais devenu acariâtre, colérique et avide de pourvoir. Ce n’était pas mon mariage avec Jasmine qui m’avait changé, mais Storybrooke. La perte de l’amour de Jasmine, sa trahison répétée jusqu’au point de me forcer à cohabiter avec son nouveau bonheur et le fait d’être sur le point de tout perdre me rendrait simplement encore plus amère. Je m’enfonçais dans une spirale de ténèbres plutôt que de regagner ma personnalité de base. « Oui, je ne peux m’en prendre qu’à moi…et à cette garce de sorcière qui a lancé la malédiction. C’est elle qui a d’abord modifier ma personnalité et celle de Jasmine. C’est de sa faute à elle » Grognais-je en serrant mes poings, préférant me réconforter dans l’idée que c’était la faute d’une autre plutôt que la mienne. Regina avait noirci mon cœur, elle devait le payer.


Me concentrant sur l’étrange et sombre personnage qu’était Jafar, je tente de le comprendre alors qu’il me fait part de sa perte d’envie de prendre le pouvoir à Agrabah. Lui qui avait tous faillit nous tuer pour obtenir le turban royal, il renoncerait aussi facilement simplement parce que Storybrooke lui avait fait miroiter d’une vie meilleure? Ça me semblait être une explication un peu trop facile pour être réel, même s’il semblait sincère. « Ça me semble difficile à croire. Qu’est-ce qu’il y avait de si bien là-bas? C’était gris, chaotique et sans magie. Tu as tant de pouvoir, tu comptes faire quoi une fois ta vengeance exécutée? Devenir marchand de lampe magique? » Demandais-je avec un certain sarcasme dans la voix, détestant me faire faire la morale par un mec qui avait tenté de me tuer, quelques années plut tôt. « Je ne serai jamais amer si j’ai le pouvoir. Plus personne n’osera me faire du mal et manipuler mes sentiments. Je serai le seul maître à bord et Jasmine regrettera d’avoir choisi le mauvais mec » Dis-je vertement alors que j’avais particulièrement envie de partir, malgré mes paroles. Quitter ce palais où j’étais humilié en permanence et retrouver ma vie libre et sans attache.


Ici, j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur et Jafar me le montra encore lorsqu’il verbalisa clairement son désaccord quant à mon refus d’utiliser la magie pour apprendre à lire et écrire. La tête rentrée dans mes épaules, je l’écoutais me dire à quel point Jasmine pourrait être tenté d’en profiter, si elle le savait. « Évidemment qu’elle le sait, nous avons vécu plusieurs années ensemble avant notre séparation et les gens venant de mon monde savent rarement lire, écrire ou compter. Je n’ai jamais caché ce détail ou fait semblant d’être érudit » Dis-je en haussant les épaules. Si Jasmine souhaitait utiliser cette faiblesse contre moi, qu’elle le fasse, je ne voyais pas ce qu’elle pourrait faire qui me porte préjudice. Me rapprochant de Jafar, je me suis penché vers lui alors qu’il parlait d’arracher le cœur du sultan et de Jasmine et je l’ai regardé droit dans les yeux afin de le sonder. Il pouvait me considérer comme niais, stupide et irréfléchi, j’avais normalement un certain talent pour juger mes interlocuteurs, lorsqu’on me donnait la chance de les observer droit dans les yeux. « Qu’est-ce que ça t’apportera? Une fois mort, ils ne souffriront plus alors que toi, tu as souffert toute ta vie. Il me semble que la mort est un châtiment beaucoup trop doux contrairement à ce que tu as vécu » Susurrais-je lentement, d’une voix froide. Si je le pouvais, je ferais souffrir Jasmine et son putain de chat pendant de longues années plutôt que de leur faire plaisir en coupant court à leur douleur.

