Les notes pour toi (Ft Ferguson)

Pour être franc, si personne ne m'arrête, ma musique, elle, ne s'arrêtera jamais. Je remarque à peine l'heure tardive et les clients qui commencent à quitter Le Perchoir. Quand je joue avec ma guitare, je suis ensorcelé par mes propres créations. J'aime profondément la musique, jusqu'au fond de mon âme. Je laisse courir mes doigts sur les cordes de ma guitare, ma voix suivant le rythme en laissant échapper des paroles.

Voila peut-être une dizaine de fois que je viens jouer en ce café. Normalement, je jouais dans la rue aux passants. Je n'ai ni carrière, ni domicile, mais je me débrouille dans la vie. je suis heureux avec la vie que je mène et je laisse le destin me porter.

Je ne saurais dire pourquoi, mais ce serveur qui me regarde sans arrêt doit surement avoir un lien avec mon destin. Il ne montre aucune émotion, mais je sens qu'un truc passe entre nous, une chimie inexplicable. Je sens que j'ébranle son stoïcisme. Un futur ami peut-être ? Un futur amant ? Un futur amour ? Un futur frère ? Tout était possible, mais pour l'instant, aucune de ses options ne pouvaient perturber ma chanson. Tant qu'il y aurait un client dans le café, je continuerai.

Il commençait à se faire tard, la soirée s’était bien déroulé et les clients avaient défilés à une vitesse folle au Perchoir, attiré par la musique envoutante du musicien invité. Fidèle à mon habitude, j’ai circulé adroitement dans la foule, un plateau empli de tasses de café tenu en équilibre sur la paume de ma main droite, tentant de ne pas écouter la voix hypnotisante de Clarence. J’ai toujours aimé la musique, mais jamais un artiste ne m’avait fasciné comme lui le faisait. Minuit venait de sonner à l’horloge du café et un dernier client trainait, buvant avec une lenteur exécrable ses dernières gorgées de café. De toute évidence, il tentait de décrocher un regard à Clarence qui grattait encore sa guitare, comme si le temps n’avait aucune emprise sur lui.


Ça faisait au moins dix minutes que je nettoyais le même morceau de comptoir en le fixant, mon être en entier fourmillant à la moindre note de musique. C’était magnifique et je voulais lui dire, mais ce satané client m’en empêchait. Exaspéré, j’ai décidé de faire ce que je faisais de mieux; embêter ceux qui prenaient beaucoup trop leur temps pour boire leur breuvage. « Le café se boit chaud, vite et rapide » Dis-je d’une voix inexpressive en apparaissant derrière mon client, déposant le plat de ma main sous sa tasse pour le forcer à continuer de boire cette dernière gorgée qu’il s’amusait à faire éternellement perdurer. « Allez, on boit. Vite. Vite. Vite » Rajoutais-je avant de prendre sa tasse à la seconde où elle fut enfin vide.


« Sort » Rajoutais-je en le poussant vers la porte, la verrouillant derrière lui. C’était peut-être intense, mais j’étais connu pour être intense. Une fois la porte fermée, je suis retourné vers le comptoir et je dépose un sandwich, un café, un immense cookie et une friandise sur un plateau. « Viens » Dis-je en levant mon regard vers Clarence. Il était beau cet homme. Vraiment hypnotisant. « Mange » Rajoutais-je de ma voix morne en lui pointant son repas que je lui avais préparé.

C'est finalement la voix du propriétaire qui me sortit de ma transe musicale. Je jette un petit regard à la salle, constatant que tous les clients sont partit. J'affiche un petite sourire en coin lorsqu'il m'invite, avec la douceur d'une scie à chaîne, à venir manger.

- C'est très gentil mais... je n'ai pas tout à fait terminé, monsieur Robusto... Il se trouve que vous m'avez inspiré une chanson et... je l'ai terminé cette semaine...