Le cœur aussi pur que le diamant n’existait plus en moi depuis Storybrooke. J’aurais pu redevenir le même Aladdin doux, tendre et naïf en revenant à Agrabah, malgré la personnalité imbuvable que j’avais eu dans cet autre monde, mais Jasmine avait eu l’audace de ramener sa satanée bestiole, lui donner un fils et de vouloir se séparer de moi pour des raisons hors de mon contrôle. Plus elle forçait notre cohabitation, plus elle prenait un malin plaisir à m’humilier et même si elle jouait les saintes martyres qui souffrait de la situation, je savais qu’intérieurement, elle prenait un malin plaisir à me voir souffrir. Sinon, pourquoi me garder au château, hein? Alors, je comprenais ce que Jafar avait pu ressentir quand je suis arrivé au palais pour courtiser cette princesse et lui dérober, sans le savoir, la place qui lui revenait par les droits du sang. Je m’en voulais terriblement. Jamais je n’aurais dû suivre cette putain d’infidèle jusqu’à chez elle. Pour elle, j’avais abandonné qui j’étais et d’où je venais pour ne pas lui faire honte devant les siens. Je m’étais transformé pour la satisfaire et elle avait tout de même choisi de me jeter malgré tout.


En fait, on voyait que le Sultan et Jasmine étaient sombre et destructeur quand on se rendait compte à quel point ils nous avaient transformé, Jafar et moi. Le fils du sultan m’attirait beaucoup plus de compassion que je ne l’aurais cru d’abord. Jafar que je croyais seulement sournois et vil m’apparait maintenant comme un homme sensé, réfléchi, intelligent et extrêmement philosophique. Si j’avais été capable de voir la profondeur des âmes, j’aurais choisi son camp à lui plutôt que de me faire avoir par Jasmine. « Essayer d’être heureux et épanoui ne te tente pas? Tu parles de vengeance et de vide intersidéral une fois celle-ci réalisée, mais qu’est-ce qui t’empêche de te trouver une femme et d’avoir des enfants? De retrouver un sens à ta vie, de régner sur ce peuple qui a besoin d’un souverain qui les aidera à sortir de la misère? » Dis-je doucement en le regardant. « Agrabah meurt de faim et de soir, le Sultan et Jasmine ne font rien pour les aider et de plus en plus de gens meurt. Agrabah a besoin d’un sultan qui changera cette donne. Il y a des milliers de talents qui meurt parce qu’ils sont nés hors du palais. C’est injuste et stupide parce que plusieurs d’entre eux pourrait donner un second souffle au royaume » Rajoutais-je en regardant par la fenêtre pour observer le royaume.


D’ici, je pouvais voir le marché grouiller de vie. Cette vie me manquait de plus en plus. Je me retourne vers Jafar lorsqu’il recommence à parler de l’envie qu’il a concernant la mort de son père. Oui, peut-être que notre différence d’âge et d’expérience nous donnent un avis différent sur l’exécution d’une vengeance. « Je veux seulement que tu saches que je ne m’opposerai pas à toi, peu importe ce que tu choisi de leur faire subir. De plus, je ne compte pas me mettre à travers de ton chemin si tu décide de régner. Tu m’as montré plus de sens, de profondeur et de respect -je sais, ça semble ironique- que Jasmine qui m’a promis son amour éternel » Dis-je en lui tendant la main, un peu comme pour sceller un pacte. « Es-tu fou au point de te faire allier aujourd’hui à ton ennemi d’hier ? » Demandais-je malicieusement.

Quand Aladdin lui parla de trouver une femme et d’avoir des enfants, Jafar se plongea dans ses souvenirs avant de faire flotter devant lui son sceptre. Il l'approcha doucement du jeune homme. “Tu vois ce sceptre mon bon Aladdin ? Regarde le. Plonge ton regard dans ses émeraudes… Tu y verras une petite lueur vacillante… Sans, je suis beaucoup moins puissant, c’est de lui que je tire ma force. Mais comme tu le sais, toute magie vient avec un prix. Et le prix du pouvoir est le plus élevé. Car pour qu’un sort fonctionne ou pour augmenter son pouvoir magique il faut sacrifier quelque chose d’important… Quelque chose qu’on aime plus que tout au monde… Je te présente Amara, la femme que j’ai aimé d’un amour sincère. Fondé une famille n’est pas dans mes projets. J’ai tout sacrifier pour ma vengeance quand elle sera effective que j’aurais le cœur du Sultan entre les mains et sa fille à mes pieds. Je suppose qu’enfin un peu du vide de mon propre être sera emplie. ”

Lentement, il fit revenir le sceptre vers lui pour l'observer avant de le faire revenir sur sol appuyé contre son fauteuil.  Il observa ensuite le plus jeune, est-ce que Aladdin lui proposait vraiment le pouvoir ? Il glissa son regard sombre sur ses ongles, semblant réfléchir à la proposition. “Il est vrai que la gestion de ce royaume laisse à désirer. Le Sultan ne pense qu’au bien de sa famille, Jasmine, qu'à se faire saillir par… Je ne sais même pas ce que son amant est et je m’en fiche. Le bien du peuple leur est totalement inconnu. Cela ne m’étonne pas du sultan mais plus de Jasmine je la pensais vraiment attaché à son pouvoir, mais je suppose que comme la majorité des femmes… Elle n’est attirée que par l’argent et le pouvoir. Tel un cacatoès seul son reflet lui plait… Mais qui la pensait plus intelligente que la moyenne, pour une femme j’entend.” Oui, bon Jafar avait un peu changer, mais Agrabah restait un royaume dirigé par les hommes, où la place de la femme était au mieux silencieuse au près de son époux, de son frère ou de son père. Et ce monde n’était pas encore prêt à offrir à la gente féminine la place qu’elle avait dans le monde de Storybrook.

“Merci je suppose. Même si ma vengeance va à l’encontre de la tienne ? Quoi que je te laisse faire ce que tu veux de Jasmine. Je me moque de ce qui lui arrive. Mais le sultan. Le sultan est à moi.” Il sembla longuement réfléchir à la question d’Aladdin. Être allier avec lui, cela semblait étrange. Mais en temps de guerre les ennemis pouvaient devenir alliés. “Nous verrons… Mais je pense que c’est bien parti pour.”

Je ne savais pas trop si je pouvais réellement me prêter à cet exercice qu’il me proposait. Après tout, ce n’était pas grâce à ce sceptre louche que Jafar hypnotisait le Sultan, lors de mes premiers pas dans le palais d’Agrabah? Et si tout son discours sur son père, sa mort et son abandon du pouvoir était une simple manipulation pour mieux m’ensorceler. Jafar semblait authentique dans ses paroles et très sincère, mais je suppose qu’il l’était autant auprès du sultan lorsqu’il était grand vizir. Inspirant profondément, j’ai regardé droit dans les yeux du serpent doré et j’ai vu un étrange éclat briller au fond des émeraudes. C’était complètement hypnotique et étrangement magnifique. J’entends son histoire et je relève lentement mon visage vers le sien. Il semblait sérieux. Mortellement sérieux.


« Mais…cette vengeance te rendra ta femme? L’amour de ta vie? Parce que sinon…ça me semble vraiment cher payer pour te venger d’un père qui n’en a rien à faire de toi. Ton père ne t’a jamais aimé et t’a fait quelque chose d’horrible…mais cette femme t’aimait et tu l’as transformé en sceptre. Tu t’es punie toi-même, non? » Lui fis-je lentement remarqué en frôlant la tête du serpent du bout des doigts. Sauf qu’il attire le bâton doré vers lui comme s’il craignait que mes doigts ne détruisent son bâton magique…ou sa femme. Cette histoire devenait de plus en plus étrange. Je me découvrais une certaine complicité avec mon ennemi d’hier et j’avais l’impression d’être de plus en plus mêler. J’avais de la sympathie pour lui et étrangement…j’avais peur de devenir aussi seul que lui. Non. En fait, j’étais devenu aussi seul que lui depuis que Jasmine avait décidé que je n’étais pas assez bien pour elle.