Mon sourire s'élargit encore un peu en guettant sa réaction

- Et ce soir, je suis fin prêt à vous la jouer... Voici ''Breathe You''

Mes doigts recommencent à agiter les cordes de ma précieuse guitare, mais l'air était un peu différent de ce que je chantais d'habitude. Je sais pas, je voulais quelle sonne différemment, qu'elle devienne une chanson unique dans mon répertoire. Les paroles s'enchaînent ensuite de manière tout à fait naturelle, alors que mon regard ne quitte pas celui de mon patron du jour. Je n'avais pas tellement le choix, ses yeux étaient l'unique façon de déceler quelconque réaction.

Je crois que c'est en cela que son regard est si magnifique. Une personne expressive communique moins avec son regard, son visage disant déjà tout, mais un homme inexpressif comme lui avait les yeux les plus incroyables et démonstratif qui m'était donné de voir.

Ce Clarence me rend nerveux et curieux, même si d’apparence extérieur, rien dans mon attitude, mes paroles ou ma posture ne pouvaient trahir ces émotions. On m’avait souvent dit que j’étais dépourvu de toute chaleur humaine, peut-être était-ce vrai, mais ce musicien, il me bouleversait sans trop que je ne sache pourquoi. Lorsque le dernier client quitta, je lui ai servi à manger puisque je me doutais que les vrais repas lui manquaient sans doute beaucoup, mais il dit qu’il n’a pas tout à fait terminé. Je le regarde et j’incline légèrement la tête sur le côté. « Une chanson? » Répétais-je sans émotion. Comment diable aurais-je pu inspirer quoi que ce soit? Je fais du café, je sers du café, je cultive du café et je recommence jour après jour. Il n’y a rien de très inspirant pour un artiste, non?


Je me rapproche néanmoins, curieux même si je ne le montre pas, mais notre soudaine proximité me met mal à l’aise. J’ai chaud. Très chaud. Chaud comme du café fraichement moulu qui reposait dans une tasse d’eau bouillante. J’écoute la mélodie s’élever alors que je reste debout devant lui, un torchon à la main. La musique me transporte et les paroles me bouleverse. C’était si joli, tendre et parfait…il était impossible que j’ai inspiré une telle chose alors que je ne lui avais jamais adressé plus de dix mots par conversations. Pourtant, mon cœur bat fort dans ma poitrine. Très fort. Je n’arrive pas à décrocher mon regard du sien et ce, même lorsqu’il termine de jouer. Je ne cligne pas des yeux non plus. Je reste juste là, figé et inexpressif, à le regarder avec une intensité que je ne me connaissais pas. « C’est…très beau » Complimentais-je finalement de ma voix terne en détournant le regard.


Il s’est trompé, jamais une chanson aussi parfaite et pleines de sentiment auraient pu être inspirer par moi. J’étais tout le contraire de cette chanson. « Merci » Dis-je néanmoins, touché par sa gentillesse et sa chaleur. J’en frissonnais jusqu’au bout de mon être. Ce Clarence éveillait vraiment une chaleur en moi que je me pensais incapable de posséder.

Je pose ma guitare avec délicatesse. La plupart des gens, avec si peu de mot, se seraient offensé d'une réponse si courte, mais moi je savais que cette réponse venait du cœur. C'est une grande carapace, mais il n'est pas non plus un coeur de pierre.

- Je suis content que tu aie apprécié

Mon sourire se veut doux, alors que je descend lentement de scène. Je vins me poster juste devant lui, observant son visage sans rien brusquer, sans déranger.

- Merci infiniment... le repas... cette chance de pouvoir jouer... je l'apprécie énormément mais... pourquoi moi ? Il y a plein de chanteurs et d'artistes plus talentueux que moi. Je ne suis qu'un sans abris qui chante dans la rue...

La musique est magique et a tendance à me rendre plus chaleureux. Celle de ce jeune homme est encore plus merveilleuse que tout ce que j’ai pu entendre jusqu’à aujourd’hui. Il a une façon de jouer et de chanter si exceptionnel, c’était comme s’il déversait son âme dans ses notes et sa voix. Il me fascinait depuis longtemps. Très longtemps. Depuis qu’il venait jouer au café régulièrement, je pouvais contenter mes envies de l’entendre jouer, chose que je ne pouvais pas faire lorsqu’il jouait à l’extérieur dans le froid. Il me fait part de son plaisir face à mon appréciation de son art et j’hoche simplement la tête, ne sachant pas quoi répondre à cela. Il était possible de ne pas aimer sa musique?