Je l’entends dénigrer les femmes et j’hausse un sourcil, amusé. Il tenait un tel discours en tenant son bâton. Pouvait-elle entendre tout ce qu’il disait? Si oui, il était dans les ennuis, non? « Jasmine ne pense qu’à son propre bien être, sinon elle aurait déjà agi, même si elle n’est qu’une princesse. Après tout, lorsqu’on s’est rencontré, elle volait une pomme pour un enfant…mais depuis, plus rien. Elle ne pense qu’à son mioche et son amant. Le peuple meurt de faim, mais elle s’en moque. Je ne pense pas que toutes les femmes soient aussi frivole et superficielle qu’elle. Peut-être seulement les princesses » Dis-je en caressant mon menton, repensant à Lelouis que j’avais rencontré à Storybrooke. Étrangement, ce mec me manquait maintenant.


« Réalise ta vengeance Jafar, je trouverai toujours un moyen de faire souffrir Jasmine. Je ne crois pas que tes projets doivent automatiquement contrecarrer les miens. Je pense qu’ensemble, nous pouvons leur rendre la vie bien misérable » Lui fis-je remarquer d’un air pensif en m’étirant. « Je crois que je vais retourner chez moi après avoir fait souffrir un peu plus mentalement Jasmine. Je commence à étouffer parmi ses hypocrites et maintenant que je sais ce que le Sultan t’a fait, j’ai encore plus envie de le voir mourir » Dis-je en révélant finalement le fond de ma pensée. J’en voulait foutrement au Sultan de me forcer à vivre dans cette comédie simplement parce qu’il lui répugnait de dénoncer sa fille comme une putain adultère.

La question d’Aladdin était légitime mais elle arracha un sourire amère à Jafar. Il secoua la tête avant d’ancrer son regard d’acier dans celui de l’ancien voleur avant de lui répondre. “Quand je l’ai fait, je ne pensais à rien d’autre qu’au pouvoir. J’étais persuadé que j’aurais assez de pouvoir pour gagner ma vengeance et même pour la faire revenir après. Mais toute magie vient avec un prix. Et le prix à payer à sûrement détruit le peu de lumière qu’il restait en moi. Est-ce que je regrette ? Ce n’était pas le cas avant cette fichue malédiction. Mais Regina à tout chambouler avec son sort noir. Un jour il faudra que je lui apprenne à ne pas me prendre pour un mage de pacotille…” Ils auraient pu être alliés, Régina et lui. Mais non, elle avait décidé de se faire de Jafar un ennemi, quand il en aurait fini avec le sultan, il se pencherait sur le cas de la sorcière. Et bien finalement, peut-être qu’il avait un autre but. Mais il allait lui apprendre qu’elle n’était pas la seule à savoir faire de la magie. “Hum… Peut-être mais tu n’as jamais connu Amara pour dire ça. Sûrement que si je ne l’avais pas fait, c’est moi qui me serais retrouvé dans un sceptre. Amara et moi n’étions pas comme Jasmine et toi. L’amour n’était pas notre moteur. Nous voulions le pouvoir. C’est ce qui je suppose fait de nous les méchants de l’histoire. Mais regarde où l’amour t’a mené… L'amour t’a tout pris.. Qui avait raison au final ?”


Et de nouveau la conversation dévia sur sa demi-sœur. Un frisson d'effroi le parcourt à cette pensée. dire qu’il avait le même sang que cette pimbêche… Aladdin semblait avoir beaucoup d’amertume, cela fit rire Jafar. De héro étincelant et pur, le jeune homme avait enfilé le costume du méchant amère… “Tu sais… Tu pourrais utiliser ça pour la briser. J’étais professeur d’histoire à Storybrook comme tu le sais. Et si j’ai bien appris une chose de l’histoire c’est qu’il suffit de ne pas grand chose pour faire tomber un puissant. Jasmine ne pense plus au pouvoir, plus à son peuple. Mais seulement à elle ? Pourquoi ne pas faire éclater son égoïsme aux yeux de tous ? Pourquoi ne pas montrer au peuple son vrai visage ? Comment penses tu que les petites gens vont réagir, quand ils sauront que leurs princesse qu’ils aiment tant, ne s'intéressent plus à eux ? Ne les défend plus et qu’en plus elle trompe son époux avec un homme étranger et qu’elle à un bâtard ? Nous avons la chance de vivre dans un royaume patriarcal tu devrais en profiter… ” Il caressa du bout des doigts le haut de son sceptre avant de couler un regard sur Aladdin à ses derniers mots.

“Ce qui laisserais le trône libre si tu ne le prend pas…” Et même s’il avait dit plus tôt ne pas vouloir du pouvoir, si on le lui offrait il ne dirait pas non. Après tout, il le méritait autant que n’importe qui. Voir plus.

J’écoute l’ancien grand vizir tempêté contre Régina et j’esquisse une légère grimace. Contrairement à Jafar, je n’en voulais pas à la sorcière pour cette malédiction. Depuis que le mauvais sort avait été brisé, certaines personnes montraient leur véritable visage. « Tu sais, je pense que la malédiction à fait rejaillir certains côtés cachés chez les gens et les a mis au grand jour. Nous ne pouvons plus nous cacher. Aladdin était pur, idiot et niais alors qu’Asael était sombre, glacial et décidé. Aujourd’hui, je sais que redevenir Aladdin est impossible parce que ça fait trop mal. Toi, Storybrooke t’a permis de te rappeler ce que c’était qu’être doté d’émotions plus humaines…au final, ça m’a permis de me rendre compte que Jasmine ne m’a jamais aimé…je ne peux pas en vouloir à Regina parce qu’elle m’a sans doute sauvé » Affirmais-je sombrement. Bien sûr, j’aurais apprécié que Jasmine et Kabe ne se croisent jamais, mais maintenant que c’était fait, je me rendais bien compte que la princesse d’Agrabah m’avait choisi comme compagnon simplement pour que son père lui foute la paix et qu’il la laisse régner comme elle l’entendait.


« Tu te trompe Jafar. Moi j’étais guidé par l’amour, mais Jasmine, c’était clairement le pouvoir qui traçait sa voie. Sinon, elle aurait eu plus de difficulté et de scrupule à me remplacer. Si elle m’avait réellement aimé, jamais elle ne pousserait l’affront de faire vivre son concubin sous mon toi » Fis-je remarquer. Cette Amara semblait certes dangereuse, mais je préférais pour ma part côtoyer un danger connu qu’un danger fourbe. Les coups de poignard dans le dos étaient la pire des choses, surtout lorsqu’on est amoureux. Je l’écoute me conseiller de laisser le peuple voir à quel point le seul plaisir de Jasmine dans la vie c’était justement son propre plaisir et que le reste ne lui importait peu, mais si je faisais ce qu’il me disait, c’était les miens qui en paieraient le prix. Après tout, c’était moi qui leur faisait porter nourriture et vêtement en ce moment, si je cessais ces dons, plusieurs d’entre eux allaient mourir, non?


« Les gens d’Agrabah sont affamés, épuisés et ils sont soumis. Jamais ils ne se soulèveront contre Jasmine, même si elle venait mettre le quartier des gitans à feu et à sang. Ils sont loyaux à la famille royale depuis des siècles et tu sais comme moi que la docilité est beaucoup plus facile à vivre que la rébellion » Fis-je remarquer doctement. Après tout, c’était ce qui avait permis à beaucoup de dictateur de rester au pouvoir pendant de longs règnes. On avait beau changé de monde, l’homme restait homme, peu importe ses origines. « Oui, ça laisse le trône entièrement libre. À toi de voir si tu le veux. Moi, je ne t’empêcherai plus de monter dessus. » Soupirais-je en m’éloignant afin de scruter le soleil se coucher sur Agrabah. J’avais l’impression d’avoir été créé simplement pour faire briller les autres et qu’au final, je n’avais plus aucune importance. « Tu me feras savoir ce que tu désires, d’accord? » Demandais-je finalement, après de longues minutes de silence.