Je lui donne un repas chaud et l’enjoint de manger, trépignant un peu d’impatience lorsque je vois qu’il tarde à s’alimenter. Il faut manger lorsque c’est chaud voyons! Sauf que plutôt que de s’installer pour manger, il se plante devant moi. Mais…le repas n’est pas sur moi, il est sur la table, pourquoi il reste là? Cette question se répercute encore et encore dans ma tête alors que mes yeux inexpressifs l’observent calmement. Il me remercie de pouvoir jouer ici et me demande pourquoi. Il se dénigre en spécifiant que plusieurs artistes sont meilleurs que lui. J’hoche très lentement la tête, de droite à gauche, pour lui donner tort. Comment ne peut-il pas voir son propre talent?


« J’aime ta musique » Dis-je en clignant lentement des yeux en tentant de lui fournir une explication à toutes ses questions. Comment pouvait-il prononcer autant de mot aussi rapidement. « Tu m’éblouie par tes mots » Rajoutais-je en me forçant à laisser transparaitre un peu d’émotion, non pas par mes intonations, mais par mes phrases. « Ici, je peux t’écouter » Rajoutais-je en trouvant que je parlais beaucoup trop. La preuve que cet homme me rend nerveux, j’en deviens un véritable moulin à paroles. « Pas dehors » Terminais-je. Voilà, je venais d’outrageusement le draguer et j’en étais mortifier. J’avais peut-être été trop présomptueux, sa musique me rendait vraiment impulsif. Gêné, je me détourne pour retourner derrière mon comptoir.

Je me décide enfin à aller m'asseoir et manger le petit repas qu'il m'avait concoté pendant ma prestation. Je trouve qu'effectivement, il semble se lâcher un peu plus qu'à l'habitude. Pour un homme ne disant que si peu de mot, ses quelques phrases le rendaient très loquace.

- Woaw... tu es dans le bon domaine, ton café est parfait !

Je soupire de contentement

- Merci de me donner ce repas, c'est très aimable. Je dois réfléchir à l'endroit ou je vais passer la nuit. Mon pote ne peut pas m'héberger ce soir. Peut-être pas loin du cinéma, ils ont installé un banc à l'abri du vent. Toi tu connais des endroits sympa pour dormir ?

Je le regarde, en reprenant avec plaisir et envie une nouvelle bouchée. Je ne le voyais pas tout a fait, puisque j'avais toujours mes cheveux en bataille devant les yeux, mais ca ne me gênait pas du tout.

- Tu me diras aussi combien je te dois pour tout ça.

Enfin, il s’assoit et il commence à manger. Je soupire de soulagement et je le regarde déguster ce qui se trouve devant lui, le regardant avec une intensité qui frôlait l’indécence lorsqu’il commença à boire le café. Son commentaire quant à l’excellence de mon breuvage favoris me fit légèrement incliner ma tête et l’ombre d’un minuscule sourire en coin apparut furtivement sur mes lèvres, mais il disparut presque aussi vite. Peut-être était-ce une illusion. « Boit. C’est mieux chaud » Lui dis-je en guise de remerciement, même si j’étais vraiment heureux de son compliment.


J’étais vraiment nul dans ce genre de situation. En plus, ce Clarence me faisait perdre tous mes moyens lorsqu’il me parlait, chose qui n’était pas bon vu que j’avais déjà de la difficulté à réfléchir normalement lorsqu’il était près de moi. Ses paroles suivantes me figèrent sur place pourtant. Quoi? Dormir dehors? Sur un banc dans un parc? Il plaisantait? Pourtant, en le regardant, je voyais bien qu’il était sérieux. J’ai légèrement commencé à taper du pied, nerveux, incapable de me dire que je pouvais le laisser partir.