Jafar lança un regard noir à Aladdin quand il osa prendre devant lui la défense de Regina. Et puis quoi encore ? Il se redressa de son fauteuil faisant voler sa cape sombre dans son dos. “Ce n’est ni la question, ni une excuse. J’ai tout de même été sa marionnette. Privé de mes souvenirs et de ma personnalité. Alors qu’elle, elle savait tout et qu’elle se gaussait de son petit pouvoir mesquin de maire. Alors non, je me fiche bien de ce que tu as découvert sur toi mon très cher Aladdin, dès que je le pourrais Régina deviendra MA marionnette. Quand aux sentiments que j’ai redécouvert si je n’en avais plus, c'était peut-être une bonne chose.” Elle leva les yeux au ciel ensuite. “Elle t’a sauvé. Elle ne t’a sauvé de rien. Elle t’a pris tout ce que tu avais et tu te retrouves au point de départ. Moi, elle m’a simplement fait remarquer le trou dans mon cœur. Regina se fichait bien de nous aider. Elle ne cherchait qu’une chose. Sa vengeance, sur ce point je peux la comprendre mais cela ne veut pas dire que je vais lui pardonner. Personne ne joue avec moi et s’en sort impunément. Elle a voulu me prendre quelque chose ? Et puis ce sera mon tour très bientôt.”

On pourrait dire dans un langage moderne comme celui qu’utilisaient ses étudiants à la fac, que Jafar avait la haine grave. Regina… Il l’avait d’abord grandement respecté avant d’apprendre ce qu’elle avait osé lui faire. Cette sale petite… Il respira avant de regarder Aladdin. “Peut-être, mais si tu ne fais rien et que tu n’oses rien Aladdin, Jasmine restera sur le trône. Peut-être que je pourrais dire qui je suis, mais sans preuves. qui me croirait ? Tu l’as fait rapidement, sans même me demander de preuve mais cela ne veut pas dire que d'autres ne le feront pas.” Et Jafar n’avait pas vraiment de preuve et comme ce serait sa parole contre celle du sultan… Il préférait s'imposer par la violence et prouver ensuite son histoire, serait bien plus facile.

Il s’étira un peu en observant le monde par la fenêtre. Derrière les immenses murs, la ville grouillait, de misère? Il tourna son regard sombre vers le jeune homme. Quelque chose avait changé dans sa  physionomie. Une sorte de lassitude. Il l’observa longuement avant de s’approcher doucement de lui. “Tu as baissé les bras Aladdin, c’est pour cela que tu trouves toujours un moyen de dire non à toutes les idées que je te propose. Tu as abandonné… Et cela me déçois du Diamant d'innocence…"

Le regard de Jafar m’indique que j’aurais dû taire mon avis. En même temps, s’il était aussi disposé à parler de son passé et de sa vie dans cet enfer qu’avait été Storybrooke, il devait accepter que je commente un peu. L’Ancien Aladdin aurait sans doute présenté quelques excuses avant de baisser les yeux face à son mécontentement, mais Asael avait métamorphosé le minable voleur que j’avais été. Dire qu’on me disait que j’étais imbu de ma propre importance. Jafar l’était beaucoup plus que moi et ça ne choquait personne. Était-ce parce que j’avait tant changé que c’était ça qui horrifiait tout le monde? Je soupire lentement et j’hausse les épaules avec un léger dédain. La conversation s’était calmée à un moment, mais la verve semblait revenue dans l’esprit de l’ancien grand vizir. « Calme-toi Jafar. Ciel, as-tu toujours été aussi dramatique? J’essaie de te faire relativiser…positionné, si tu préfères. Les gens normaux adorent ce genre de machin. Ce n’est pas ce que tu désirs? » Demandais-je avec une certaine moquerie dans la voix alors qu’il reprenait son souffle. Il fallait dire que cet homme avait un talent inné pour se lancer dans de longs monologues passionnés, bien qu’un peu acide. « Tu peux avoir l’avis que tu veux mais je demeure persuadé que si ça n’avait pas été de cette vieille sorcière, j’aurais passé ma vie en tant que toutou stupide et soumis de la Sultane Jasmine. Alors en mon sens, elle ne m’a rien volé, contrairement à ce que tu peux croire. Par contre, je ne chercherai pas à t’empêcher de te venger d’elle. Elle n’a pas à décider pour tous, comme si elle croyait être la reine de tous » Rajoutais-je d’une voix sournoise, mes yeux noirs brillants et maléfiques.


Je l’entends me répéter que Jasmine restera sur le trône si je ne fais rien et souligné ma stupidité quant au fait que je n’avais pas réclamé de preuve quant à son affiliation avec Jasmine et le Sultan. « Honnêtement, n’importe qui ayant habité ici pourrait voir les similitudes entre les portraits de tes ancêtres, Jasmine, le Sultan et toi. En plus, pourquoi inventé une histoire aussi abracadabrante si ce n’est pas vrai? Personne ne la croirait. Et finalement, nous revenons d’un monde horrible et sans magie, donc tout existe » Rajoutais-je évasivement en gardant beaucoup d’autres raisons dans mon crâne. Après tout, je n’allais pas dévoiler toutes mes cartes à un homme qui avait à plusieurs reprises promis de me tuer. « Si Jasmine monte sur le trône, je m’arrangerai pour que le peuple se révolte et réclame sa tête. Nous planterons celle de son mioche et de son stupide lion sur des piques afin qu’elle les contemple avant que la lame ne s’abatte sur sa gorge tendre » Rajoutais-je avec une frivolité démesurée, comme si je détaillais le nouveau tapis de ma chambre.


« Je n’ai pas baissé les bras, mais je connais les capacités d’un peuple soumis qui n’a jamais osé se rebeller contre son maître. Aussi aimé que je le suis, jamais je ne pourrai convaincre les gens de me mettre sur le trône sans une grande tragédie ou une profonde injustice faite par le Sultan ou Jasmine. Alors quitte à devoir attendre mon heure, je préfère le faire loin de cette garce qui ne fait que m’humilier avec plaisir, encore et encore » Sifflais-je d’une voix glaciale. « Et ne parle pas de baisser les bras, tu en as fais de même puisque tu annonces clairement ne pas vouloir prendre cette place qui te reviens de droit, selon tes propres mots. La maison de retraite te tente à ce point, Jafar? » Dis-je moqueusement, d’une voix sournoise.

Jafar préféra ne rien répondre à Aladdin et se contenta de se pincer les ailes du nez pour se calmer. Et la conversation tournait en rond, il avançait un argument et Aladdin faisait exprès semble t-il d’avancer le contre argument qui allait avec. Cette conversation lui donnait mal au crâne. Il se massa la tempe droite avant de soupirer puis d'ouvrir grand les bras quelques secondes. Devant Aladdin ce n’était plus Jafar mais le sultan et quand il pala c’était avec le même ton les mêmes tics de langage. “Aladdin, j’ose espérer que Jasmine et vous arriverez à faire bonne figure au prochain repas…” Puis il sourit un peu, un sourire que le sultan n’avait jamais avant de changer de nouveau de forme et de prendre l’apparence de Jasmine.

“Ali… On pourrait essayer de recoller les morceaux non ? Toi et moi?” Puis Jafar reprit sa forme et soupira. “Ce ne sont que de fausses excuses que tu me sors mon cher. Tu veux que le peuple haïsse le Sultan ? Il suffit de me le demander. Mais non, tu restes ici assis à t'apitoyer sur ton sort et à te plaindre de ce que Jasmin t’a fais.” Il fit rouler les muscles de ses épaules avant de se dire que lui-même faisait un peu la même chose. “Toute magie vient avec un prix, certes, mais tu devrais quand même y réfléchir. Je pourrais faire descendre Jasmine de son piédestal en un claquement de doigts. Faire monter le peuple avec fourche et torches jusqu' au palais pour la tête du Sultan et tu pourrais te poser en héros… Mais il faut le vouloir.” Il prit une grande inspiration.

“Quand au bâtard je t’ai déjà expliqué que le mieux serait de le garder en vie et de le modeler selon ton bon plaisir. C’est une arme de choix sur l'échiquier politique. Son père par contre, tu peux bien en faire ce que tu veux, mais l’enfant. L’enfant doit rester en vie.” Peut-être qu’il disait cela car il était lui-même un bâtard et qu’il cherchait un peu prendre sa revanche sur le sultant en sauvant son bâtard de petit fils.