« Mon canapé » Répondis-je sans plus d’explications en lui resservant du café alors qu’il n’avait même pas fini sa première tasse. Il était primordial que le café soit à une température adéquate pour qu’il reste délicieux et ça me laissait le temps de faire le point sur mes pensées. Je venais tout de même de lui offrir de dormir sur mon canapé, ce n’était pas rien. « Je te l’offre » Conclus-je lorsqu’il me demanda le prix de son repas. Je me rapproche de lui lentement. « Tu viens? » Demandais-je en lui pointant une porte qui conduisait aux escaliers qui eux, menaient à mon appartement, au second étage du perchoir.

Je reste un peu figé devant cette proposition. Venait-il réellement de m'inviter à passer la nuit sur son canapé ? On venait assurément de dépasser le stade d'un petit café vite fait avant de partir.

- Tu n'es pas obligé de faire tout ça pour moi tu sais...

Et en prime il m'annonce que je na payerai rien pour ce petit repas. C'est donc comme un robot, dut à ma grande surprise, que je le suis À son appartement. Honnêtement je ne savais pas trop comment réagir face à tout cela, même si les raisons étaient de plus en plus évidentes.

Cet homme solitaire qui ne consacre sa vie qu'à son travail me faisait une place dans son univers, m'ouvrant ses portes, me donnant des ce que j'avais besoin. Mais lui ? Avait-il besoin de quelque chose ?

J'aime bien son appartement. Il n'est pas immense, mais plus confortable qu'un banc de parc. Je le regarde en silence un instant, puis finit par rompre mon mutisme avec une grande douceur.

- Je sais que j'en demande beaucoup mais... pourrais-je me laver ?

Cela faisait aussi partie des premières choses auxquelles ont pensait lorsque nous étions sans abris. Être propre et manger, c'était la base en général.

Je ne comprends pas pourquoi il me fait remarquer que je n’ai pas besoin de l’inviter chez moi. Je le sais parfaitement bien, pourquoi me le spécifie-t-il? Je le fixe longuement en tentant de deviner ses pensées alors que je suis tout à fait incapable de faire ce genre de truc. Pourquoi il me fait cette remarque? « Je sais » Lui fis-je remarquer en haussant les épaules. Ça voulait tout dire, non? Je ne comprenais pas pourquoi les gens avaient cette tendance à toujours remettre en doute ce qu’on pouvait dire.


Je l’entraine vers mon appartement sans plus de cérémonie. Il est une réelle touche de couleur dans cet univers complètement blanc. Parce que oui, tout est blanc dans cet appartement; les murs, les sols, les meubles et même la décoration. « Voilà. Installe-toi » L’invitais-je doucement en refermant la porte derrière moi. Ça me faisait tout étrange d’avoir un invité chez moi. Jamais personne ne venait chez moi normalement. « Te laver? » Répétais-je lentement.


Il voulait se laver? « Oui. Vas-y » Lui dis-je en le conduisant vers la salle de bain. « Tout est là » Rajoutais-je lentement en lui pointant les produits nettoyants. Je m’empresse de sortir, le visage entièrement rouge, mais je me rends compte que j’ai oublié les serviettes alors j’entre à nouveau dans la salle de bain. « Cla…rence? » Dis-je en me figeant. Mes serviettes tombèrent au sol. Oups.

Ferguson me montra la salle de bain, et je m'empressa d'allumer l'eau chaude de la douche à peine rentré. Il y a bien une semaine que je n'avais pas été en contact avec de la bonne eau chaude, apaisante et douce. Je ne m''étais lavé qu'à l'eau froide, puisque c'est tout ce que j'avais à ma disposition.

Mon hôte venait à peine de quitter la salle de bain que mes vêtements volèrent dans la pièce et je me lança sous la douche. L'eau chaude détendit en un instant tous les muscles de mon corps. Une extase que trop prenaient pour acquise. Il faut en être privé sur de longues durées pour pleinement apprécier ce genre de moment. Je pousse un petit soupire, mais j'entends aussi mon nom dans mon dos.

Je souris, malgré un léger rougissement de mes joues. Je me retourne, et voit la statue que Ferguson est devenue. Bouche-bée, figé, le regard perdu dans ce qu'il voyait.

- Merci pour les serviettes...

Je vois qu'il est perturbé, donc le spectacle lui plait. Je dois avouer que je suis content.

- Tu sembles un peu sale toi aussi... alors, soit tu attends ton tour... soit... tu te joins à moi sous la douche... fait ton choix.

Je souris plus largement et me remet dos à lui, recommençant à profiter de l'eau et de la fraîche odeur de savon.

Je n’arrive plus à réfléchir de façon adéquate. J’étais rempli de bonnes intentions, mais le fait de tomber par accident sur Clarence qui était déjà complètement nu dans la douche me faisait sentir misérable. J’aurais aimé pouvoir tourner immédiatement les talons et m’enfuir pour me réfugier dans ma cuisine, mais j’étais comme paralyser. J’avais toujours trouvé le petit musicien terriblement beau, mais là…c’était au-delà de ça. Il était tout simplement sublime et sans que je ne comprenne vraiment pourquoi ou comment, j’ai sentit mon cœur commencer à battre un peu plus vite. « O…oui, l…les serviettes » Articulais-je difficilement sans bouger. Je sais que je devrais partir…je le sais! Mais j’en suis incapable. Serais-je un pervers?


Je sursaute légèrement lorsque Clarence recommence à parler. Il ne semble pas gêné le moins du monde par sa nudité et le fait que je le regardais avec des yeux de merlan frits. « Me doucher? » Répétais-je lentement, incertain d’avoir véritablement compris le sens de sa phrase. Venait-il vraiment de m’inviter à le rejoindre? Impossible. J’étais le mec terne et ennuyant de Storybrooke. Mon envie à sa vision sublime devait avoir embrouillé mon esprit. « Je suis sale? » Demandais-je en tirant sur ma chemise afin de voir si j’étais en effet aussi poussiéreux qu’il le supposait. Les boutons de ma chemise cédèrent à force que le textile soit tiré et mon torse fut à découvert.


« Merde » Murmurais-je en tentant de cacher ma peau sous le vêtement déchirer. À tous les coups, il allait penser que j’étais un pervers qui l’avait invité pour abuser de lui!

Je le sens derrière moi. Il n'a toujours pas quitté les lieux, et je dois avouer que ça me faisait un peu plaisir. Je n'étais pas du tout du genre à aimer me montrer nu à des inconnus, mais lui était bien différent de ceux que j'avais connu par le passé.

J'aimais voir son regard perdu incapable de se détacher de mon corps. Je n'aime pas être dévoré du regard, ça me mais mal à l'aise, mais être magnifique dans les yeux de Ferguson était l'exception. Son regard me rendait heureux.

Je me retourne à nouveau lorsque je l'entends jurer. Je souris en voyant qu'il avait ouvert sa chemise et tentait maintenant de se cacher. C'est un petit pervers coquin en plus...

- Ne te sens pas timide avec moi, beau barista.

Je lui fais un petit signe du doigt pour lui dire de me rejoindre.

- Si telles sont tes envies, alors rejoint moi... Moi j'ai bien envie que tu me rejoignes...

Je me recule au fond de la douche, contre le mur pour lui faire de la place. Cette fois-ci, je ne me retourne pas. Je reste face à lui et l'observe avec douceur, mais aussi un brin d'envie.

Je tenais ma chemise contre mon torse en tentant de reprendre mes esprits. Je n’étais pas un pervers…je n’étais pas un pervers…et pourtant, je ne pouvais quitter cette sublime silhouette des yeux. Il était mince, élancé, finement musclé et si beau. Depuis la première fois que mon regard l’avait croisé, je m’étais interdit de le désirer et pourtant…je savais que j’en était incapable. Clarence était une espèce de soleil qui réchauffait tout sur son passage et sa musique si belle et mélodieuse était le parfait reflet de son âme. Bien sûr que je le désirais, mais ça faisait longtemps que j’avais compris que ce que je ressentais pour cet inconnu si familier c’était beaucoup plus profond qu’un simple désir de passage.


Clarence a remarqué mon trouble puisqu’il me demande de ne pas être timide avec lui. « Beau? » Répétais-je sans vraiment comprendre ses paroles. Sans même m’en rendre compte, je me rapproche lentement de la cabine de douche. On m’avait souvent qualifié d’étrange, d’énergumène ou de bête de foire, mais beau? C’était bien la première fois qu’on me qualifiait ainsi directement. Il me fait signe d’approcher et me fait savoir son envie de me voir le rejoindre. Est-ce sérieux ou est-ce une blague cruelle parce qu’il a remarqué à quel point il me trouble?


Je sais que je devrais tourner des talons et le laisser finir seul, mais pourtant, mes mains s’empressent de retirer chaque vêtement de mon corps jusqu’à ce que je me retrouve complètement nu aussi. La morsure de l’eau chaude me fait frissonner légèrement, mais je suis maintenant sous la douche, près de lui. Si près que nos corps se frôle. « C’est petit ici » Fis-je maladroitement remarquer en posant ma main sur l’un de ses bras afin de ne pas glisser. Mon cœur commença à battre un peu plus fort à ce contact. « On est nus » Fis-je maladroitement remarquer à nouveau. Oui bon….Clarence me faisait perdre mon stoïcisme naturelle. Tant que je ne saurai pas ce qu’il désirait, je savais que j’aurais de la difficulté à faire les premiers pas vers lui. Le rejet me fait beaucoup trop peur.

Mon sourire ne pouvait être plus large, et mon bonheur plus grand. Il a accepté ma demande, il se déshabille devant moi et me rejoint. Quel homme. Il me satisfait un peu plus à chaque seconde. Il est si prêt de moi, c'est si agréable

- Oui, nous sommes nus... Il est donc temps de se laver non ? Je vais t'aider...

Je fais mousser le savon dans mes mains et commence à masser chacun de ses muscles, lentement, en les savonnant. Sa peau chaude me causait de petits frissons, surtout combinée à l'image délicieuse de l'eau qui ruisselle sur son corps. Commençant par savonner ses épaules, ses bras, son dos, puis voyageant sur son torse, je ne rate rien et profite au max de cette expérience sensuelle.

Bien sûr, je le pelote un peu au passage, pourquoi se priver.

- Moi aussi je dois me laver... aide-moi comme je l'ai fait...

Nous étions si proche l'un de l'autre. Une bulle très intime nous liais et cela n'étais pas pour me déplaire, ah ça non !

Je tremblais comme un fou sans pouvoir m’en empêcher, mon dos en sang et mon cœur battant à tout rompre. Enfermé dans ma chambre, je faisais encore et encore les cent pas, encore complètement nu et mon esprit enfermé dans une litanie d’insulte mental. Parce que oui, je m’insultais. Pourquoi? Parce que j’avais été crétin, un véritable gougea! Embrasser Clarence avait sans doute été la plus belle, douce et délicieuse expérience de toute mon existence -ses lèvres étaient encore meilleures que le café- mais j’avais tout gâché avec mon éjaculation précoce.


« Idiot » Gémis-je avec douleur en m’agrippant la tête avec mes mains, mes ongles s’enfonçant dans mon cuir chevelu. J’étais complètement paniqué. À tous les coups, Clarence allait croire que j’avais tenté d’abuser de sa gentillesse et son innocence pour assouvir mes bas instincts alors que ce rapprochement, je l’espérais depuis si longtemps que j’en désespérais. J’avais tout ruiné.


La nuit fut longue. Très longue. Je me suis endormi de désespoir, encore nu, dans mon dressing-room. Pourquoi? Aucune idée. La seule chose que je sais c’est que je n’avais dormi que quelques heures lorsque la sonnerie de mon téléphone me réveilla. Complètement hagard, les cheveux décoiffés, le teint blafard, je suis sortit de ma chambre lentement, sans me rendre compte que j’étais encore nu. « Clarence ? » Appelais-je doucement, d’une voix si rauque qu’elle ressemblait aux gargouillis d’un monstre.


Sauf que mon appartement était vide. Pour la première fois depuis terriblement longtemps, des larmes coulèrent sur mes joues. J’avais tout gâché, c’était évident.